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    La maltraitance des personnes âgées, à domicile ou en maisons de retraite, est un fléau qui touche 600 000 individus en France, soit 5 % des plus de 65 ans et 15 % des plus de 75 ans. Il est important d’en connaître les facteurs de risque et les signes sur la santé.

    Qu’est-ce que la maltraitance des personnes âgées ?

    Selon la définition proposée par le Conseil de l’Europe, la maltraitance des personnes âgées « se caractérise par tout acte de négligence ou omission commis par une personne, s’il porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique, à la liberté d’une autre personne ou compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à la sécurité financière.»

    Tant en famille qu’en institution (établissement de type EHPAD ou maison de retraite par exemple), la maltraitance des personnes âgées recouvre de multiples formes de souffrance et de mauvais traitements aux yeux de la loi. Elle s’étend à tous les types de violences et de négligences, associés ou non.

    Les différentes formes de maltraitance des personnes âgées peuvent être des violences :

    • physiques : coups, blessures, contraintes physiques…
    • morales et psychologiques : injures, violation de la vie privée, chantage, privation d’affection ou de visites…
    • médicamenteuses : excès de neuroleptiques, absence de traitement adapté,
    • financières : vol, extorsion, héritage forcé,
    • les négligences actives (enfermement…) ou passives (absence d’aide à l’alimentation…),
    • les violations des droits civiques : atteintes aux libertés et droits fondamentaux des personnes.

    Quels sont les facteurs de risque de la maltraitance des personnes âgées ?

    La maltraitance des personnes âgées est favorisée par leur vulnérabilité. Elles sont en effet souvent isolées, fragiles et souffrent de multiples handicaps. Les personnes qui les prennent en charge (aidants familiaux ou professionnels) ont parfois du mal à supporter ces faiblesses et cette situation.

    Les facteurs de risques peuvent être liés au profil de la victime potentielle et les cas diffèrent :

    • Elle est très dépendante ou souffre d’un handicap physique et ne peut accomplir seule les actes de la vie quotidienne : des troubles, tels que l’incontinence, créent une surcharge de travail et peuvent entraîner la maltraitance de la personne âgée : rejet, isolement, voire abandon.
    • Elle reçoit l’aide d’un même aidant depuis longtemps.
    • Elle n’a pas le contrôle de ses avoirs financiers ou de son argent au quotidien.
    • Elle présente des troubles du caractère. Les démences, comme la maladie d’Alzheimer, peuvent entraîner des réactions hostiles en retour et des actes de maltraitance envers la personne âgée.
    • Elle vit seule, est socialement isolée.

    Il existe des facteurs de risque liés au profil de l’aidant, susceptibles d’entraîner une maltraitance de la personne âgée :

    • L’aidant n’est pas bienpréparé à s’occuper d’une personne malade.
    • Il vit avec la personne âgée et s’occupe d’elle depuis longtemps.
    • Il accepte mal cette charge de soignant et ne reçoit en contrepartie aucune gratification.
    • La fragilité psychologique ou la surcharge morale et affective (le ‘burn-out’) sont des éléments favorisant la maltraitance des personnes âgées lorsque le seuil de tolérance de l’aidant est dépassé.
    • Les problèmes sociaux ou financiers chez l’aidant : ces problèmes renforcent le risque d’abus financier et de maltraitance des personnes âgées.
    • L’isolement : lorsque l’aidant est seul à assumer la prise en charge de la personne âgée, il peut ne pas avoir la capacité de faire face et se laisser aller plus facilement à des comportements abusifs, frôlant la maltraitance de la personne âgée.

    Dans les établissements d’hébergement aussi certains facteurs peuvent constituer un terrain pour la maltraitance des aînés :

    • Un personnel mal formé aux soins.
    • La surcharge de travail, l’épuisement ou le manque de motivation du personnel.
    • L’existence de dysfonctionnements au sein de l’équipe ou des services en charge de l’accompagnement quotidien (absence de dialogue, divergences, non-dits…)
    • Problèmes de gestion financière et de ressources humaines au sein de l’institution.
    Infographie sur la maltraitance des personnes âgées à domicile et en établissement

    Comment reconnaître les signes de maltraitance des aînés ?

    Il est difficile de déceler la maltraitance envers les personnes âgées. Elle est en effet multiforme et certains actes de maltraitance peuvent être très insidieux. La présence cumulée des facteurs de risque suivants doit éveiller l’attention des familles, même si elle n’est pas nécessairement synonyme de maltraitance des personnes âgées :

    Les signes suivants peuvent témoigner d’une maltraitance contre la personne âgée :

    • La personne âgée semble méfiante, apeurée.
    • Elle présente des signes de dépression : apparence négligée, manque d’appétit, d’intérêt, insomnie…
    • Elle l’air excessivement calme, apathique.
    • Elle chute de manière répétée.
    • Elle présente des traces de blessures, d’ecchymoses, qu’elle ne peut expliquer.

    Le comportement de l’aidant peut également indiquer une éventuelle maltraitance de la personne âgée :

    • L’aidant déprécie la personne âgée dont il a la charge.
    • Il se plaint de son comportement.
    • Il la réprimande ou l’isole.
    LIRE AUSSI:  Le concept de l’Humanitude

    Que faire en cas de maltraitance des personnes âgées ?

    Si vous savez ou soupçonnez qu’une personne âgée est victime de maltraitance, vous devez signaler les violences commises aux autorités. Aidez ensuite la personne à entrer en contact avec les différents acteurs qui lui assureront protection et soutien médical et psychologique.

    La maltraitance contre une personne âgée peut être signalée par la victime lui-même, un témoin ou un professionnel, même tenu au secret médical.

    Ne pas hésiter à en parler

    Les personnes âgées soumises à des actes de maltraitance n’osent pas toujours en parler. Pourtant, c’est généralement la première chose à faire pour recevoir du soutien et tenter de sortir d’une situation difficile.

    Il est important de se confier à une personne de confiance : un proche fiable, un professionnel (médecin traitant, assistante sociale, infirmière…) En maison de retraite, il est conseillé de s’adresser au directeur, au psychologue ou à un autre employé pour demander de l’aide.

    Il existe également un service dédié.

    La ligne nationale d’écoute et d’aide contre la maltraitance — 3977

    Si vous êtes victime ou témoin d’actes de violence ou de négligence, vous pouvez vous adresser au centre d’appel 3977 (ALMA). Ce service national est une plateforme d’écoute et de signalement des cas de maltraitance contre les personnes âgées ou handicapées.

    Il est disponible du lundi au vendredi de 9 h à 19 h, ainsi que le samedi et le dimanche de 9 h à 13 h et de 14 h à 19 h). Vous y recevrez gratuitement conseils et soutien.

    Un agent recueillera votre témoignage et vous renseignera sur la façon d’agir. Il transmettra également le signalement à la cellule responsable du traitement des affaires de maltraitance. Celle-ci se chargera de contacter les autorités compétentes (président du Conseil départemental, préfet ou directeur de l’ARS).  

    Le 3977 s’adresse aussi aux témoins de maltraitance. La victime ou le témoin peut garder l’anonymat en appelant ce numéro.

    Comment signaler et dénoncer une maltraitance sur personne âgée ?

    Outre l’appel au centre 3977, les témoins de maltraitances graves doivent aussi les signaler aux autorités administratives ou judiciaires.

    Les actes de maltraitances graves sont notamment :

    • les agressions sexuelles,
    • les privations de nourriture ou de soins,
    • les mauvais traitements.

    Le signalement d’un cas de maltraitance contre une personne âgée n’est pas seulement un droit, mais une obligation pour toute personne au courant d’une telle situation. L’absence de signalement peut être sévèrement sanctionnée : 3 ans de prison et 45 000 € d’amende (Code pénal, articles 434-1 à 7). En cas de violences physiques, on parle de non-assistance à personne en danger.

    Les autorités administratives à prévenir

    L’autorité à contacter diffère en fonction de l’auteur de la maltraitance ou du lieu où elle a été commise.

    • En cas de maltraitance en maison de retraite (Ehpad, résidence senior…) : il convient de prévenir le Conseil départemental ou l’Agence régionale de santé (ARS) du lieu où se trouve l’établissement. Vous pouvez les contacter au téléphone, par lettre ou par email. Si vous êtes un employé de l’établissement, la loi vous protège des répercussions d’un tel signalement sur votre travail.
    • Si la personne âgée est hospitalisée : le signalement doit être effectué auprès de l’agence régionale de santé (ARS).
    • Si la maltraitance a été commise par un médecin : il est recommandé d’alerter également le conseil de l’ordre des médecins.

    Une enquête est entreprise pour cesser les maltraitances et éventuellement fermer l’établissement.

    Les autorités judiciaires pour les urgences

    Si la situation présente un danger immédiat pour la personne âgée, le témoin doit alerter :

    • le procureur de la République du lieu où la maltraitance a été commise — par téléphone ou lettre recommandée avec accusé de réception ;
    • le commissariat de police — sur place, par téléphone ou par écrit ;
    • la brigade de gendarmerie — sur place, par téléphone ou par écrit.

    Cas particulier des témoins soumis au secret professionnel

    Les professionnels de santé sont tenus au secret professionnel, mais celui-ci peut être levé en cas de maltraitance (privations, sévices, agressions sexuelles, violences psychologiques).

    Ils peuvent signaler ces situations au 3977 et aux autorités compétentes, avec l’accord de la personne âgée. Si celle-ci ne peut pas se protéger, son accord n’est pas obligatoire.

    Comment aider une personne âgée maltraitée ?

    Lorsqu’une personne âgée a subi des formes de violences, physiques, sexuelles ou autres, elle n’est pas toujours prête à en parler immédiatement. Soyez attentionné, compatissant et sensible lorsque vous tentez de parler avec elle, pour la réconforter et l’aider à témoigner.

    Prenez le temps d’écouter 

    La victime de maltraitances psychologiques ou physiques peut prendre un certain temps avant de raconter son histoire. Il est important d’être patient et de l’écouter, sans juger. Assurez la personne de votre amour et de votre confiance. Si possible, entamez la conversation dans un endroit sûr et confortable où vous pourrez parler. Restez calme et prenez le temps d’écouter.

    LIRE AUSSI:  La bientraitance, qu’est ce que c’est ?

    Ne paniquez pas et ne réagissez pas de manière excessive à ce que la personne vous dit. Cela pourrait l’empêcher de partager son expérience.

    Prenez son témoignage au sérieux

    Les gens inventent rarement des histoires de maltraitance. Ne rejetez pas et n’essayez pas de minimiser ce que la personne âgée vous confie. Soyez compréhensif/ve et soutenez-la pendant qu’elle parle, car elle peut avoir peur de vous raconter ce qui s’est passé. Faites preuve d’empathie. Dites-lui qu’il a lui a fallu du courage pour vous parler de la maltraitance physique ou autre qu’elle a subie.

    Ne blâmez pas la victime

    En cas de maltraitance financière, la personne âgée peut aussi avoir honte de s’être « fait avoir », ne la blâmez pas et ne vous moquez pas. Elle peut se sentir coupable et responsable de ce qui lui arrive. Rassurez-la : aucune atteinte sexuelle, maltraitance physique ou autre n’est de sa faute. Elle n’a rien fait de mal.

    Si elle a fait l’objet de menaces en cas de divulgation, vous aurez besoin de la rassurer sur la protection qu’elle peut recevoir de votre part ou de celle des autorités.

    Demandez de l’aide

    Signalez dès que possible la maltraitance, comme indiqué plus haut. La personne âgée peut avoir besoin de l’aide de professionnels : psychologues, services médico-sociaux, conseiller juridique ou leader religieux pouvant lui apporter un soutien moral. Aidez-la à trouver les coordonnées des ressources adaptées à sa situation et à ses préférences.

    Comment améliorer la prévention et réduire les risques de maltraitance ?

    Certes, les victimes de maltraitance ne sont jamais responsables des abus qu’elles subissent ! Seul l’abuseur est coupable de ses actes.

    Toutefois, il existe plusieurs mesures et actions que vous pouvez entreprendre pour vous protéger et prévenir une bonne partie de ces situations :

    • Restez actif et engagé : évitez l’isolement et cultivez un réseau de soutien solide avec la famille et les amis ;
    • Prenez soin de votre santé : une bonne santé réduit la dépendance et la vulnérabilité ;
    • Soyez vigilant face aux problèmes de dépendance : l’alcool et les drogues augmentent les risques d’abus. Rejoignez des groupes de soutien si nécessaire. Si possible, encouragez le proche concerné à adhérer aux alcooliques anonymes et soutenez-le ;
    • Protégez vos finances : ne permettez à personne, pas même à un proche, d’ajouter son nom à votre compte bancaire sans votre consentement. Prenez des décisions financières avec prudence et demandez conseil juridique avant de transférer des fonds ou des biens ;
    • Affirmez vos droits : faites-vous respecter, définissez vos limites et revendiquez votre droit à prendre vos propres décisions ;
    • Faites confiance à vos instincts : écoutez la voix intérieure qui vous signale souvent que quelque chose n’est pas normal. Demandez de l’aide en cas de doute.

    En suivant ces conseils, vous pouvez réduire significativement les risques de maltraitance, et vivre avec plus de sérénité et de sécurité.

    Questions fréquentes

    Que se passe-t-il lorsque j’appelle pour signaler une maltraitance ?

    Lorsque vous appelez pour signaler une maltraitance, on vous demandera le nom, l’adresse, les coordonnées de la personne concernée et les raisons de votre inquiétude. Vous pourrez également fournir votre propre nom et numéro de téléphone pour des questions de suivi, mais ce n’est pas obligatoire. Vous pouvez appeler le 3977 anonymement.

    Même si vous êtes la victime, vous pouvez garder votre anonymat, surtout si cela n’empêche pas les autorités d’agir. Par exemple, si les maltraitances viennent d’un employé en établissement. Une enquête peut vous aider même si vous n’avez pas divulgué votre identité, car vous n’êtes probablement pas la seule victime.

    La négligence de soi est-elle une forme de maltraitance ?

    La négligence de soi chez la personne âgée se réfère à l’incapacité ou au refus de s’occuper adéquatement de ses propres besoins. Certes, l’auteur de la négligence étant la victime, il est plus difficile de parler de maltraitance.  

    Pourtant cette situation, met sa santé et sa sécurité en danger. Elle la rend aussi vulnérable aux abus par des tiers. Un témoin devrait donc la signaler pour que le senior reçoive une aide adaptée.

    L’auto-négligence peut se traduire comme suit :

    • manque de nourriture ou de services de base ;
    • refus de prendre des médicaments ;
    • accumulation excessive d’animaux ou de déchets (il peut s’agir du syndrome de Diogène) ;
    • conditions de vie dangereuses ;
    • mauvaise hygiène personnelle ;
    • gestion financière déficiente ;
    • isolement social ;
    • désorientation ou incohérence non prise en charge ;
    • dépendance à l’alcool ou aux drogues…

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    Avatar auteur, Judith Blanc
    Judith Blanc,Rédactrice chez Cap Retraite

    Commentaires (13)

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    1. Ginette CACIC

      Bonsoir En lisant les commentaires je ne suis pas maltraitée physiquement mais plutôt moralement Je suis âgée de 83 ans J’ai 2 enfants qui habitent près de chez moi âgée de 55 et 53 ans Ils habitent près de chez moi Après un différent avec mon fis il y a un an, je n’ai plus de ses nouvelles Quant à ma fille elle me téléphone en quittant son travail pendant 5 minutes et je ne la vois 1/4 d’heure par semaine Je suis seule et les journées me semblent longues Je fais des chutes de temps en temps et tout a l’heure je lui ai dit que j’avais beaucoup de mal à me relever Elle m’a répondu que j’aille en Ehpad , ce qui m’a bouleversé Croyez vous que j’en parle à mon médecin ou que j’aille voir un psychologue Merci pour votre réponse

      Répondre
      1. Amandine

        Bonjour

        Je vous remercie pour votre commentaire.
        En effet, ca serait bien d en parler à votre médecin pour évaluer votre situation globale et envisager un soutien psychologique.
        Bonne journée.
        Amandine

        Répondre
        1. anne cyre

          Bonjour Madame,
          Votre témoignage me bouleverse.
          Bien à vous

          Répondre
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