La cour d’assises du Val-de-Marne vient de condamner un octogénaire pour le meurtre de son épouse, atteinte de la maladie d’Alzheimer[1]. Ereinté, à bout de force, l’octogénaire n’avait pas supporté la prise en charge à domicile de son épouse gravement atteinte. Les jurés se sont prononcés en faveur de la peine symbolique d’un an avec sursis requise par le Procureur de la République. Récit de ce drame d’Alzheimer. « J’avais dit au médecin : la place de ma femme n’est pas à la maison » Charcutier à la retraite, Marcel L. s’occupait depuis plusieurs années de son épouse Renée, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Malgré l’aide fréquente de leur fils unique, Marcel devait prendre seul en charge l’essentiel des taches ménagères et, surtout, supporter le poids d’une épouse devenue agressive et parfois violente. En décembre 2002, Renée est hospitalisée à l’hôpital de Bry-sur-Marne. Epuisé, Marcel l’y rejoint peu après, hospitalisé en médecine générale, deux étages au-dessus de sa femme. Début janvier, le médecin leur annonce qu’ils doivent rentrer à la maison. « J’avais dit au médecin : la place de ma femme n’est pas à la maison », se rappelle Marcel au cours de l’audience. « Ce qu’il fallait pour ma femme, c’est une clinique spécialisée », mais aucune place ne se libère à temps, malgré les démarches entreprises par leur fils. Le retour au domicile est une épreuve que Marcel ne supporte pas. « Je devais faire sa toilette, changer ses draps. Elle oubliait des choses, ne savait plus la date, l’heure. Elle m’insultait », se rappelle Marcel en tentant de s’expliquer face aux jurés. « Je n’en pouvais plus », lâche-t-il en conclusion. Ironie du sort, au lendemain du meurtre, une place se libère dans un centre de soins spécialisés. Tragiquement trop tard… Plus de places en maisons de retraite spécialisées Alzheimer Incontestablement, le maintien à domicile[2] n’est envisageable que dans les premiers stades de la maladie d’Alzheimer. Au-delà, la solution consiste en l’augmentation du nombre de places disponibles en résidences spécialisées dans l’accueil des malades d’Alzheimer. Une politique de longue haleine, à en juger l’objectif de places supplémentaires en maison de retraite retenu par le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2008, limité à la création de 7 500 places seulement, tous types d’établissements confondus. Alléger le poids des aidants familiaux Dans l’attente du Plan Alzheimer actuellement en cours d’élaboration, les pouvoirs publics veulent favoriser le maintien à domicile avec l’aide aux soins infirmiers, ainsi que le développement des centres d’accueil de jour ou les solutions d’hébergement temporaire. De quoi alléger quelque peu le poids qui pèse sur les épaules des aidants familiaux en charge de leurs proches malades, mais ces mesures seront-elles suffisantes ?

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Judith Blanc,Rédactrice chez Cap Retraite

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