La Conférence internationale sur la maladie d'Alzheimer[1] qui s’est tenue du 14 au 19 juillet à Vancouver a permis d’ouvrir le débat sur le déroulement des essais cliniques de médicaments contre Alzheimer. Les participants, recrutés de manière aléatoire, sont soumis à des examens médicaux avant le début de l’essai.
- Ces tests montrent parfois des lésions cérébrales, des gènes suspects, ou des biomarqueurs, qui montrent un début de maladie ou une forte probabilité de la développer à l’avenir. Dès lors, quelle est la conduite à tenir? Faut-il à tout prix informer le participant des résultats de ces examens médicaux?
- Dévoiler le diagnostic malgré l’absence de traitement curatif
Le Pr Philippe Amouyel, du laboratoire d'excellence Distalz à Lille, et le Pr Bruno Dubois, directeur de l'Institut de la mémoire et de la maladie d'Alzheimer à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, présents à la conférence, apportent leur éclairage sur cette épineuse question.
Dévoiler le résultat positif des examens est générateur de stress pour le patient, d’autant plus qu’il n’existe pour l’heure aucun traitement réellement efficace contre le ‘’mal du siècle’’.
Par ailleurs, un résultat suspect n’est pas toujours synonyme de développement futur de la maladie. Tout dépend du type d’indices présents dans l’organisme.
«Dans le cas d'indices visibles par imagerie cérébrale, l'enjeu est de faire comprendre le résultat. La présence de zones grises témoigne d'une simple probabilité statistique de développer la maladie, pas une assurance à 100%.», affirme le Pr Amouyel.
Par contre, les rares mutations génétiques qui peuvent être détectées sont une preuve certaine de voir les symptômes de la maladie apparaître tôt ou tard.
Enfin, connaître le résultat donne également la possibilité au patient de prendre ses dispositions pour son avenir, comme acquérir une meilleure assurance médicale.
- Garder le secret ?
Afin de préserver le secret du diagnostic, il convient donc de faire participer toutes les personnes testées à l'essai. Etant donné qu’il ne serait pas éthique de traiter avec un vrai médicament des patients indemnes, on administrerait aux personnes saines un placebo et aux malades, la molécule active. «Mais si le patient présente un effet indésirable spécifique du traitement testé, il pourra en déduire qu'il a eu le médicament… et donc qu'il présente la maladie», remarque le Pr Amouyel. La conservation du secret relève donc plutôt de l’hypothèse.
Les premiers essais cliniques de biothérapie qui interviendront dans un avenir proche ne feront que renforcer ce débat éthique. Ainsi, pour montrer un maximum de leur efficacité, les traitements seront administrés à des patients à un stade présymptomatique. Cette condition risque de conduire à un dépistage précoce dans la population générale.
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[1] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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