La démence entraîne des troubles du comportement parfois difficiles à vivre. L’accueil en maison de retraite permet de soulager la famille qui ne peut pas toujours faire face à cette nouvelle situation. D’ailleurs, presque tous les établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad) disposent aujourd’hui d’une unité de vie[2] protégée. Le but : garantir une prise en charge centrée sur la personne et ses besoins.

Au fil du temps, les établissements et leur personnel ont développé des approches diverses pour offrir un soutien approprié à leurs résidents. Les équipes ont pleinement conscience que la qualité de vie de ces derniers dépend des relations qu’ils nouent.

Répondre aux besoins physiques : l’alimentation au cœur du soin

Veiller à ce que les résidents mangent et boivent correctement pour préserver leur santé fait partie des rôles clés des professionnels en Ehpad.

Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées s’alimentent et s’hydratent souvent moins bien. Ils s’exposent alors à un risque de malnutrition et de déshydratation, néfaste pour leur santé.

Les troubles cognitifs et autres symptômes d’Alzheimer[3] entraînent en effet toutes sortes de difficultés :

  • Le résident ne reconnaît pas les sensations de faim et de soif, 
  • Même quand il a faim, il ne sait pas communiquer son besoin à autrui,
  • Il est incapable d’identifier les ustensiles pour s’alimenter, 
  • Ses capacités physiques sont diminuées et il ne peut pas toujours se nourrir seul, 
  • Il rencontre des difficultés à avaler ou a perdu certains sens importants lors du repas, comme le goût et l’odorat,
  • Il souffre de dépression[4] et refuse de manger…

En savoir plus sur la dénutrition de la personne âgée

Auxiliaire de vie aidant une résidente âgée Alzheimer à manger en Ehpad

L’approche de l’équipe pour gérer les problèmes alimentaires

Face à ces difficultés, le personnel de la maison de retraite propose plusieurs activités stimulantes. Le but : faire participer les résidents, rendre le repas plus agréable et tout simplement ouvrir l’appétit. 

Exemples : 

  • Donner l’occasion aux résidents d’aider à planifier le menu et à mettre la table. 
  • Stimuler leur sens olfactif en faisant cuire du pain ou des gâteaux avant le repas. 
  • Lancer une sorte d’« happy hour » pour encourager les aînés à boire (de l’eau…)

Dans certaines unités protégées Alzheimer, les résidents peuvent même choisir le moment du repas. 

Ceux qui ont besoin d’aide pour manger sont encouragés à faire un maximum de choses eux-mêmes, pour préserver leur autonomie.

Exemples :

  • Si un résident peut manger seul, mais le fait lentement, le personnel s’abstient de l’aider inutilement, se contentant de rappels amicaux. 
  • Un seul plat à la fois est servi à ceux qui sont désorientés par des choix multiples. 
  • Quant aux personnes qui ont oublié comment utiliser des couverts, elles profitent d’une méthode appelée le manger-main. Ces aliments préparés sous une forme facile à prendre en main redonnent le plaisir de se nourrir soi-même.

L’environnement est également adapté pour rendre les repas plus agréables et conviviaux. Les repas sont souvent servis dans des salles à manger plus petites pour éviter les distractions. Ce sont également des moments clés pour la socialisation : autour d’une table, les résidents peuvent communiquer à leur manière.

Les idées pour aider les patients atteints de démence à bien s’alimenter sont nombreuses. Chaque Ehpad[1] adopte ses propres stratégies en fonction des besoins des résidents. 

Agente de l'Ehpad aidant un résident à faire un puzzle

Des activités significatives et des interactions sociales pour préserver l’estime de soi

Malgré le déclin cognitif, les résidents ont besoin de s’engager dans des interactions sociales significatives pour garder leur sentiment de dignité. Le projet de vie personnel de chacun définit les activités qui lui permettront de se sentir utile et membre d’une communauté.

Tout au long de la journée, le personnel multiplie les interactions avec les résidents. 

Exemple : 

  • L’aide-soignant partage quelque chose de personnel avec un résident, comme des photographies de famille. 
  • La directrice de l’Ehpad félicite une dame pour sa jolie robe…

L’absence de communication verbale n’empêche pas les personnes atteintes de démence de profiter de ces interactions sociales. 

Exemple : 

  • Lorsque l’histoire de vie d’un résident indique qu’il aime la musique ou jouait d’un instrument, il peut participer à des activités musicales. 

La musicothérapie est d’ailleurs souvent utilisée dans les Ehpad pour stimuler les sens des patients. Le simple fait d’écouter de la musique peut apaiser les résidents agités ou offrir de bons moments à ceux qui ne peuvent pas se déplacer.

Les résidents sont encouragés à utiliser leurs capacités restantes dans leurs activités quotidiennes. Ils sont invités à aider autant que possible l’équipe, par exemple à préparer des décorations pour la salle à manger ou pour une fête. 

De nombreuses maisons de retraite organisent régulièrement des spectacles auxquels sont invités les enfants d’écoles voisines. Le but : favoriser les relations intergénérationnelles et faire plaisir aux résidents, car le sourire d’un enfant éveille généralement des sentiments positifs.

Les ateliers jardinage et les jardins thérapeutiques sont aussi très fréquents. Cultiver un petit potager permet à la personne atteinte d’Alzheimer de participer à la préparation de ses propres repas. 

La gestion de « l’errance » 

À domicile, la crainte de voir un malade d’Alzheimer disparaître est toujours présente à partir d’un certain stade de la pathologie. En maison de retraite, l’environnement est conçu pour faire face au phénomène de « l’errance ».

Comme les autres symptômes de la démence, l’errance est un trouble du comportement qui survient pour diverses raisons. Il peut être l’expression :

  • d’un besoin humain (aller aux toilettes),
  • d’une réaction à un inconfort physique, une détresse psychologique ou quelque chose d’irritant dans l’environnement (trop de lumière ou de bruit). 

Au lieu de tenter de réprimer cette déambulation, les maisons de retraite l’utilisent parfois pour stimuler les interactions sociales des résidents. Les unités Alzheimer sont d’ailleurs conçues pour permettre aux personnes accueillies de déambuler en toute sécurité. Les portes sont placées de façon à ne pas trop attirer l’attention et les couloirs font des boucles facilitant les déplacements dans l’unité.

Pour répondre au besoin de mouvement des résidents, des activités physiques sont proposées régulièrement par des animateurs formés. Des sorties accompagnées dans le parc sont également organisées le plus souvent possible. 

De nombreuses stratégies existent pour accompagner les personnes âgées atteintes de démence en maison de retraite. Le personnel bénéficie d’une formation spécifique pour s’adapter aux besoins de ces résidents. Des approches bienveillantes comme l’Humanitude ou la méthode Montessori sont d’ailleurs mises en œuvre par de plus en plus de résidences. Le but : veiller au bien-être de nos aînés, quelles que soient leurs capacités mentales et physiques. 

Note de l’article (5 votes)

Cet article vous a-t-il été utile ?

Notez cet article afin de nous permettre d’améliorer nos contenus.

Avatar auteur, Yaël A.
Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

1 Commentaire

Réagissez, posez une question…

  1. Paul Choisnet

    Merci de votre article très intéressant et traitant vraiment du sujet. Parmi les méthodes d’approches bienveillantes, il y a également l’approche par la Validation affective selon Naomi Feil à laquelle des milliers de soignants et aussi de familles se sont formées en France et dans le monde.

    Répondre

Les derniers articles

Articles les plus recherchés

Nos dossiers sur ce thème

La santé du Grand-âge

L'accroissement de la longévité s'accompagne de la multiplication de pathologies propres aux personnes âgées. Nous abordons dans ce dossier intitulé "la santé au grand âge"…

En savoir plus

Face à la maladie d'Alzheimer

Nous avons consacré un dossier spécifique à la maladie d’Alzheimer, pour appréhender à sa mesure ce véritable fléau, qui touche en France 800 000 personnes,…

En savoir plus

Face à la maladie de Parkinson

Affection dégénérative du cerveau la plus courante après Alzheimer, la maladie de Parkinson touche plus de 2 % de la population française de plus de…

En savoir plus