Nous avons tous vécu ces moments où l’on oublie temporairement des choses comme l'emplacement des clés, le nom d'une personne ou le titre d'un livre. Pour autant, nous n'allons pas tous consulter pour un trouble de la mémoire. Si certaines amnésies peuvent être anodines, d'autres, plus complexes, méritent toute notre attention. Pour vous aider à les distinguer, voici 7 types de troubles de la mémoire, chacun ayant ses propres mécanismes sous-jacents. Cette exploration vise à améliorer la compréhension et la prise en charge pour traiter plus rapidement les personnes touchées par ces problèmes mnésiques.
L'amnésie rétrograde, trouble de la mémoire à long terme
L'amnésie rétrograde, également connue sous les termes d'amnésie dissociative ou psychogène, est un trouble de la mémoire fonctionnelle caractérisé par la perte de souvenirs enregistrés avant un événement particulier, tel qu'un traumatisme, une blessure, ou une maladie. Ces souvenirs peuvent inclure des moments significatifs de la vie de la personne, des relations, des expériences et d'autres événements passés. Cependant, les individus touchés continuent de stocker normalement de nouveaux souvenirs.
Les causes de l'amnésie rétrograde sont diverses ;
- les traumatismes crâniens,
- les accidents vasculaires cérébraux,
- les infections cérébrales,
- les chocs émotionnels intenses,
- les interventions médicales,
- les troubles neurologiques (comme les symptômes de la maladie d'Alzheimer).
Si la récupération des souvenirs rétrogrades est possible, elle demeure généralement partielle. Parmi les variations de ce type d'amnésie, on trouve l'amnésie infantile, caractérisée par l'absence de souvenirs avant l'âge de 3 ans et une rétention limitée jusqu'à l'âge de 6 ans.
L'amnésie antérograde : l'oubli des nouveaux souvenirs
L'amnésie antérograde est un trouble de la mémoire qui se manifeste par la difficulté à former de nouveaux souvenirs à la suite d'un événement traumatique :
- Traumatisme crânien : un choc à la tête, comme dans un accident de voiture, une chute ou une blessure sportive.
- Événements traumatiques stressants tels que des agressions physiques ou des catastrophes naturelles.
- L'utilisation abusive de substances telles que l'alcool ou les drogues.
Après l'événement déclencheur de l'amnésie, l’individu ne peut plus former de nouveaux souvenirs. Par contre, les souvenirs formés avant l'incident restent généralement intacts.
Au quotidien, les personnes atteintes d'amnésie antérograde peuvent éprouver des difficultés importantes dans leur travail, les relations sociales et la gestion des tâches quotidiennes. Selon les cas, une récupération partielle de la mémoire perdue est envisageable avec le temps, mais elle sera limitée.
Les pertes de mémoire neurologiques : les amnésies lésionnelles
L'amnésie lésionnelle se définit comme une perte de mémoire résultant d'une lésion neurologique, c'est-à-dire une détérioration anatomique du cerveau, principalement localisée dans la région de l'hippocampe. Ces lésions cérébrales sont responsables des troubles de la mémoire, parfois définitifs. Parmi les formes d'amnésies lésionnelles recensées :
- Les maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer[1], la démence fronto-temporale, la maladie de Parkinson, la démence à Corps de Lewy ou le syndrome de Wernicke-Korsakoff.
- Les traumatismes crâniens consécutifs à un accident ou une agression.
- Les accidents vasculaires cérébraux d'origine ischémique ou hémorragique.
- Les infections cérébrales, comme l'encéphalite herpétique.
- Les crises épileptiques.
- Les tumeurs cérébrales.
- Les lésions cérébrales secondaires à des prises de substances médicamenteuses.
Les troubles de mémoire lié à une amnésie fonctionnelle
Les amnésies fonctionnelles émergent d'une perturbation de l'activité cérébrale, altérant la manière dont le cerveau traite les informations. Ce type de troubles de la mémoire peut se déclencher par :
- Un psychotraumatisme : en tant que victime ou témoin d'une agression sexuelle, d'un accident ou de violence.
- Des causes psychologiques, parfois inconscientes.
- Un épisode de dissociation, souvent lié à des événements traumatiques, qui englobe un sentiment d'irréalité de l'environnement et une dépersonnalisation, allant jusqu'à une perte de la perception des contours du corps.
- Une prise de substances psychotropes, comme le gamma-hydroxybutyrate (GHB).
La psychothérapie, en particulier la thérapie comportementale et cognitive, se révèle essentielle pour traiter ces amnésies fonctionnelles. Notamment durant les périodes de détachement par rapport à soi-même ou son environnement.
L'amnésie lacunaire, ou les trous de mémoire épisodiques
L'amnésie lacunaire correspond à un trouble mnésique épisodique, causé lors d'une perte de conscience, une crise d'épilepsie, un épisode de confusion mentale[2], un état hystérique, ou encore un ictus amnésique. Très souvent, ces troubles de mémoire ne durent que quelques heures.
Pendant cette période, le patient peut répéter continuellement les mêmes questions, et subir des interruptions dans la narration des événements de sa vie. En cas de trouble de conscience partiel, le patient peut se remémorer quelques fragments de mémoire de manière désordonnée qui ressurgissent ultérieurement.
Les troubles de la mémoire partielle
Les troubles de la mémoire partielle se manifestent lorsque la perte de mémoire n'est pas exhaustive. Si certains souvenirs sont intacts, d'autres tombent dans l'oubli. Cette amnésie sélective, souvent limitée à des aspects spécifiques de la vie individuelle, cible des moments particuliers dans le temps, des événements précis, des personnes, des lieux, ou des informations spécifiques.
La durée de l'amnésie partielle varie d'un individu à l'autre, influencée par des traumatismes psychologiques ou médicaux, notamment des événements stressants ou traumatisants, ainsi que des lésions cérébrales spécifiques. Toutefois, les souvenirs liés aux compétences cognitives de base et aux connaissances générales ne sont pas affectés.
L'ictus amnésique : un black-out temporaire
L'ictus amnésique, souvent qualifié d' "accident de mémoire", assez rare touchant entre 5 et 11 personnes sur 100 000 chaque année. Ce trouble neuropsychologique se caractérise par une perte soudaine de la capacité de retenir de nouvelles informations à partir d'un moment précis.
Bien que cette amnésie de fixation soit un trouble neuropsychologique assez spectaculaire, voire inquiétant, elle est généralement sans gravité si elle ne s'accompagne d'aucun autre symptôme. Si le retour à la normale survient en moins de 24 heures, les scientifiques demeurent perplexes quant à l'explication de ce black-out.
Les personnes touchées sont généralement des adultes âgés de 50 à 60 ans, en bonne santé, sans antécédents psychiatriques ni traitements médicamenteux spécifiques. À ce jour, les seules hypothèses retenues comme facteurs déclencheurs pour cette amnésie sont l'anxiété ou le traumatisme.
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Souvent associés à des pathologies plus graves telles qu'un accident vasculaire cérébral (AVC), un des symptômes de la maladie d'Alzheimer, un syndrome métabolique, ou une dépression[4]… Les troubles de mémoire ne doivent susciter une réelle préoccupation que lorsqu'ils deviennent répétitifs. Dans une telle situation, il est impératif de consulter votre médecin traitant qui vous orientera vers un neuropsychologue pour une évaluation approfondie. Ce bilan exhaustif aux tests globaux et épreuves de mémoire certifie la présence d'un trouble de mémoire et évalue sa gravité. Cette démarche, professionnelle et spécialisée, constitue une étape cruciale pour diagnostiquer et traiter précocement tout dysfonctionnement mnésique.
Tableau récapitulatif des 7 types de trouble de la mémoire
Type de Trouble de Mémoire | Description | Causes | Remarques |
---|---|---|---|
Amnésie Rétrograde | Perte de souvenirs avant un événement spécifique (traumatisme, maladie, etc.). | Traumatismes crâniens, AVC[3], infections cérébrales, chocs émotionnels, interventions médicales, troubles neurologiques. | Récupération partielle possible; inclut l'amnésie infantile. |
Amnésie Antérograde | Difficulté à former de nouveaux souvenirs après un événement traumatique. | Traumatismes crâniens, événements stressants, abus de substances. | Souvenirs antérieurs à l'événement restent intacts; récupération partielle limitée. |
Amnésies Lésionnelles | Perte de mémoire due à des lésions neurologiques. | Maladies neurodégénératives, traumatismes crâniens, AVC, infections, épilepsie, tumeurs, médicaments. | Détérioration anatomique du cerveau, souvent irréversible. |
Amnésie Fonctionnelle | Perturbation de l'activité cérébrale affectant le traitement des informations. | Psychotraumatismes, causes psychologiques, dissociation, substances psychotropes. | Traitement par psychothérapie, souvent lié à des événements traumatiques. |
Amnésie Lacunaire | Troubles de mémoire épisodiques, souvent temporaires. | Perte de conscience, crises d'épilepsie, confusion mentale, états hystériques, ictus amnésique. | Durée limitée à quelques heures, répétition de questions, narration interrompue. |
Troubles de Mémoire Partielle | Perte sélective de certains souvenirs, d'autres restent intacts. | Traumatismes psychologiques/médicaux, lésions cérébrales spécifiques. | Durée variable; compétences cognitives de base généralement non affectées. |
Ictus Amnésique | Perte soudaine de la capacité de retenir de nouvelles informations. | Généralement inexpliqué; lié potentiellement à l'anxiété ou au traumatisme. | Black-out temporaire, souvent sans gravité, survient chez les 50-60 ans. |
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[1] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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La confusion mentale est un état où une personne a du mal à penser clairement, se concentrer, ou comprendre où elle est, ce qui peut la rendre désorientée et agitée.
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[3] AVC
Un AVC, ou accident vasculaire cérébral, se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du cerveau est bloqué, ce qui peut provoquer des problèmes de mouvement, de langage, ou…
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[4] Dépression
La dépression est un état de tristesse profonde et prolongée, où une personne perd l’intérêt pour les activités et se sent épuisée, qui est très fréquent chez les seniors.
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