Si vous ou l'un de vos proches avez reçu un diagnostic pour la maladie de Crohn, vous pourriez vous sentir dépassé et inquiet. En effet, la maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin qui peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche jusqu’à l’anus, en sections contiguës ou isolées. Entre successions de poussées plus ou moins intensives et difficultés au quotidien, l'évolution de cette maladie invisible et incurable, reste complexe et diffère d'un individu à l'autre. Pour mieux la comprendre et la traiter, sachez décrypter les 4 stades de poussées inflammatoires.
Comment diagnostiquer la maladie de Crohn ?
La maladie de Crohn affecte le tube digestif mais aussi des zones du corps dites extra-intestinales (hors du tube digestif). En réaction excessive face à la maladie, le système immunitaire cause des inflammations à divers endroits, comme les yeux, la peau et les articulations. Ces troubles du transit sont plus fréquents chez les personnes âgées.
Les symptômes de la maladie de Crohn
Contrairement à d'autres maladies évolutives, les symptômes de la maladie de Crohn diffèrent d'un patient à l'autre, indépendamment du stade de la maladie. Par exemple, les premiers signes de la maladie de Crohn ressemblent parfois aux symptômes d’une :
- irritation aiguë du cæcum,
- diarrhée du voyageur (tourista) parfois sanglante,
- douleur abdominale de type crampe,
- fièvre,
- perte d'appétit,
- perte de poids.
Alors que chez certains malades, la maladie de Crohn se manifeste d’abord uniquement sous forme d’abcès anaux ou de fistules.
L'intensité des poussées inflammatoires
Pour confirmer les symptômes de la maladie de Crohn aux autres maladies, les patients doivent subir une série d'examens :
- Une analyse sanguine pour détecter un syndrome inflammatoire.
- Une fibroscopie pour explorer le système digestif.
- L'index d'activité inflammatoire.
L’activité de la maladie de Crohn fluctue au cours des crises inflammatoires, dont l'intensité est mesurée par un indice, le CDAI (Crohn’s Disease Activity Index) ou BEST. Un questionnaire qui prend en compte divers critères sur une semaine de poussée, tels que :
- le nombre de selles liquides,
- les maux de ventre et d'intestin
- l’état général du patient,
- son poids,
- son taux d’hémoglobine,
- les symptômes non intestinaux.
En fonction des résultats (de 0 à 1100 points), ce test classe la maladie de Crohn en 4 stades d'inflammation et permet de prescrire le traitement adéquat.
Stade 1 : maladie de Crohn inactive ou phase de rémission
Lorsque le CDAI est inférieur à 150, la progression du processus auto inflammatoire est faible. On parle de rémission. Pendant cette phase, le patient ne ressent plus de gêne, d'inconfort ou de douleur à l'intestin. Il vit une vie quasi-normale.
Dès son diagnostic, le patient est tenu de suivre les recommandations suivantes :
- l'arrêt du tabac pour diminuer le risque de récidive,
- une alimentation anti-inflammatoire, sans fibre,
- l'exercice physique pour réduire les concentrations de RANTES (une cytokine inflammatoire) dans le sang.
Stade 2 : poussées minimes à modérées, inflammation infra clinique
Lorsque la CDAI se situe entre 150 et 220, l’activité de la maladie est dite légère, sans lésions tissulaires irréversibles et ne nécessite pas le recours à des traitements immunomodulateurs ou biologiques.
L'inflammation est légère et limitée, et les symptômes peuvent être intermittents, sans complications majeures.
Au fil du temps, l'inflammation dans le corps diminue. La persistance d'une maladie de Crohn légère à modérée est généralement associée à :
- un diagnostic à un âge avancé,
- une longue durée de la maladie,
- l'absence de tabagisme.
80 % des patients atteints de MC ont une forme légère, non compliquée au diagnostic. Toutefois, plus de 50 % développeront des lésions tissulaires irréversibles au long cours et nécessiteront des immunomodulateurs ou des biologiques.
Dans le cas où les lésions seraient limitées à l’iléon ou au côlon, les poussées légères peuvent se traiter par les aminosalicylés, tels que le 5-ASA. Ces derniers exercent une action anti-inflammatoire sur la muqueuse intestinale.
Stade 3 : poussées plus sévères ou phase précoce
La maladie de Crohn est modérée entre 220 et 450 de CDAI. À ce stade, les crises inflammatoires sont plus importantes et les symptômes plus prononcés. Il risque d'y avoir des ulcérations plus profondes et une implication plus importante de la paroi intestinale, entraînant des douleurs intenses, constantes, de la fièvre et une déshydratation.
Les MC sévères et à haut potentiel évolutif imposent d'introduire rapidement un traitement immunomodulateur et/ou un biologique.
Pour ce degré de crise, les corticoïdes agissent rapidement sur les symptômes. En France, la posologie administrée est de 1 mg/kg/j par voie orale pendant 3 à 7 semaines. Cette dose est ensuite diminuée par paliers jusqu’à un arrêt total.
Stade 4 : poussées très sévères dit phase tardive
Au-dessus d'un indice de 450, la poussée inflammatoire est dite sévère, avec des complications telles que :
- des fistules (connexions anormales entre les organes),
- des abcès (accumulation de pus),
- des occlusions intestinales (pour les rares cas compliqués),
- des sténoses (rétrécissements inflammatoires ou couturés).
Ce type de poussées impose l'hospitalisation, l'arrêt de l'alimentation et un traitement par perfusions pendant quelques jours.
Dans les cas où les symptômes s'aggravent, jusqu'à entraîner des problèmes de santé plus importants telles que la fibrose (le durcissement et l'épaississement des parois intestinales), le recours aux interventions chirurgicales est vital :
- pour enlever la partie du système digestif trop altéré,
- en cas d’occlusion intestinale,
- d’abcès,
- de fistules persistantes.
Dans certains cas, un immunosuppresseur d’action rapide peut également être utilisé pour traiter les poussées sévères à l’hôpital et éviter la chirurgie.
En cas d’échec ou de contre-indication au traitement habituel des poussées modérées à sévères ou du traitement des fistules, il existe l’option du traitement par anti-TNFα.
Touchant 1 personne sur 1000, la maladie de Crohn oscille entre des périodes de poussées et de rémissions, évoluant du stade 1 au stade 4, sans qu'il ne soit possible de prédire la quantité, le stade, ni la durée de ces phases. Tous les patients ne passeront pas nécessairement par tous les stades. Certains peuvent rester à un stade plus léger, tandis que d'autres peuvent développer des complications plus graves.
Bien que la guérison complète de la maladie de Crohn ne soit pas possible, une compréhension approfondie de la sévérité des poussées et l'application de traitements adaptés visent à maximiser la durée des périodes de rémission au détriment des crises.
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Bonsoir à tous, l’analyse de la maladie est correct, j’ai été diagnostiqué directement en phase 4 ++, opération en urgence, immunosuppresseurs lourds, stomie provisoire… Vraiment pas une partie de plaisir… Je suis maintenant en rémission grâce aux spécialistes de Marseille… Courage à tout ceux qui vivent cette galère