À la question, vieillir chez soi ou à l'Ehpad[1] ? 85% des français répondent vouloir rester chez eux, entourés de leurs proches. Bien qu'en théorie réalisable, le maintien à domicile demande au senior de garder son autonomie. Malheureusement, 1 personne âgée sur 5 n'est plus capable de demeurer seule en sécurité. Nombre d'entre elles dépendent de services d'aide personnalisée pour vivre leurs vieux jours à la maison.
Sauf qu'entre les dépenses liées à l'adaptation du logement et les services d'aide à domicile[3], choisir de vieillir chez soi peut coûter plus cher qu'un hébergement en Ehpad, selon le récent documentaire Enquête de santé sur France 5. Explications.
Les réalités et limites du maintien à domicile
En France, l'idéal de vieillir en bonne santé et en totale autonomie chez soi demeure vivace. Cependant, l'arrivée de la dépendance[4] et son impact sur la qualité de vie compliquent cette aspiration. Dans ces situations, le vieillissement à domicile devient plus difficile à réaliser.
Les conditions idéales du maintien à domicile
Rares sont les personnes âgées de plus de 80 ans à pouvoir encore se lever, se laver, s'habiller et cuisiner seules. Pour rester chez soi, ces dernières ont tout intérêt à :
- Investir dans quelques travaux d'aménagement visant à sécuriser et à simplifier les activités quotidiennes.
- Bénéficier de la présence assidue et du soutien quotidien de leurs proches pour pallier aux soucis de santé et la perte d'autonomie.
- Constituer une équipe de professionnels de la santé, comprenant des infirmières, un médecin, un ergothérapeute et une aide à domicile pour offrir un encadrement médical et une assistance sociale adaptée à leurs besoins spécifiques.
Des financements difficiles à trouver
D'après le reportage, un individu seul confronté à une perte d'autonomie maximale, peut débourser jusqu'à 4000 euros par mois pour l'acquisition de matériel technique, la réalisation de travaux d'aménagement et la rémunération des aides à domicile.
Ces frais représentent un obstacle infranchissable pour la majorité des personnes âgées qui aspirent à demeurer chez elles, particulièrement en l'absence d'une assistance financière.
Bien que des aides départementales, municipales, ou émanant de divers organismes, existent pour couvrir tout ou partie de ces dépenses, leur accessibilité reste conditionnée par des critères tels que les revenus, l'âge de l'individu et le cumul éventuel avec d'autres aides. Par ailleurs, les démarches, souvent longues et fastidieuses, découragent la plupart des seniors.
En savoir plus sur les aides financières disponibles
Des professionnels en pénurie
Le maintien à domicile[2] requiert la mobilisation de divers intervenants dédiés au bien-être des personnes âgées. Cependant, trouver chacun des professionnels nécessaires à l'accompagnement à domicile représente un véritable défi, similaire à la quête d'une place en Ehpad.
- Réserver une place au sein des Services de Soins Infirmiers À Domicile (SSIAD) est difficile malgré la multiplicité des structures existantes.
- Dans certaines régions, la pénurie chronique de généralistes réduit leur disponibilité pour effectuer des visites à domicile, identifier les fragilités des patients en perte d'autonomie et répondre adéquatement aux besoins des personnes âgées par la coordination des différentes équipes soignantes.
- Alors que la France attend la création de 100 000 postes d'aides à domicile supplémentaires, ces professionnels se font également rares, soumis à une demande croissante qui complique leur recrutement.
La solution des aidants familiaux
Les aidants familiaux assurent aussi le maintien à domicile de leurs parents âgés. Cependant, cette forme de prise en charge économique s'accompagne d'une charge mentale et physique considérable, entraînant des conséquences lourdes pour le proche aidant. Dans ce rôle crucial souvent improvisé, de nombreux aidants s'épuisent et se privent personnellement pour assister leur proche.
Pour le docteur Rossion, médecin généraliste de 71 ans et intervenant en Ehpad, cette alternative n'est pas envisageable : "Lorsque je ne serais plus autonome, je ne souhaite pas ennuyer mon entourage. Ce ne sont pas des soignants. Ils ne sont pas habilités à s'occuper de moi. C'est pourquoi j'irai en Ehpad." confie-t-il au micro de France 5.
En savoir plus sur l'épuisement des aidants.
Le maintien à domicile, plus cher qu'un hébergement en Ehpad ?
Si l'Ehpad a un coût, demeurer à domicile lorsqu'on est fortement dépendant représente également un luxe, accessible à peu de Français sans le soutien financier de l'État et de leur entourage. Entre les investissements conséquents dans l'aménagement du logement, ainsi que la rémunération du personnel d'assistance, combien coûte réellement la dépendance d'un parent âgé ?
Le coût du maintien à domicile
En France, le budget des soins est, comme à l'EHPAD, réglé par la sécurité sociale. Mais le maintien à domicile engendre des frais supplémentaires en aides à domicile et en équipement qui s'élève en moyenne à 1 200 €/ mois si le senior n'est pas propriétaire de son logement !
Un coût qui varie selon la tranche d'âge :
- Entre 65 à 75 ans, l'investissement s’élève à 695 €.
- Pour les 75 à 85 ans, l'investissement monte à 885 €.
- À partir de 85 ans, le coût passe à 2 070 €. Les premiers postes de dépenses touchent principalement la dépendance et l’accès à des soins d’accompagnement.
Une somme qui a augmenté de 16,6% entre 2020 et 2023.
Le cas des personnes totalement dépendantes
Pour cette dernière tranche d'âge, les économistes du documentaire ont évalué les besoins et les coûts des aides à domicile nécessaires pour bien vieillir chez soi. Ces dernières sont le rouage principal du maintien à domicile et de l'autonomie.
Le calcul est effectué pour une personne dépendante avec un besoin de 5h d'aide à domicile par jour.
Sachant qu'un service d'aide à domicile est facturé 22€/ h , le coût de leur intervention s'élève à : 1 825 h/ an x 22€ = 40 150 €/ an soit 3 345 €/ mois.
Revenu du senior | Reste à charge après déduction des aides |
Minimum vieillesse[5] (916 €) | 1 067 € |
SMIC (1 302 €) | 1 399 € |
Retraite confortable (3 000 €) | 2 264 € |
Devant ce calcul, la majorité des seniors n'auront clairement pas les moyens de financer ce niveau de maintien à domicile jusqu'à la fin de leur vie.
L'EHPAD constitue parfois la seule alternative pour les personnes isolées ou touchées par des maladies neurodégénératives. Cependant, ces structures offrent également la possibilité de retarder l'admission en maison médicalisée tout en permettant aux seniors de quitter temporairement leur domicile. En effet, de nombreux établissements proposent des formules d'accueil de jour et d'hébergement temporaire, pour soulager le maintien à domicile, offrant ainsi aux seniors l'opportunité de bénéficier d'activités stimulantes et d'interactions sociales avec le personnel et les résidents.
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Source :
https://www.france.tv/france-5/enquete-de-sante/4034332-vieillir-chez-soi-le-meilleur-choix.html
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[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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Le maintien à domicile permet aux personnes âgées ou dépendantes de vivre chez elles en recevant l’aide nécessaire pour rester autonomes et en sécurité.
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[3] Aide à domicile
L’aide à domicile est un service qui accompagne les personnes chez elles en leur apportant une assistance pour les tâches de la vie courante, comme le ménage, les courses, ou…
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[4] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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Le minimum vieillesse est une aide financière pour les personnes âgées ayant peu d’argent, pour s’assurer qu’elles ont un revenu suffisant pour vivre décemment.
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