L’hypertension artérielle (HTA) est l’un des principaux facteurs de risque cardiovasculaire. Silencieuse, cette pathologie chronique touche un tiers de la population française adulte. L’adoption d’une bonne hygiène de vie est importante pour prévenir la maladie et réduire ses complications. Le traitement médicamenteux vise à garantir un contrôle de la pression artérielle pour protéger le cœur et les vaisseaux sanguins.
Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?
L’hypertension artérielle (HTA) est une maladie chronique se caractérisant par une pression artérielle élevée, c’est-à-dire une hausse de la force exercée par le sang sur les parois des artères.
Si elle n’est pas contrôlée, elle peut endommager les artères et entraîner de graves complications. L’HTA fait partie des principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires.
Hypertension artérielle (HTA) – Définition de l’Organisation mondiale de la santé
La pression artérielle (ou tension artérielle) est exprimée par deux valeurs :
- la pression artérielle systolique (PAS), mesurant la force exercée par le sang sur les parois des artères lorsque le cœur se contracte (systole). C’est le moment où le cœur se vide et propulse le sang dans le réseau artériel. La PAS correspond à la valeur haute (maxima) de la tension artérielle ;
- la pression artérielle diastolique (PAD), mesurant la pression dans les artères entre deux battements, lorsque le cœur se relâche (diastole) pour se remplir. C’est la valeur basse (minima) de la tension.
L’hypertension artérielle (HTA) est définie par une PAS ≥ 140 mmHg ou une PAD ≥ 90 mmHg, en consultation médicale et confirmée sur la durée.
La tension peut aussi être exprimée en centimètres de mercure, soit un maximum de 14/9 cmHg.
Catégorie | Systolique (mmHg) | Diastolique (mmHg) | |
---|---|---|---|
Optimale** | < 120 | et | < 80 |
Normale | 120-129 | ou | 80-84 |
Normale élevée | 130-139 | ou | 85-89 |
HTA grade 1 | 140-159 | ou | 90-99 |
HTA grade 2 | 160-179 | ou | 100-109 |
HTA grade 3 | ≥ 180 | ou | ≥ 110 |
HTA systolique isolée | ≥ 140 | et | < 90 |
L’hypertension en chiffres
L’hypertension artérielle est la pathologie chronique la plus fréquente, à la fois dans le monde et en France.
Elle touche plus de 1,5 milliard de personnes.
Quelque 17 millions de Français de 18 ans ou plus sont atteints d’hypertension (Olié et coll., 2023).
Un million de nouveaux patients commencent un traitement pour une HTA, chaque année en France.
L’hypertension est souvent silencieuse et n’est pas toujours diagnostiquée immédiatement (étude ESTEBAN, 2014-2016) :
- 30 % de la population adulte française de 18 à 74 est concernée,
- la moitié des hypertendus ignorent qu’ils le sont,
- seulement un patient traité sur quatre a une tension artérielle contrôlée. Autrement dit, pour 3 malades soignés sur 4, le traitement n’est pas assez efficace.
Quelles sont les causes de l’hypertension artérielle ?
L’hypertension peut être :
- essentielle – sans cause connue – dans 90 % des HTA,
- secondaire – résultant d’une cause identifiable – 10 % cas.
Les facteurs de risque de l’hypertension essentielle
L’hypertension essentielle n’a pas de cause identifiable. Son apparition est favorisée par des facteurs génétiques et environnementaux :
- Vieillissement : l’hypertension est assez rare chez les enfants et les jeunes adultes (moins de 5 % avant 35 ans). En revanche, elle touche plus de 60 % des personnes de 60 ans et plus. Avec l’âge, les artères élastiques (situées près des voies de sortie du cœur) perdent leur souplesse. Cette rigidité entraîne une augmentation de la pression artérielle systolique. C’est pourquoi l’hypertension systolique isolée (sans HTA diastolique) est fréquente chez les personnes âgées ;
- Sexe : les hommes sont plus affectés que les femmes (35 % contre 21 %) ;
- Ethnie : les personnes d’origine ethnique noire ou asiatique sont davantage touchées ;
- Prédisposition génétique : dans un tiers des cas. L’hypertension essentielle est considérée comme une maladie familiale chez 15 % des patients français ;
- Surpoids (indice de masse corporel, IMC ≥ 25 kg/m2) et obésité (IMC ≥ 30 kg/m2) ;
- Sédentarité ;
- Forte consommation de sel : 40 % des patients hypertendus présentent un trouble d’élimination du sodium (on parle de « sensibilité au sel ») ;
- Consommation d’alcool ;
- Alimentation déséquilibrée : consommation de fruits et légumes insuffisante ;
- Catégorie socio-économique défavorisée ;
- Exposition répétée au stress ;
- Grossesse : elle peut entraîner une hypertension (HTA gravidique). Chez les femmes hypertendues, l’HTA s’aggrave pendant la grossesse.
Pour prévenir l’hypertension artérielle, il est donc important d’agir sur les facteurs modifiables, en adoptant un meilleur mode de vie.
Les causes de l’hypertension artérielle secondaire
Les causes de l’hypertension artérielle secondaire peuvent être les suivantes :
- maladies des reins ou des glandes surrénales,
- maladies endocriniennes (hypothyroïdie…),
- maladie vasculaire (rétrécissement de l’aorte),
- syndrome d’apnée du sommeil, surtout chez le patient obèse,
- médicaments (contraceptifs oraux, corticoïdes…),
- substances toxiques (cocaïne, amphétamines…),
- certaines plantes (réglisse, ephedra…).
Quels sont les symptômes de l’hypertension ?
En général, l’hypertension artérielle n’entraîne pas de symptômes spécifiques. Maladie silencieuse, elle est souvent détectée lors d’un bilan de santé général ou d’une consultation pour un autre symptôme.
Elle est parfois découverte lorsqu’une personne consulte son médecin pour l’un des problèmes suivants :
- maux de tête à l’arrière de la tête, apparaissant le matin et ne répondant pas aux anti-douleurs, mais disparaissant spontanément au bout d’un certains temps,
- saignements de nez,
- trouble visuel appelé phosphènes, se traduisant par une sensation de lumière ou la vue de taches,
- fatigue inhabituelle, insomnie ou nervosité.
Les scientifiques ignorent toutefois si c’est l’hypertension qui cause ces signes.
Quelles sont les complications de l’hypertension ?
L’hypertension peut entraîner de nombreuses complications. En effet, la pression exercée sur les artères les endommage ; elles s’épaississent et deviennent rigides. L’hypertension favorise la formation de plaques d’athérome (résidus) dans les artères principales. Or l’athérosclérose est la principale cause des maladies cardiovasculaires.
Le risque de décès par l’une de ces maladies est beaucoup plus élevé chez les patients hypertendus que chez les personnes ayant une tension normale.
Plus l’HTA est élevée, plus les complications cardiovasculaires sont fréquentes.
Hypertension et complications
Les complications de l’hypertension artérielle non contrôlée sont les suivantes :
- accidents vasculaires cérébraux (AVC) : 80 % sont dus à un accident ischémique et 20 % à une hémorragie cérébrale ;
- rétinopathie hypertensive : lésions sur la rétine ;
- encéphalopathie hypertensive : atteinte du cerveau entraînant des maux de tête, vomissements, troubles de la conscience et convulsions, susceptible d’évoluer vers un coma ou la mort ;
- démence vasculaire ;
- insuffisance cardiaque ;
- cardiopathie ischémique (angine de poitrine, infarctus du myocarde) ;
- troubles du rythme cardiaque ;
- artériopathie des membres inférieurs ;
- insuffisance rénale.
Hypertension artérielle – signes de gravité
Certaines de ces complications peuvent survenir subitement. On parle d’urgence hypertensive. Elle est rare, mais nécessite une intervention immédiate. Elle se traduit par une HTA très élevée ou apparaissant subitement chez une personne saine, accompagnée d’une lésion grave d’un organe.
Les signes de gravité peuvent être les suivants :
- difficulté à respirer (œdème aigu du poumon),
- douleurs thoraciques (infarctus, dissection aortique),
- maux de têtes intenses (encéphalopathie hypertensive, avec hypertension intracrânienne),
- nausée et vomissement…
Comment est diagnostiquée l’hypertension artérielle ?
L’hypertension fait l’objet d’un dépistage systématique, chez le médecin traitant ou en médecine du travail, par exemple.
Une mesure isolée supérieure à 14/9 cmHg (140/90 mmHg) ne signifie pas nécessairement que la personne est atteinte d’hypertension artérielle.
La tension varie en effet beaucoup au fil du temps et des circonstances.
- Elle est parfois élevée en présence d’un professionnel médical, un phénomène appelé l’effet « blouse blanche ». Chez près de 1 patient sur 5, la pression artérielle augmente temporairement en raison de l’anxiété ressentie face au médecin ou à l’infirmier.
- À l’inverse, chez plus de 1 patient sur 10, la tension est normale au cabinet, mais élevée à domicile. On parle de « HTA masquée ».
Le diagnostic de l’hypertension doit donc être confirmé par une mesure au domicile du patient.
La mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA)
La mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) est un examen effectué sur une période de 24 heures, à l’aide d’un appareil porté par le patient.
Ce dernier maintient ses activités habituelles et consigne plusieurs informations utiles dans un journal d’activité :
- horaires de coucher et lever,
- heures de prise des médicaments,
- heures d’apparition des symptômes.
La MAPA est considérée comme la plus efficace pour prédire le risque cardiovasculaire.
Le diagnostic de l’hypertension artérielle est confirmé à l’aide de la MAPA, lorsqu’elle enregistre les valeurs suivantes :
- pression artérielle ≥ 130/80 mmHg sur 24 heures ;
- PA ≥ 135/85 mmHg, le jour ;
- PA ≥ 120/70 mmHg, la nuit.
L’automesure tensionnelle à domicile
L’automesure tensionnelle à domicile est une mesure de la pression artérielle par le patient lui-même. Cet examen est plus souvent utilisé que la MAPA pour confirmer le diagnostic de l’hypertension artérielle.
Elle est effectuée selon la « règle des 3 » :
- 3 mesures à 2 minutes d’intervalle,
- le matin, avant le petit-déjeuner et les médicaments,
- le soir, avant le coucher,
- 3 jours de suite.
Le patient doit être au repos depuis au moins 5 minutes, assis et tenir son avant-bras posé sur la table.
Il relèvera les deux valeurs de la tension (systolique et diastolique). Le médecin effectuera ensuite une moyenne des mesures.
Le diagnostic de l’HTA par automesure est confirmé dans l’un des deux cas suivants :
- moyenne de la pression artérielle systolique – PAS ≥ 135 mmHg,
- moyenne de la pression artérielle diastolique – PAD ≥ 85 mmHg.
Le bilan HTA complet : causes et gravité
Outre les mesures de la pression artérielle, le bilan HTA cherche à déterminer les causes et la gravité de l’hypertension.
Pendant la consultation, le médecin traitant ou le néphrologue (si une atteinte des reins est suspectée) procède à un interrogatoire et à un examen clinique du patient.
Il se renseigne notamment sur les antécédents médicaux familiaux et personnels du patient (HTA familial, régime alimentaire, etc.)
Il recherche les autres facteurs de risque cardiovasculaires :
- tabagisme,
- hypercholestérolémie,
- diabète,
- obésité abdominale,
- facteurs psycho-sociaux (stress).
Le médecin cherche des signes d’atteinte des principaux organes menacés par l’hypertension (cœur, cerveau, yeux, reins et artères périphériques) : maux de tête, palpitations, soif anormale, troubles cognitifs…
Les causes possibles d’une HTA secondaire sont également recherchées (maladies rénales, médicaments et substances…)
Plusieurs examens complémentaires sont prescrits, notamment :
- prise de sang – glycémie à jeun, niveaux de cholestérol, taux de créatinine, etc.
- échantillon d’urine (à la recherche de protéine ou de sang dans l’urine),
- ECG de repos,
- fond d’œil (pour les HTA sévères et les patients diabétiques), etc.
En fonction des résultats, le médecin peut orienter le patient vers un spécialiste pour des investigations supplémentaires.
Quel est le traitement de l’hypertension artérielle (HTA) ?
Le traitement de l’hypertension artérielle (HTA) vise à contrôler la pression artérielle pour atteindre une tension cible < 140/80 mmHg. Cet objectif peut changer en fonction de l’âge.
La prise en charge commence toujours par des modifications du mode de vie :
- arrêt du tabac,
- perte de poids pour les personnes en ayant trop,
- limitation de l’alcool,
- réduction de la consommation de sel,
- pratique régulière d’une activité physique (au moins 30 min/jour, 5 fois par semaine),
- alimentation saine et équilibrée (augmentation des fruits et légumes, consommation de poisson, réduction des graisses saturées et des aliments riches en cholestérol).
Le traitement médicamenteux de l’hypertension
Des médicaments sont prescrits lorsque :
- l’adoption d’une bonne hygiène de vie n’a pas suffi,
- le patient est à risque et souffre déjà d’une maladie cardiovasculaire,
- son hypertension est élevée (HTA de grades 2 et 3).
Il existe cinq classes de médicaments antihypertenseurs :
- inhibiteurs calciques (IC) : ils empêchent le calcium de pénétrer dans les cellules musculaires du cœur et des vaisseaux sanguins, améliorant ainsi la circulation sanguine ;
- inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) : ils bloquent la production de l’angiotensine 2, une hormone rétrécissant les vaisseaux sanguins . Ils favorisent ainsi leur dilatation, réduisant la pression exercée par le sang ;
- antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 : ils empêche cette même hormone de se fixer aux récepteurs des vaisseaux sanguins. Ils contribuent ainsi à maintenir les vaisseaux dilatés et à contrôler la pression artérielle ;
- diurétiques thiazidiques : ils aident à éliminer l’excès de sodium de l’organisme, réduisant ainsi le volume de liquide dans le sang (rétention d’eau) ;
- bêtabloquants : ils sont utilisés en cas de pathologie cardiaque.
En général, le traitement commence par l’association d’un diurétique et d’un médicament de l’une des trois premières classes, combinés dans un seul comprimé.
Le suivi médical permet d’évaluer l’efficacité du traitement.
Si l’hypertension demeure malgré les mesures hygiéno-diététiques et les tentatives d’adaptation du traitement médicamenteux, on parle d’HTA persistante.
Le traitement de l’HTA chez les personnes âgées de 80 ans et plus
Chez les personnes âgées de 80 ans et plus, la pression systolique cible est de 150 mmHg.
Le médecin traitant s’abstiendra de prescrire plus de trois molécules pour traiter l’HTA. Il veillera également à ne pas entraîner d’hypotension orthostatique (tension qui chute lorsque le senior passe en position débout).
Par ailleurs, le régime sans sel n’est pas recommandé pour les personnes âgées hypertendues.
Sources :
Olié, V., Grave, C., Gabet, A., Chatignoux, E., Gautier, A., & Bonaldi, C. (2023). Épidémiologie de l’hypertension artérielle en France : prévalence élevée et manque de sensibilisation de la population. Bull Épidémiol Hebd, 8, 130-8.
Société française de cardiologie. 2022. Médecine cardiovasculaire – Réussir son DFASM. Elsevier. Chapitre 2, item 222 et chapitre 4, item 224.
Williams, B., Mancia, G., Spiering, W., Agabiti Rosei, E., Azizi, M., Burnier, M., … & Desormais, I. (2018). 2018 ESC/ESH Guidelines for the management of arterial hypertension: The Task Force for the management of arterial hypertension of the European Society of Cardiology (ESC) and the European Society of Hypertension (ESH). European heart journal, 39(33), 3021-3104.
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