Le placement d'un proche âgé en EHPAD est souvent une décision difficile, tant pour la famille que pour le senior concerné. Quand vient le moment d'envisager cette option, il n'est pas rare de se heurter à un refus catégorique. Cette situation, bien que frustrante, n'est pas sans issue. Comprendre les raisons du refus et explorer les alternatives peuvent aider à trouver une solution qui convient à tous. Face à ce dilemme, de nombreuses familles se sentent démunies. Comment respecter les souhaits de son parent tout en assurant sa sécurité ? Quelles sont les options légales et pratiques à notre disposition ? Et surtout, comment aborder ce sujet sensible sans créer de conflit ?
Les raisons derrière le refus d'entrer en EHPAD
Avant de chercher des solutions, il est crucial de comprendre pourquoi votre proche refuse l'entrée en EHPAD[1]. Les raisons sont souvent multiples et complexes :
- Attachement au domicile : Quitter sa maison, lieu de souvenirs et de confort, est souvent perçu comme un déracinement douloureux.
- Peur de la solitude : Paradoxalement, l'idée de vivre en collectivité peut accentuer la crainte de l'isolement.
- Contraintes financières : Le coût d'un EHPAD peut sembler prohibitif pour certains seniors.
- Refus d'accepter la perte d'autonomie : Entrer en EHPAD peut être vu comme un aveu de faiblesse ou de dépendance[2].
- Minimisation des problèmes de santé : Certains seniors sous-estiment leurs besoins en soins et assistance.
Le cadre légal : consentement et protection juridique
À noter que le consentement du senior est obligatoire pour un placement en EHPAD, sauf dans certaines circonstances particulières.
La loi du 28 décembre 2015 stipule que toute personne âgée a droit à des aides adaptées à ses besoins et à ses ressources, dans le respect de son projet de vie. Cette loi renforce le droit des seniors à choisir leur lieu de vie.
Cependant, si la personne n'a plus la capacité de discernement, une procédure de mise sous protection juridique peut être envisagée. Dans ce cas :
- Un avis médical est nécessaire
- Un juge des tutelles[3] est impliqué dans le processus
- Le médecin traitant joue un rôle important
Si une tutelle[4] est mise en place, le représentant légal, avec l'accord du juge des tutelles, peut prendre la décision de placement.
Comment convaincre un senior réticent ?
Face à un refus, la communication est la clé. Voici quelques stratégies pour aborder le sujet de manière constructive :
1. Instaurer un dialogue ouvert
Prenez le temps d'écouter les craintes et les désirs de votre proche. Abordez régulièrement le sujet sans pression, en expliquant les avantages d'un EHPAD comme la sécurité, les soins disponibles et les opportunités de socialisation.
LIRE AUSSI : Que faut-il faire quand une personne âgée refuse la maison de retraite ?
2. Impliquer des professionnels
Plusieurs intervenants peuvent vous aider à convaincre votre proche :
- Le médecin coordonnateur[5] : Il peut évaluer l'état de santé et expliquer les bénéfices de l'établissement.
- L'assistante sociale : Elle joue un rôle d'intermédiaire et peut aider dans les démarches administratives et financières.
- Les services d'aide à la personne : Ils peuvent conseiller un placement si le maintien à domicile[6] devient trop complexe.
3. Organiser des visites d'établissements
Visiter plusieurs EHPAD peut aider à dissiper les craintes et à trouver un établissement qui correspond aux attentes de votre proche. C'est l'occasion de découvrir l'ambiance, les activités proposées et de rencontrer le personnel.
4. Envisager des solutions intermédiaires
Certaines options peuvent faciliter la transition :
- Les résidences services : Elles offrent plus d'autonomie tout en proposant des services adaptés.
- L'hébergement temporaire : Il permet de tester la vie en EHPAD sur une courte période.
Les alternatives au placement en EHPAD
Si malgré vos efforts, votre proche refuse catégoriquement l'entrée en EHPAD, plusieurs alternatives existent :
1. Le maintien à domicile renforcé
Avec l'aide de services à domicile et d'aides financières comme l'APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie), il est possible d'adapter le logement et d'assurer une présence régulière auprès du senior.
2. La téléassistance
Cette solution connectée permet de sécuriser le maintien à domicile en assurant une surveillance 24h/24. Elle rassure à la fois le senior et les aidants.
3. L'habitat inclusif
Ce concept propose un logement adapté avec un suivi médicosocial, permettant de conserver une certaine indépendance tout en bénéficiant d'un accompagnement.
4. L'accueil familial
Vivre chez un accueillant familial agréé peut être une alternative intéressante, offrant un cadre plus intime qu'un EHPAD.
5. La colocation entre seniors
Cette formule permet de partager un logement adapté tout en conservant son indépendance et en bénéficiant d'une présence rassurante.
Aspects financiers à considérer
Les contraintes financières sont souvent un frein majeur à l'entrée en EHPAD. Il est important d'explorer toutes les aides disponibles :
- L'APA : Cette allocation peut financer une partie des frais liés à la perte d'autonomie, que ce soit à domicile ou en établissement.
- L'aide sociale[7] à l'hébergement : Elle peut prendre en charge une partie des frais d'hébergement pour les personnes aux revenus modestes.
- Les crédits d'impôt[8] : Certaines dépenses liées à la dépendance peuvent ouvrir droit à des réductions fiscales.
N'hésitez pas à consulter une assistante sociale pour faire le point sur les aides auxquelles votre proche pourrait avoir droit.
L'importance de la préparation
Que l'entrée en EHPAD soit imminente ou non, une bonne préparation peut grandement faciliter la transition le moment venu. Voici les étapes à suivre :
- Discutez régulièrement des souhaits et des craintes de votre proche concernant son avenir.
- Visitez différents établissements, même si un placement n'est pas envisagé dans l'immédiat.
- Renseignez-vous sur les démarches administratives et les aides financières disponibles.
- Impliquez d'autres membres de la famille pour éviter les conflits ultérieurs.
Quand l'entrée en EHPAD devient nécessaire
Parfois, malgré les réticences, l'entrée en EHPAD s'avère la meilleure solution pour assurer la sécurité et le bien-être du senior. Les signes qui peuvent indiquer cette nécessité incluent :
- Des chutes répétées malgré la mise en place de dispositifs de sécurité
- Une perte d'autonomie importante compromettant la sécurité au quotidien
- Des troubles cognitifs ou comportementaux nécessitant une surveillance constante
- L'incapacité des aidants à assurer une présence suffisante
- Un isolement social important du senior
Dans ces situations, il est crucial de faire comprendre à votre proche que l'EHPAD n'est pas une punition, mais une solution pour améliorer sa qualité de vie et sa sécurité.
LIRE AUSSI : Quand chercher une maison de retraite pour une personne handicapée vieillissante ?
Vers de nouveaux modèles de prise en charge
Face aux défis posés par le vieillissement de la population, de nouveaux concepts émergent pour répondre aux besoins des seniors :
L'EHPAD "hors les murs"
Ce modèle innovant vise à apporter les services d'un EHPAD au domicile du senior. Une équipe mobile intervient régulièrement pour assurer soins, repas et activités, permettant de retarder ou d'éviter l'entrée en institution.
Les villages seniors
Inspirés d'expériences menées aux Pays-Bas, ces villages offrent un cadre de vie adapté aux personnes âgées, avec des commerces, des services médicaux et des activités sur place, tout en préservant l'autonomie des résidents.
Ces nouvelles approches témoignent d'une volonté de repenser la prise en charge du grand âge, en plaçant le bien-être et les souhaits des seniors au cœur des préoccupations. Elles ouvrent des perspectives prometteuses pour l'avenir, offrant des alternatives qui pourraient réconcilier les besoins de sécurité et le désir d'indépendance de nos aînés.
Face au refus d'un EHPAD, la clé reste le dialogue, la patience et la créativité pour trouver des solutions adaptées à chaque situation. L'évolution des modèles de prise en charge nous rappelle que le bien-vieillir est un défi collectif, nécessitant l'implication de tous : familles, professionnels de santé et société dans son ensemble.
-
[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
-
[2] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
-
Le juge des tutelles est un magistrat dont les décisions ont pour but pour protéger et aider les personnes qui ne peuvent pas gérer seules leurs affaires ou leurs finances.
-
[4] Tutelle
La tutelle est un mesure de protection judiciaire où une personne est désignée pour prendre soin des affaires personnelles et financières d’une personne qui ne peut plus le faire elle-même…
-
Le médecin coordonnateur est un médecin qui organise et supervise les soins pour garantir qu’ils sont bien adaptés et efficaces pour chaque résident dans un établissement de soins.
-
Le maintien à domicile permet aux personnes âgées ou dépendantes de vivre chez elles en recevant l’aide nécessaire pour rester autonomes et en sécurité.
-
[7] Aide Sociale
L’aide sociale est une assistance financière fournie par l’État pour aider les personnes en difficulté à couvrir des besoins essentiels, comme le logement ou les soins en établissement.
-
[8] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
Note de l’article (2 votes)
Cet article vous a-t-il été utile ?
Notez cet article afin de nous permettre d’améliorer nos contenus.
Réagissez, posez une question…