Vous vous surprenez à pleurer plus facilement qu’auparavant ? À être plus touché par une remarque qui, autrefois, ne vous aurait fait ni chaud ni froid ? Avec le temps, il semble que nos sens deviennent plus réactifs et que les petits riens du quotidien prennent une nouvelle ampleur. Devient-on plus sensible en vieillissant ? Est-ce un effet du temps ou juste une coïncidence ? Entre l'émotionnel, le physique ou le psychologique, que dit la science sur notre sensibilité avec l'âge ?
Pourquoi semblons-nous plus sensibles en vieillissant ?
Selon les résultats de l’étude menée par des chercheurs du McLean Hospital (Belmont, États-Unis) auprès de 9 546 personnes âgées de 10 à 85 ans, interrogées via un test de sensibilité émotionnelle sur internet, nos sentiments et nos émotions se modifient énormément en fonction de notre âge.
Les phénomènes biologiques
Avec le temps, les changements de notre corps influencent notre sensibilité physique. Non pas qu’on devienne fragile du jour au lendemain, mais qu’au fil des années, certains ajustements naturels impactent la manière dont nous percevons et réagissons aux stimulis extérieurs.
- L’évolution des sens : la baisse naturelle d’acuité auditive et visuelle rend le bruit, certaines fréquences ou une lumière trop vive plus gênants, stressants et inconfortables.
- Le vieillissement du système nerveux ralentit les mécanismes qui "filtrent" les stimuli émotionnels et physiques. Si une critique semble plus blessante à 60 ans qu’à 20 ans, ce n’est pas par fragilité, mais parce que notre cerveau traite ces émotions avec moins de barrières.
En d'autres termes, notre seuil de tolérance diminue : ce qui, plus jeune, nous semblait anodin, nous touche et nous irrite davantage.
Les expériences passées
Avec l’âge, nos souvenirs et expériences forment une bibliothèque intérieure qui nous sert à comparer, associer et revivre des émotions avec plus d’intensité.
Une chanson à la radio ou l’effluve d’un parfum peut rappeler un premier amour ou une période heureuse. Dans le quotidien, la tendresse et la nostalgie de ces résonances sont partout.
Est-il normal de pleurer plus souvent avec l’âge ?
Vos yeux s’embuent devant une publicité touchante ou un simple geste attentionné ? Si, avec le temps, les larmes deviennent plus présentes dans nos vies, est-ce pour autant un signe de fragilité ?
La faute des hormones
Avec l’âge, les diminutions hormonales chez la femme et chez l’homme intensifient les émotions et la production de larmes.
- Les œstrogènes responsables de la sérotonine (l'hormone du bonheur) agissent sur notre humeur et notre réactivité émotionnelle. Avec la ménopause, un nouveau bouleversement physiologique peut accentuer la tristesse et amplifier les émotions positives.
- La testostérone, souvent liée à la virilité et au contrôle des émotions, diminue avec l’âge. Avec l’andropause, certains hommes sont plus enclins à exprimer leurs sentiments.
La maturité affective
Si, avec le temps, nous dévoilons notre vulnérabilité plus facilement, c’est aussi parce que les barrières sociales ou personnelles laissent la place à l’authenticité : les pleurs ne sont plus perçus comme un signe de faiblesse, mais comme une façon naturelle et humaine de réagir à ce qui nous touche profondément. Certes, nous pleurons plus, mais pour des raisons plus profondes.
Peut-on apprendre à gérer notre sensibilité avec l’âge ?
À certains moments, cette nouvelle sensibilité peut être difficile à assumer. Apprenez comment la gérer pour en faire une véritable force.
Prendre du recul face à un trop-plein d’émotion
Voici quelques astuces pour ne pas se laisser submerger lorsqu’une remarque ou un événement nous affecte :
- Prendre quelques minutes pour respirer profondément : inspirer lentement par le nez et expirer doucement par la bouche pendant plusieurs minutes calme le système nerveux et les réactions impulsives.
- Se rappeler que ce genre d’émotion est passager. Attendez quelques heures avant de répondre à une critique. Apprenez à observer et à maîtriser vos émotions sans les juger en pratiquant la méditation de pleine conscience.
- Poser des limites émotionnelles : apprendre à dire non ou à s’éloigner temporairement d’une situation stressante évite l’accumulation de tensions inutiles.
- Testez l’écriture émotionnelle : notez vos pensées et ressentis dans un journal, cela aide à prendre de la distance par rapport à elles et à relativiser.
Accepter sa sensibilité
Et si pleurer, ressentir davantage ou être émotive devenaient des preuves de connexion avec soi-même et avec le monde qui nous entoure ? Parfois, il suffit de changer son regard sur sa sensibilité pour mieux vivre avec :
- Autorisez-vous à pleurer : les larmes libèrent le stress et évacuent des émotions bloquées.
- Valoriser votre empathie: dans les relations humaines, une personne sensible est recherchée pour sa capacité à écouter et mieux comprendre ses proches.
Adapter son environnement pour son équilibre
Pour se préserver des sensibilités physiques (au bruit, à la lumière, aux foules), pourquoi ne pas aménager votre environnement quotidien ?
- Limitez les déclencheurs émotionnels inutiles : évitez les lieux bruyants, éloignez-vous de sources de stress répétitives et de relations toxiques.
- Créez-vous un cocon apaisant avec des espaces calmes, bien éclairés et confortables pour réduire les émotions négatives : écouter une musique douce ou contempler des photos et œuvres reposantes.
- Octroyez-vous des pauses : lors d’une journée chargée ou d’un événement social intense, isolez-vous quelques instants pour vous recentrer, évitez la surcharge émotionnelle.
Avec les années, notre relation aux émotions évolue. Bien qu’ambivalents, ces ressentis, plus intenses et différents, s’accompagnent d’une meilleure connaissance de soi et d’une ouverture aux nuances de la vie…
En somme, avec l’âge, on ne devient pas seulement "plus sensible" ou "plus sage" : on devient les deux à la fois, dans une belle et complexe alchimie émotionnelle.
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