Le ministre de la Santé Olivier Véran a décidé vendredi de déclencher le plan blanc dans les hôpitaux et le plan bleu dans les Ehpad[1] sur l’ensemble du territoire français. Le but : organiser la protection des personnes vulnérables accueillies dans les établissements sanitaires et médico-sociaux. Mais qu’est-ce que le plan bleu ? Quand est-il déclenché et qu’apporte-t-il ?
Qu’est-ce que le plan bleu mis en place dans les Ehpad ?
Les plans blanc et bleu sont des plans détaillant les modalités d’organisation en cas de crise sanitaire ou climatique dans les établissements accueillant des personnes vulnérables :
- Plan blanc dans les établissements de santé (hôpitaux),
- Plan bleu dans les établissements médico-sociaux accueillant des personnes âgées : maisons de retraite, Ehpad, résidences-services, résidences-autonomie…
La rédaction systématique d’un plan bleu et son intégration dans le projet d’établissement ont été rendues obligatoires par un décret en date du 7 juillet 2005. Ce plan, élaboré sous la responsabilité du directeur de la maison de retraite, doit détailler les modalités d’organisation et les mesures à déployer dans l’établissement en cas de crise sanitaire ou climatique.
Dans ce contexte, les Ehpad sont particulièrement bien mobilisés pour faire face à une éventuelle crise, comme les fortes chaleurs de l’été, un épisode grippal important ou, aujourd’hui, une menace d’épidémie au coronavirus.
Au regard de la multiplication des cas confirmés de personnes contaminées par le SARS-CoV-2 en France, le ministre de la Santé Olivier Véran a donc décidé d’ordonner le déclenchement des plans blancs et bleus dans tous les établissements sanitaires et médico-sociaux. Cette démarche fait suite à la réunion qui s’est tenue mardi entre le cabinet d’Olivier Véran et le Syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées (Synerpa[3]).
Le but :
- anticiper les risques en cas d’une propagation du coronavirus dans les maisons de retraite,
- améliorer la réactivité en cas de contamination d’un résident ou un employé au sein d’un établissement,
- gérer les alertes en mobilisant au mieux tous les moyens dont disposent l’Ehpad, en fonction de ses besoins spécifiques.
- protéger les résidents vulnérables et le personnel.
Quelles sont les mesures prévues par le plan bleu en Ehpad ?
Le plan bleu décrit la situation de l’Ehpad et analyse les différents risques susceptibles d’exister, dans le cadre précis de l’établissement et selon ses besoins et possibilités.
Il vise à offrir une boîte à outils pour le directeur d’établissement et le personnel afin de gérer une situation sortant de l’ordinaire et nécessitant une bonne organisation afin de :
- prévenir la survenue du risque (à l’heure actuelle : éviter la contamination d’un résident ou d’un employé de l’Ehpad par le coronavirus),
- gérer une alerte : si malgré les mesures prises par les établissements, un résident ou un employé est atteint du COVID-19 (la maladie causée par le coronavirus), mettre tout en œuvre pour prévenir la propagation aux autres résidents et au personnel.
Le plan bleu est appliqué dans les Ehpad par une « cellule d’alerte ou de crise » en relation avec l’ensemble des responsables et du personnel de l’établissement, dotés chacun de fiches de consignes.
La cellule de crise comporte en général :
- le directeur ou son représentant : responsable du plan et des relations avec les autorités sanitaires, les familles, etc.
- le médecin coordonnateur de l’Ehpad : coordination médicale avec le SAMU, rappel du personnel soignant en cas de besoin, recensement des malades et des personnes les plus vulnérables…
- un responsable administratif : rappel des personnels autres que médicaux,
- un responsable de la logistique et un pharmacien : approvisionnement de l’Ehpad en produits nécessaires à la gestion de la crise (masques chirurgicaux, gants, mouchoirs en papier, gels hydroalcooliques…),
- l’infirmière coordinatrice : comme le médecin coordonnateur[4] et préparation d’un éventuel confinement…
La cellule de crise se fait aider par des experts médicaux d’un hôpital voisin pour mieux gérer le risque d’épidémie au coronavirus.
Le plan bleu comporte ainsi :
- la désignation d’un « référent » responsable en situation de crise, dont les coordonnées sont communiquées à l’Agence régionale de santé et au service des établissements du Conseil départemental (ainsi que celles de son remplaçant) ;
- la mise en place d’une convention avec un établissement de santé proche pour prévenir les hospitalisations et pour accompagner les transferts en milieu hospitalier quand ils s’avèrent indispensables ;
- l’installation d’une pièce rafraîchie proportionnée à la taille de l’Ehpad : utile en cas de canicule[2] ;
- une sensibilisation du personnel aux bonnes pratiques préventives ;
- un protocole, affiché dans l’établissement et précisant les points suivants :
Quelles sont les mesures spéciales du plan bleu liées au coronavirus ?
On entend plus souvent parler du plan bleu dans le cadre des épisodes de canicule ou de pandémie grippale. Il s’adapte aussi aux épisodes de maladie contagieuse, comme la COVID-19, et prévoit des consignes spécifiques :
- préparation en amont de la crise : actions d’informations et de formations au risque de maladie contagieuse, constitution d’un listing de corps de réserve sanitaire, adoption de mesures barrières, élaboration d’une éventuelle sectorisation des locaux de l’Ehpad pour séparer à l’avenir les résidents atteints du coronavirus et ceux qui ne le sont pas ;
- mesures en temps de crise : surveillance de la mise en place des mesures prévues, renforcement du personnel, mise à jour des données dont dispose la maison de retraite (nombre de malades…), contact avec les familles, mesures barrières liées à l’isolement, au déplacement dans l’Ehpad et aux visites, coordination avec le personnel soignant et le service hospitalier susceptible d’accueillir les malades éventuels.
Les mesures de prise en charge d’une « pandémie grippale » définies dans le plan bleu sont pour la plupart applicables au risque d’épidémie au coronavirus dans les Ehpad, à l’exception de la vaccination, pas encore disponible pour la COVID-19.
Elles comprennent des mesures de prévention générale et individuelle. Ce sont les fameuses « mesures barrières » que les Ehpad ont déjà mises en place dès que le coronavirus a commencé à toucher la France. Le but : éviter la contamination des personnes âgées par des personnes venant de l’extérieur de l’établissement.
Il s’agit notamment de :
- limiter les visites, voire les interdire pour les personnes revenant de l’étranger et les mineurs,
- interrompre les activités collectives à l’extérieur de l’Ehpad,
- identifier les postes à risque au sein du personnel de l’établissement,
- diffuser des documents indiquant les procédures d’hygiène pour protéger les résidents,
- bien gérer les stocks de matériel médical ;
- diminuer le recours hospitalier (notamment avec la mise en place de l’hospitalisation à domicile, aujourd’hui possible en Ehpad).
Bref, avec un tel plan d’actions et un savoir-faire long de plusieurs années traversées par des épidémies de grippe et des épisodes de canicules, les Ehpad sont prêts à gérer la crise du coronavirus. Les personnes âgées accueillies en maison de retraite résident finalement dans les lieux les plus sûrs au regard d’une éventuelle menace épidémique.
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[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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[2] Canicule
La canicule est une période où les températures sont très élevées pendant plusieurs jours, ce qui peut être dangereux pour la santé des personnes âgées.
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[3] SYNERPA
Le SYNERPA (Syndicat National des Établissements et Résidences Privés pour Personnes Âgée) est une structure de représentation qui regroupe les établissements privés offrant des services de logement et de soins…
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Le médecin coordonnateur est un médecin qui organise et supervise les soins pour garantir qu’ils sont bien adaptés et efficaces pour chaque résident dans un établissement de soins.
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Maman (95 ans) a été hospitalisée (sans relation avec la pandémie) à la veille du déclenchement du Covid. Aujourd’hui, elle a presque atteint ses trois mois de confinement (hospitalisation + centre de réadaptation) sans pouvoir sortir de sa chambre. Je n’ai pu obtenir qu’une seule visite de 30 mn il y a peu. Elle va être transférée dans un Ephad où on va encore la soumettre à une quatorzaine, alors qu’elle n’est pas porteuse du virus !!! Elle est complètement déprimée et souffre énormément de n’avoir aucun contact avec sa famille ! Cette situation est aussi angoissante pour nous qui nous heurtons au personnel soignant avec lequel la communication est quasi inexistante et qui se retranche derrière les mesures sanitaires. Comme il est dit plus haut, nos ainés ne mourront pas du Covid, mais de chagrin, de dépression.
Où est la frontière entre mesures de prévention et maltraitance !
Bonjour,
Ma belle-mère de 85 ans est en EHPAD.
Elle en fauteuil mais a encore toutes es facultés mentales et cognitives.
Depuis aujourd’hui, tous les résidents sont consignés dans leur chambre.
Les repas sont servis dans la chambre. 77 résidents à servir, autant dire que la durée du contact avec le personnel est réduite au minimum.
Les résidents n’ont plus de contact entre eux.
Les interactions sociales sont quasiment inexistantes.
Le risque est grand de voir une forte dégradation des facultés mentales chez les personnes âgées suite à la suppression des contacts avec les familles et maintenant avec autres résidents.
L’argument avancé pour justifier cette nouvelle mesure est que si un résident à le COVID19, il ne pourra pas le transmettre à d’autres résidents.
Etant donné que l’accès aux personnes extérieures est strictement limité au personnel de l’EHPAD, le seul moyen d’être contaminé est donc par un membre de l’équipe.
Donc, si un membre du personnel est contaminé, il contaminera tous les résidents avec lesquels il a été en contact.
Je ne comprends pas pourquoi on enferme les résidents dans leur chambre alors qu’il n’y a aucun cas dans cet établissement.