Entretien avec Céline Hervieu, candidate aux municipales 2020 pour le 6e arrondissement de ParisCette semaine j’ai reçu Céline Hervieu, candidate à la Mairie du 6e arrondissement de Paris pour le collectif Paris en Commun. Dans cette interview, nous abordons l’importance de l’adaptation de la ville et du soutien du service public pour les aidants et les personnes âgées. Nous dresserons un panorama des dispositifs d’aide existants, évoquerons les points clés du programme de Paris en Commun en faveur de nos aînés. Enfin, nous nous attardons sur l’action réalisée avec le collectif Je t’Aide, pour une meilleure prise de conscience collective de ce qu’est un aidant.
Bonjour Céline, merci de me parler aujourd’hui. Pouvez-vous vous présenter, et me dire ce qui vous a amené à vous présenter aux municipales de Paris ?
Bonjour, je suis Céline Hervieu, j’habite le 6e arrondissement de Paris depuis plus de 13 ans. Je suis engagée en politique auprès du Parti socialiste (PS) depuis 2014, d’abord comme militante, puis comme responsable des activités du PS dans le 6e arrondissement.
Au-delà de mon engagement politique, je suis également impliquée dans beaucoup d’associations, et suis particulièrement sensible à la situation des réfugiés. Je travaille notamment avec les associations France Terre d’Asile, et l’ADSF qui s’adresse aux femmes en situation de précarité.
Ces engagements, politiques et associatifs, sont extrêmement importants pour moi.
Ce sont la confiance et les encouragements de mon entourage, ainsi que la perspective de pouvoir incarner quelque chose de nouveau pour le 6e arrondissement, qui m’ont poussée à présenter ma candidature aux municipales 2020. J’ai d’abord été élue par les socialistes, puis investie par Anne Hidalgo pour soutenir sa candidature dans l’arrondissement en tant que tête de liste Paris en Commun.
Dans votre programme, vous vous intéressez aux personnes âgées et aux aidants. D’où vous vient cet intérêt ?
Tout d’abord, il y a mon expérience personnelle. De fait, le vieillissement est un sujet qui nous concerne tous. Il se trouve qu’à titre personnel, j’ai dans mon entourage deux proches, l’une en situation de handicap lourd et l’autre — ma grand-mère — qui bénéficie d’aide et de soins infirmiers à domicile. Ce sont ces évènements de la vie qui vous font réaliser à quel point le service public se doit de remplir cette mission d’accompagnement, en particulier pour des publics fragilisés. Dans notre vision de socialistes, ce soutien doit se faire d’abord auprès des populations vulnérables.
De l’autre côté, mon expérience du terrain. Le 6e arrondissement est l’un des plus seniors de Paris, et notre population vieillit. L’adaptation de la ville et du logement au grand âge et au handicap est donc l’une des problématiques qui sautent aux yeux lorsqu’on est impliqué au niveau local. C’est un sujet clé pour les habitants du 6e, qu’ils soient en situation de dépendance[1], aidants ou qu’ils connaissent quelqu’un touché par ce sujet. Il y a tout un public qui attend des solutions, de l’innovation de notre part.
« L’adaptation de la ville et du logement au grand âge et au handicap est donc l’une des problématiques qui sautent aux yeux lorsqu’on est impliqué au niveau local. »
Pouvez-vous me décrire les dispositifs dédiés aux seniors qui sont en place aujourd’hui dans votre arrondissement ?
Il y a beaucoup de choses qui existent, et ce à deux niveaux :
Au niveau de la Mairie de Paris, il existe un certain nombre de services et d’aides pour les personnes âgées ; aide à domicile, lieux d’accueil temporaire ou de jour, services de mobilité, gratuité des transports…
Au niveau du 6e arrondissement, il existe plusieurs structures, la principale étant la Maison des aînés et des aidants, basée dans le 6e et qui rayonne sur plusieurs arrondissements. Cette structure a 4 missions :
- informer sur l’accompagnement à domicile,
- accompagner la transition vers un hébergement temporaire ou un accueil de jour,
- proposer des activités,
- accompagner les aidants.
Nous avons également un Centre d’accueil de jour, qui s’adresse plus particulièrement aux personnes souffrant de pathologies neurodégénératives (mais pas uniquement !), et qui héberge une Plateforme de répit des aidants qui propose des activités aux aidants, et en parallèle un accueil des personnes âgées le temps des activités si nécessaire.
Ces deux structures sont très sollicitées et sont donc à développer.
Ensuite, parce que les citoyens ne savent pas ce qui existe, ni où se renseigner, nous avons édité un Guide des seniors et des aidants, qui recense toutes les structures existantes — à l’échelle du 6e, et qui est disponible à la mairie.
La mairie actuelle organise enfin des formations au numérique et il existe un Comité des seniors — ce dernier est malheureusement encore très méconnu et mériterait plus de visibilité.
Quelles sont vos propositions pour la future municipalité ?
Un des constats que je fais est le besoin de simplifier les démarches et de donner plus de visibilité aux structures existantes. C’est pourquoi nous souhaitons mettre en place un guichet unique — via la Maison des aînés et des aidants — avec une ligne dédiée. Ceci afin d’informer les habitants sur tout ce qui existe, car il n’est pas évident de s’y retrouver…
Nous souhaitons également développer les liens intergénérationnels. Renforcer Paris en Compagnie, dispositif de lutte contre l’isolement des seniors qui existe déjà à Paris. L’application met en relation des jeunes et des moins jeunes qui offrent quelques heures de leur temps pour réaliser une activité avec un senior.
Nous souhaitons également développer une plateforme pour favoriser la colocation intergénérationnelle. On pourrait imaginer que des seniors louent une chambre de leur logement à un étudiant contre un loyer modéré par exemple. Cela permettrait de travailler en synergie sur la problématique du logement des jeunes qui est un challenge dans le 6e arrondissement.
Sur la question de la mobilité, nous souhaitons mettre à disposition une navette électrique dédiée pour accompagner les personnes âgées au marché. C’est d’ailleurs un projet en réflexion à l’échelle de Paris.
Dernier chantier, l’aménagement de la ville et du domicile. Là, il s’agit de penser chaque étape de la vie pour faciliter le quotidien.
Sur cette question nous proposons tout d’abord d’instaurer — et de faire respecter — un Code de la rue, en réponse à des plaintes des seniors qui relatent des incivilités telles que des bousculades par des trottinettes, vélos ou autres. L’objectif étant de redonner confiance aux personnes âgées qui pourraient craindre la chute.
Puis, il faut développer des aménagements urbains : élargir les trottoirs, éviter les marches, les passages piétons trop longs par rapport au temps d’allumage des feux… et également plus de bancs, de points d’appui, qui sont des éléments rassurants pour une personne âgée qui peut s’y arrêter et souffler sans gêner.
Au domicile, nous proposons de faire connaître un dispositif trop méconnu : les bilans logement. Pour les personnes intéressées, il s’agit de réaliser un bilan à domicile avec un professionnel, pour évaluer les aménagements qui pourraient être proposés pour faciliter le quotidien et limiter les risques de chute par exemple.
Vous avez décidé de répondre à l’appel du collectif Je t’Aide. Pouvez-vous m’en dire plus ?
J’ai eu un premier contact avec le collectif via les réseaux sociaux. Je t’Aide avait donc lancé cet appel aux candidats pour donner de la visibilité au sujet des aidants dans le cadre de la campagne des municipales.
J’ai tout de suite adhéré au projet, j’ai trouvé que cela allait tout à fait dans le sens de la vision que je porte, et ai donc réalisé avec plaisir une petite vidéo pour présenter les points forts de mon programme en faveur des aidants.
Ce sont des actions de communication dont on pourrait penser qu’elles ont un impact modéré, mais elles participent à faire connaître la définition de l’aidant, et je souhaitais apporter ma contribution à ce combat.
En effet, souvent les aidants s’ignorent, ne savent pas qu’il existe une définition officielle, et n’osent pas demander de l’aide. C’est tout un cheminement intellectuel pour les amener à accepter d’être aidés et à ne pas trop s’oublier.
Leur permettre de respirer pour éviter la déprime et l’isolement, et être présent pour les aider à gérer leurs émotions est crucial.
Pour moi, la manière dont une société traite ses personnes âgées est clé pour comprendre dans quelle société on vit. Il est très important que tous les citoyens soient attentifs au sort des personnes âgées, car tout le monde est concerné.
« Il est très important que tous les citoyens soient attentifs au sort des personnes âgées, car tout le monde est concerné. »
Je terminerai cet entretien par une dernière question : selon vous, quels sont les ingrédients nécessaires pour permettre aux vieux de vivre mieux (à Paris et ailleurs) ?
Je dirais qu’il faut prendre le temps de savoir ce qui va leur changer la vie au quotidien.
Également qu’il faut s’intéresser à tout : pas uniquement à la santé, mais aussi aux activités, aux liens intergénérationnels… pour une meilleure prise en compte de leurs besoins : pouvoir se soigner, se divertir, se déplacer…
Pas d’ingrédient magique donc, mais un sujet important, dont il faut se saisir tous collectivement, et en particulier pour un candidat aux municipales
Dernier point : je pense qu’il faut donner la parole à ces personnes, pour trouver des solutions au cas par cas, mais aussi une réponse publique, collective.
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[1] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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