Le Plan Alzheimer[1] 2008-2012 proposé en novembre par la Commission Ménard et présenté à grand renfort de présence médiatique par le gouvernement aura-t-il l’efficacité escomptée ? Sur le papier, de véritables innovations sont promises. Dans les faits, sans mesures de financement adéquates, le nouveau plan, à l’instar des deux autres qui l’ont précédé depuis 2001, risque fort de faire long feu. Un Plan Alzheimer sans financement? En principe, l’application des franchises médicales à compter du 1er janvier 2008 devrait permettre de financer le Plan Alzheimer, mais aussi la lutte contre le cancer et le développement des structures de soins palliatifs
[2]. Or le gouvernement espère récolter à l’aide de ces franchises environ 800 millions d’euros par an. Coquette somme, mais bien insuffisante pour mettre en œuvre comme il se doit les mesures annoncées. Pour mémoire, au printemps dernier M. Nicolas Sarkozy évoquait la nécessité, pour financer le plan de lutte contre la maladie d’Alzheimer, de mobiliser chaque année une somme de 1,5 milliards d’euros. « Il est difficile de chiffrer le plan Alzheimer », affirmait il y a peu le responsable de la Fédération Hospitalière de France, « mais il est clair que les franchises ne sont pas à la hauteur des enjeux et qu’à l’évidence, ce plan n’est pas financé pour l’instant. »
Le souhait des Français : une meilleure prise en charge de la dépendance[3] Victime de son succès, l’APA ne suffit plus à présent à remplir le rôle qui lui avait été assigné à l’origine. En effet, alors que le nombre de bénéficiaire est en hausse constante, l’Etat laisse chaque département faire face à l’explosion des dépenses, ce qui entraîne des montants moyens versés fort différents d’un conseil général à l’autre. Il y a de plus une forte demande des familles de revalorisation de l’APA, de façon à permettre une meilleure prise en charge financière des situations de dépendance.
Une nouvelle branche de sécurité sociale résoudra-t-elle le problème du financement ? Constatant le succès de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie ), le Président Sarkozy avait annoncé la création d’une cinquième branche de la sécurité sociale, destinée justement à organiser et gérer le financement de la dépendance. Or il n’est pas prévu de financement spécifique de la cinquième branche. Autrement dit, celle-ci ne serait qu’un réaménagement administratif de la gestion actuelle de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie, la CNSA. De plus, la réforme devant aboutir à la création de cette cinquième branche d’assurance maladie n’a pas avancé depuis plusieurs mois.
Les établissements d’accueil pour personnes âgées réclament des budgets appropriés Les organisations de directeurs de maisons de retraite et d’établissement d’accueil pour personnes âgées ont récemment lancé un appel au gouvernement en réclamant des financements adéquats, de façon à « mettre en cohérence les annonces gouvernementales et les budgets à venir. » Ces professionnels estiment à 850 millions d’euros les crédits nécessaires chaque année à la mise en oeuvre du plan solidarité grand âge et à 400 millions d’euros le renforcement des personnels soignants selon le programme initié début 2007 par l’ancien ministre de la Santé, M. Xavier Bertrand. Ils ont également appelé les pouvoirs publics à ne pas « décevoir les milliers de familles qui attendent la pleine réussite du plan Ménard », en précisant les financements prévus à cet effet.
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