Ailisa est un projet d’appartement intelligent mené par le laboratoire grenoblois TIMC-IMAG, en partenariat avec l'hôpital Charles-Foix d'Ivry-sur-Seine et le CHU de Toulouse. L’objectif ? Favoriser le maintien à domicile[1] des personnes fragiles et dépendantes. « Selon l'Insee, un tiers de la population aura plus de 65 ans en 2040, avance le professeur Norbert Noury, un des deux chefs de l'équipe grenobloise. Or, à partir de 85 ans, le risque de pathologies physiques et psychologiques s'accroît fortement. Il n'y aura pas de place pour tout le monde dans les institutions spécialisées. »
Pour se substituer aux maisons de retraite
Le principe est simple : huit capteurs infrarouges sont fixés aux murs en hauteur et détectent les faits et gestes de la personne âgée, jour et nuit. Ces capteurs enregistrent les mouvements puis les communiquent à un ordinateur installé à la maison. Un logiciel stocke ensuite les informations, les analyse, puis les transmet par mail au laboratoire. Les informaticiens peuvent ainsi en déduire les rythmes d'activité de la personne. « Nous mesurons la répartition du temps passé dans chaque pièce, la mobilité de la personne, son agitation éventuelle, les trajets récurrents », liste le professeur Norbert Noury.
Ce dispositif permettrait de détecter des complications cardio-vasculaires « si les déplacements de la personne se font plus rares et ses mouvements plus lents ». Il détecterait aussi une perte d'équilibre, « à l'aide d'un pèse-personne relié à l'ordinateur, mesurant le placement de ses pieds », ou un début de Alzheimer[2] « si on observe que la personne saute des repas, ou ne les prend pas aux bonnes heures ».
Pour une sécurité équivalente à celle des maisons de retraite
Les chercheurs souhaitent aussi développer une assistance humaine : « Un système d'alerte qui préviendrait, en cas de problème, un voisin ou un médecin, explique le Dr Pierre Rumeau, du CHU de Toulouse. Si la personne chute et reste anormalement immobile dans un endroit donné, comme les WC, les capteurs vont le détecter et l'alerte va être donnée au bout de vingt minutes. »
L’objectif n'est pas de remplacer l'humain mais d'apporter une sécurité supplémentaire, tout en étant le moins intrusif possible et en respectant l’intimité de la personne âgée ; c’est la raison pour laquelle aucune caméra ne fait partie du dispositif.
Enfin, pour répondre aux critères de la Commission nationale de l'éthique et des libertés, la transmission des données est protégée : « les données sont anonymes et ne sortent pas du laboratoire. Elles sont cryptées pendant le transfert. Seul un médecin pourra les lire », précise le professeur Noury. Pour le moment, ce projet d’habitat intelligent est encore en test, mais il pourrait très bientôt débarquer chez nous. Reste à savoir si ce moment est à espérer ou à redouter…
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Le maintien à domicile permet aux personnes âgées ou dépendantes de vivre chez elles en recevant l’aide nécessaire pour rester autonomes et en sécurité.
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[2] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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