Le 2 octobre, le gouvernement, dirigé par le nouveau Premier ministre Michel Barnier, a annoncé une série de mesures pour redresser les finances publiques. Parmi elles, une nouvelle qui inquiète particulièrement les retraités : l’augmentation des retraites en 2025, initialement prévue pour janvier, sera reportée au 1er juillet 2025. Quelles sont les raisons derrière cette décision, et quelles en seront les conséquences pour les retraités français ?

Pourquoi reporter l’augmentation des retraites 2025 au 1er juillet ?

Dans le cadre du budget 2025, le gouvernement de Michel Barnier appelle à un effort collectif pour réduire le déficit public. Objectif : économiser 60 milliards d’euros, avec un mélange de baisses des dépenses publiques et de hausses d’impôts ciblées. Le report de six mois de la revalorisation des retraites est l’une des mesures phares.

retraitée dans l'attente de l'augmentation des retraites en 2025

Une économie de 3 à 4 milliards d’euros

Selon le ministère du Travail, ce report devrait générer des économies de 3 à 4 milliards d’euros. Initialement, les pensions devaient être revalorisées dès janvier 2025 en fonction de l’inflation de 2024, mais le report à juillet permet à l’État de différer cet ajustement et de limiter temporairement ses dépenses.

Le rapport 2024 de la COR

Le gouvernement justifie cette décision en mettant en avant la situation favorable des retraités en France, comparée à d’autres pays occidentaux. Selon le rapport 2024 du Conseil d’orientation des retraites (COR), la France et l’Italie sont les deux pays où le niveau de vie des retraités est le plus élevé.

  • Avec un patrimoine moyen de 300 000 euros, 62 % des retraités sont propriétaires de leur logement, ayant souvent remboursé leur crédit immobilier, tandis que seulement 17 % des personnes de moins de 50 ans peuvent en dire autant.
  • Le taux de pauvreté chez les retraités reste l’un des plus bas en France : il s’élève à 10,6 % pour les 65-74 ans et à 11,4 % pour les 75 ans et plus, ce qui est inférieur à celui des autres tranches d’âge de la population.

Toutefois, le rapport prévoit des déficits croissants dans les années à venir, avec des projections négatives jusqu’en 2070.

Dans un contexte où les pensions ont déjà été augmentées en 2024, Michel Barnier parle d’un « effort raisonnable ». Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, souligne que ce report permettra un « lissage » des augmentations, évitant ainsi un déséquilibre budgétaire tout en maintenant l’indexation des retraites sur l’inflation à partir de juillet 2025.

Gel temporaire de revalorisation des retraites : quelles conséquences pour les retraités ?

L’absence de revalorisation des retraites au 1er janvier 2025 aura un impact direct sur l’ensemble des retraités du régime général, quel que soit le montant de leur pension, soit environ 15 millions de personnes. Les retraités les plus modestes, notamment les deux millions vivant sous le seuil de pauvreté en France touchant le minimum contributif, seront particulièrement affectés.

senior avec une petite retraite

Jusqu’à -150 € de pouvoir d’achat

Pour les petites retraites, ce gel de six mois représente un vrai manque à gagner.

Par exemple, pour les retraités percevant une pension moyenne de 1 500 euros par mois, ce report représente un manque à gagner de 15 euros par mois pendant six mois, soit un total de 90 euros sur cette période. Pour de nombreux retraités aux revenus modestes, cette perte de revenu constitue un véritable sacrifice.

Toutefois, la pension de base étant plafonnée, le manque à gagner restera inférieur à 200 €, quel que soit le niveau de revenus des retraités. Son montant brut doit se limiter à 50 % du plafond mensuel de la Sécurité sociale qui s’élève à 3 864 € en 2024. Elle ne peut donc dépasser 1 932 € brut par mois, ce qui représente environ 1 500 € net.

Une hausse finale des retraites de 1,8 %

En juillet 2025, la revalorisation des pensions sera probablement inférieure aux attentes initiales. Avec une prévision d’inflation comprise entre 1,5 % et 1,8 %, contre les 2,4 % à 2,6 % initialement annoncés, l’augmentation sera moins forte que prévue, d’après les données de la Commission des comptes de la Sécurité sociale.

Depuis 2017, les pensions de retraite ont augmenté de seulement 13,6 %, tandis que l’inflation cumulée sur la même période a atteint 19,5 %, selon l’INSEE. Ce décalage souligne la perte de pouvoir d’achat progressive des retraités.

Décaler l’indexation des pensions : une décision controversée

Ce report suscite de vives critiques, notamment de la part des syndicats et même de certains membres de la majorité. 

Une injustice pour les retraités

Pour les syndicats, cette décision est perçue comme une « ponction injuste » sur les retraites, d’autant plus que les retraités n’auront bénéficié d’aucune revalorisation entre janvier 2024 et juillet 2025.

Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), le niveau de vie moyen des retraités est aujourd’hui « globalement équivalent » à celui de l’ensemble de la population. En 2021, il était de 2 188 euros par mois, contre 2 218 euros pour l’ensemble des Français et 2 428 euros pour les actifs. 

Une nouvelle épreuve financière

Les retraités, déjà touchés par l’augmentation de la CSG en 2018 ainsi que par la hausse des coûts de l’énergie et de l’alimentation, perçoivent ce report comme un nouveau coup porté à leur pouvoir d’achat. À cela s’ajoute la réduction des remboursements de la Sécurité sociale et l’augmentation des cotisations des complémentaires santé, qui pèsent encore davantage sur leurs finances.

Si depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, certains estiment avoir perdu l’équivalent de plusieurs mois de pension en termes réels… Selon l’Ifrap, ces reports de date ont déjà été utilisés par le gouvernement en 2009, 2014, 2015 et 2018. Soit 2 ans et 9 mois de réévaluation perdu depuis 2013.

Le report de la revalorisation des pensions à juillet 2025 s’inscrit dans une volonté du gouvernement de rétablir les finances publiques. Cependant, cette décision pourrait accroître le sentiment de précarité des retraités modestes et accentuer l’écart de pouvoir d’achat entre actifs et retraités. Alors que l’inflation semble s’atténuer, la hausse initialement prévue pourrait être revue à la baisse d’ici mi-2025, avec une augmentation de seulement 1,5 %.

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Commentaires (17)

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  1. Thierry Prunier

    2,2%x1200€ en Moyenne et pendant 6 mois pou 15 millions de personnes ça fait 2,4 milliards euros. Où sont passés les 1,6 milliards qui manque t?

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour,

      Merci de votre commentaire.

      Ce type d’écart pourrait être lié à des différences dans les hypothèses de calcul, les bénéficiaires concernés, ou des dépenses associées. Pour une réponse précise, il faudrait consulter les données officielles.

      Bonne journée,
      Amandine.

      Répondre
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