Ce dimanche 28 juillet, une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique JAMA dévoile les très bons résultats d'un test sanguin pour diagnostiquer la maladie d'Alzheimer, 20 ans avant l'apparition des symptômes. Autrement dit, une simple prise de sang permettrait de prendre en charge plus tôt un patient atteint d'Alzheimer[1] et d'améliorer son quotidien. Ce test simple, non invasif et peu coûteux serait beaucoup plus efficace à un stade précoce qu'une consultation par un médecin ou même un neurologue. Explications.
Bientôt une simple prise de sang pour dépister la maladie d'Alzheimer ?
Actuellement, le diagnostic de la maladie d'Alzheimer effectué par le médecin repose sur plusieurs méthodes :
- Une prise de sang pour détecter des biomarqueurs spécifiques.
- Une anamnèse auprès de l'entourage du patient pour recueillir des informations sur les symptômes de la démence : changements de comportement et de mémoire, des tests cognitifs pour évaluer la mémoire et d'autres fonctions mentales.
- Des examens d'imagerie tels que l'IRM, la ponction du liquide céphalorachidien et la tomographie par émission de postions (TEP) pour détecter les signes de la maladie dans le cerveau.
Souvent dépisté à un stade avancé, ce diagnostic long et complexe ne permet de confirmer la maladie que dans 61 à 73 % des cas. Or, cet été, une équipe de scientifiques a développé un nouveau test sanguin capable de détecter cette maladie dégénérative avec une précision de 91 %.
Deux biomarqueurs Alzheimer présents, 20 ans avant le diagnostic
Les biomarqueurs sont des indicateurs de mesure de l'état de santé. Lors des dernières recherches, les scientifiques de l'Université de Caroline du Nord se sont concentrés sur deux biomarqueurs spécifiques à la maladie d'Alzheimer et présents dans les analyses sanguines.
Objectif et déroulé de l'étude
Pour leur étude, 15 792 personnes ont été soumises à des tests cognitifs depuis la fin des années 1980 pour observer les biomarqueurs sanguins liés à la démence, tels que :
- La protéine tau 217 phosphorylée plasmatique (ou p-tau 217), qui tend à s’agréger anormalement dans le cerveau des malades.
- Le rapport amyloïde 42/40, qui mesure les niveaux de deux types de protéines amyloïdes susceptibles de s'accumuler en plaques dans le cerveau.
Sur cette cohorte, seuls les biomarqueurs plasmatiques de 1 525 personnes ont été mesurés :
- En 1993-1995, alors qu'ils avaient 58,3 ans en moyenne,
- En 2011-2013 (âge moyen de 76 ans),
- En 2019.
L'objectif est de suivre l'évolution de ces indicateurs sanguins de démence au fil du temps, d'identifier les facteurs qui leur sont associés, puis de les évaluer par rapport aux différents types de démences et aux causes de décès survenant tard dans la vie.
Découvertes et significations des résultats
Lors du dernier test, en 2019, 23 % des participants présentaient un déclin cognitif subjectif, 44 % une déficience cognitive légère et 33 % étaient atteints de démence.
Ces résultats relèvent d'autres indicateurs concernant l'évolution des biomarqueurs :
- Le ratio entre deux types de peptides amyloïdes (Abêta42 et Abêta40) diminue avec le temps.
- Les taux de certaines protéines, comme la tau phosphorylée (p-tau181), le neurofilament à chaîne légère (NfL) et la protéine acide fibrillaire gliale (GFAP), augmentent avec l'âge, particulièrement chez les personnes ayant un gène spécifique (ApoE4) lié à un risque plus élevé d'Alzheimer.
Les facteurs de risque
Les personnes ayant une hypertension ou un diabète à mi-vie présentent des augmentations plus rapides des taux de NfL et GFAP.
Par contre, aucune association significative n'a été trouvée entre les niveaux de lipides, les maladies coronariennes, le tabagisme ou un faible niveau d'activité physique et les biomarqueurs de la démence.
Ainsi, 20 ans après les premières mesures, les niveaux de tous les biomarqueurs étudiés étaient significativement liés à la démence. Les biomarqueurs NfL et GFAP, en particulier, pourraient être utilisés pour suivre l'efficacité des interventions visant à réduire les risques vasculaires à mi-vie et ainsi prévenir les lésions cérébrales.
Un nouvel espoir pour éviter la maladie d'Alzheimer ?
D'après la CNN, ces tests sanguins pourraient réduire le délai d'attente entre six et treize mois. Lorsque l'on sait que diagnostiquer la maladie d'Alzheimer peut prendre plusieurs années, cette étude fonde forcément beaucoup d'espoir auprès des millions de malades d'Alzheimer.
Avant cela, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer les résultats. Les médecins doivent être formés et suivre des directives cliniques claires pour une bonne utilisation du test et ses différentes interprétations possibles, a déclaré le Pr Richard Isaacson, directeur de recherche à l'Institut des maladies neurodégénératives de Floride.
Dans un premier temps utilisé dans les cliniques spécialisées dans la mémoire, il faudra attendre un à deux ans avant un potentiel acte médical chez votre médecin traitant.
En démontrant que les modifications des biomarqueurs spécifiques de la maladie d'Alzheimer commencent dès le milieu de la vie, cette nouvelle étude pourrait ouvrir la voie à des interventions ciblant les facteurs de risque vasculaire à cet âge. Cependant, Yifei Lu et ses collègues de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill soulignent que l'évolution des biomarqueurs plasmatiques au cours de la phase présymptomatique reste mal comprise. Ainsi, bien que ce test soit déjà disponible aux États-Unis, des pays comme la France devront attendre l'approbation des autorités sanitaires. En attendant, plusieurs bonnes habitudes peuvent aider à retarder l'apparition des premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer.
Sources :
https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2821669
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[1] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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