Recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, disparition des régimes spéciaux… Les mesures de la réforme des retraites ont été présentées au Conseil des ministres. Mais elles ne font pas toutes l’unanimité, tant s’en faut.
Alors que le Parlement a 20 jours pour examiner le projet de loi, une journée de mobilisation est prévue le 31 janvier ainsi que de nouvelles grèves. Les syndicats des régimes spéciaux et les autres Français « perdants » face aux changements prévus élèvent la voix contre une réforme jugée trop violente.
Un recul de l’âge légal du départ en retraite qui ne passe pas
L’un des fondements de la réforme des retraites est l’allongement de la durée de cotisation. Le but : éviter un déficit du système de retraite, dû à un déséquilibre démographique. Il n’y a pas assez de cotisants par rapport au nombre de retraités grandissant.
Un départ en retraite fixé à 64 ans contre 62 ans actuellement
Le projet de réforme prévoit ainsi de reculer l’âge légal du départ en retraite de 3 mois par an. Cette mesure devrait être mise en œuvre graduellement, à partir du 1er septembre 2023, pour atteindre l’âge cible de 64 ans en 2030.
Les Français ne veulent pas travailler plus longtemps
Mais le recul de l’âge de départ à la retraite est rejeté par tous les syndicats. Le 19 janvier, la première journée de mobilisation a fait sortir dans les rues entre 1 et 2 millions de Français.
Quant aux députés insoumis, ils annoncent qu’ils déposeront des milliers d’amendements pour faire obstruction à la loi.
Une durée de cotisation de 43 ans dès 2027
Le gouvernement prévoit de relever la durée d’assurance requise à 43 annuités (172 trimestres) d’ici 2027. Pour ce faire, la durée de cotisation sera allongée de trois mois par an.
Résultat : les retraités nés entre le dernier trimestre de 1961 et 1972 devront travailler entre 1 et 3 trimestres de plus (3 à 9 mois). Avec une entrée en vigueur en septembre, des personnes qui pensaient partir en retraite à la fin de l’année se voient contraintes de reporter leurs projets…
Les femmes pénalisées par le recul du départ en retraite
Les femmes utilisent des trimestres validés par enfant pour atteindre la durée de cotisation requise. Mais avec le recul de l’âge légal du départ à la retraite, elles devront continuer à travailler même si elles ont acquis suffisamment de trimestres
Avec la réforme des retraites:
Les femmes devront travailler plus longtemps que les hommes
déplore la députée insoumise Clémentine Autain
D’après une étude d’impact du gouvernement :
- les femmes travailleront en moyenne 7 mois de plus,
- les hommes travailleront en moyenne 5 mois de plus.
Plus de reconnaissance des carrières longues — Oui, mais…
De nombreuses personnes ont commencé à travailler jeunes et seraient pénalisées par le relèvement de l’âge de la retraite. C’est pourquoi, le dispositif carrières longues est revu.
Un départ possible dès 58 ans pour ceux qui ont commencé le plus tôt
Le dispositif carrières longues concerne les personnes qui totalisent 5 trimestres d’assurance avant la fin de leurs 20 ans :
Âge du début de l’activité | Âge de départ possible | Durée d’assurance requise |
Avant 16 ans | 58 ans | Durée d’assurance cotisée plus un an (au lieu de deux) = 44 ans |
Entre 16 et 18 ans | 60 ans | 44 ans |
Entre 18 et 20 ans | 62 ans | 43 ans |
Une durée de cotisation plus longue pour certains Français
Nous n’irons pas au-delà des 43 années de cotisations pour avoir une retraite à taux plein.
a affirmé Élisabeth Borne début janvier
Pourtant, les personnes qui ont commencé à travailler avant 18 ans devront cotiser 44 ans et non 43, comme les autres Français.
Même une personne ayant commencé à 18 ans devra finalement cotiser plus longtemps, puisqu’elle doit attendre l’âge de 62 ans, même s’il a déjà ses 43 trimestres… De quoi fâcher l’opposition.
Les syndicats disent non à la disparition progressive des régimes spéciaux
Le gouvernement considère que les régimes spéciaux ne sont plus justifiés. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a même affirmé qu’ils étaient « archaïques » et « injustes ». Mais les syndicats ne voient pas les choses de cette façon…
Disparition progressive des régimes spéciaux
Les régimes spéciaux de retraite suivants vont peu à peu être fermés :
- RATP,
- Industries électriques et gazières (IEG),
- clercs et employés de notaires,
- personnels de la Banque de France,
- membres du Conseil économique social et environnemental (CESE).
Les personnes embauchées dans ces secteurs à partir du 1er septembre 2023 seront affiliées au régime général (« clause du grand-père »).
Le recul progressif de l’âge légal de la retraite de deux ans sera aussi appliqué aux salariés actuels de ces régimes spéciaux, en respectant les spécificités de leur assurance. Des négociations auront lieu pour définir les conditions d’application de la réforme.
Franche opposition des syndicats à la suppression des régimes spéciaux
Les syndicats des régimes spéciaux font front commun contre la mesure impactant leurs assurés. Leurs doléances :
- les salariés actuels — qui bénéficiaient d’un départ anticipé — protestent contre le recul de l’âge de départ à la retraite qui les concerne aussi ;
- les nouveaux embauchés des industries concernées ne disposeront pas des mêmes avantages que leurs aînés. Cette « clause du grand-père » créera des disparités au sein des entreprises ;
- cette clause pourrait entraîner des déséquilibres dans 5 à 10 ans, avec plus de retraités que de cotisants dans les caisses des régimes spéciaux.
La fonction publique proteste contre les changements qui la touchent aussi
L’âge d’ouverture des droits et la durée de cotisation seront également augmentés graduellement de deux ans pour les employés de la fonction publique.
Seuls les fonctionnaires en « catégories actives » et les militaires gardent leur droit de partir 5 à 10 ans avant l’âge légal.
Lors de la première mobilisation contre la réforme, la grève a été suivie par près d’un tiers des employés de la fonction publique qui se sentent aussi lésés par la réforme.
Revalorisation de la pension de retraite : qui est concerné ?
Les économies faites en repoussant l’âge d’ouverture des droits permettront d’augmenter les pensions. Mais tous les Français ne sont pas concernés.
Une pension minimale de 1 200 € brut
Le minimum de pension sera augmenté de 100 € par mois à compter du 1er septembre 2023 pour une carrière complète, afin d’atteindre un minimum de 85 % du SMIC net, soit 1 200 €. La pension minimale sera indexée sur le SMIC et non sur l’inflation.
Les travailleurs concernés sont les :
- salariés,
- artisans-commerçants,
- agriculteurs.
La pension à 1 200 € ne concernera pas tous les actifs
La pension minimale à 1 200 € brut par mois concerne les personnes payées au SMIC tout au long de leur activité et qui ont une carrière complète.
Beaucoup de personnes handicapées ont travaillé en temps partiel et sont loin d’avoir une carrière complète au SMIC. C’est ce que rappellent les associations défendant les personnes en situation de handicap. Celles-ci, comme bien d’autres travailleurs modestes et ayan besoin d'aide financières, ne toucheront pas les 1 200 € promis.
En effet, le minimum de pension ne doit pas être confondu avec l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). C’est ce minimum vieillesse[1] qui est attribué aux personnes qui ont très peu ou pas cotisé à un régime de retraite. L’ASPA s’élève à 961 € (depuis le 1er juillet 2022).
Le projet de réforme des retraites est à présent entre les mains du Parlement pour examen, avant son entrée en vigueur le 1er septembre 2023. Les parlementaires parviendront-ils à concilier l’objectif d’équilibrer le système des retraites avec la volonté des Français qui font entendre leur opposition ?
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Le minimum vieillesse est une aide financière pour les personnes âgées ayant peu d’argent, pour s’assurer qu’elles ont un revenu suffisant pour vivre décemment.
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Je suis née en octobre 1962.
J’ai commencé de travailler le 1er juillet 1981 : 2 mois au Crédit Agricole,
– puis en entreprise à compter du 20 septembre 1981 jusqu’au 14 mars 1988.
– et depuis le 15 mars 1988, fonctionnaire territorial dans un conseil départemental.
J’aurais pu être en retraite, au titre de la carrière longue, à compter du 1er janvier 2023.
Pour des raisons personnelles, j’ai choisi de prolonger mon activité d’un an, soit jusqu’au 31/12/2023.
Je voulais savoir si mon choix et ma situation actuelle ont des conséquences sur la date prévue de mon départ, soit le 1er janvier 2024 et le cas échéant, lesquelles.
je vous remercie