La chute de trop ? Une hospitalisation prolongée ? La peur de laisser votre parent seul chez lui ? Et si c’était le bon moment pour envisager un EHPAD[1] ? Mais est-ce vraiment nécessaire… Ne serait-il pas trop tôt ? Comment être sûr de faire le bon choix pour votre proche, tout en respectant ses besoins et ses souhaits ? Placer un parent en établissement est toujours une lourde décision. Voici comment évaluer la situation et les signes d’alerte pour décider de franchir cette étape en toute sérénité, en accord avec votre parent et la famille. 

Identifier les signes de perte d’autonomie

Prendre soin ou visiter un parent âgé révèle des indices subtils – ou parfois flagrants – que son autonomie diminue

quand placer un parent en Ehpad

Difficultés dans les gestes du quotidien

Une vie autonome et sécurisée demande de savoir exécuter des tâches de la vie quotidienne. Qu’en est-il de votre parent ?

  • Se laver : oublie-t-il ou néglige-t-il de se laver régulièrement, ou a-t-il besoin d’aide pour monter dans la baignoire ou utiliser la douche ?
  • S’habiller : a-t-il des difficultés à enfiler ses vêtements, à choisir des habits adaptés à la météo ou à changer régulièrement de tenue ?
  • Préparer ses repas : les plats cuisinés sont-ils remplacés par des collations ou des aliments prêts à consommer, faute d’énergie ou de capacité à cuisiner ?
  • Gérer ses médicaments : des oublis, des erreurs de dosage ou des traitements non suivis peuvent entraîner des complications médicales.

Si souvent, ces petites difficultés sont banalisées ou compensées par la famille, elles peuvent rapidement s’aggraver et compromettre la sécurité ou la santé de votre proche.

Les comportements à risque

Un autre danger à anticiper, tant pour votre parent que pour son entourage, est celui lié aux troubles cognitifs, responsables des :

  • Oublis dangereux : une plaque de cuisson laissée allumée, un robinet ouvert ou des factures impayées sont des indicateurs de troubles de la mémoire ou de l’attention.
  • Chutes fréquentes : des pertes d’équilibre, des trébuchements ou des glissades peuvent être causés par une faiblesse musculaire, une mauvaise coordination ou un environnement non adapté (tapis glissants, escaliers).
  • Errances nocturnes : si votre parent se lève régulièrement la nuit sans raison apparente, quitte la maison ou se perd, cela peut signaler une confusion mentale[3] ou une pathologie comme la maladie d’Alzheimer[2].
  • Refus d’aide ou comportements agressifs liés à certains troubles psychologiques ou cognitifs.

Au début occasionnels, ces comportements finissent par se répéter jusqu’à devenir incontrôlables ou provoquer des accidents graves.

Évaluer le soutien familial disponible

Prendre soin d’un proche en perte d’autonomie est une responsabilité qui pèse lourd sur les épaules des familles. 

La charge mentale pour la famille

S’occuper d’un parent âgé en perte d’autonomie reste une expérience fatigante et chargée d’émotions et de tensions intenses. Restez alerte sur le moindre signe de burnout chez l’aidant familial :

  • L’épuisement physique entre le travail, la vie personnelle et les soins à prodiguer.
  • Fatigue émotionnelle : voir son proche perdre son autonomie suscite de la tristesse, de la culpabilité ou de l’impuissance.
  • Conflits familiaux liés à des désaccords sur la répartition des tâches ou sur la prise de décisions importantes (comme le choix d’un EHPAD).

Le moindre signe d’irritabilité, fatigue chronique, isolement, troubles du sommeil peut indiquer que l’accompagnement à domicile atteint ses limites.

Une décision collaborative

discussion pour placer un parent en Ehpad

Placer un parent en EHPAD est une décision qui ne doit reposer que sur une seule personne. Ce choix implique un accord entre tous les membres de la famille, le parent concerné (s’il en a les facultés) et les professionnels (un travailleur social ou un conseiller en guise de médiateur).

Analyser les besoins médicaux et l’accès aux soins

Lorsque l’état de santé d’un parent se dégrade, son domicile répond-il à ses besoins médicaux ?

L’avis médical 

Au-delà de votre propre jugement, interrogez les professionnels qui accompagnent votre parent. Le médecin traitant, les infirmières à domicile et le personnel soignant sauront vous alerter sur l’évolution de l’état de santé général, l’aggravation de la perte d’autonomie ou sur la lourdeur des soins futurs, souvent permanents et spécialisés.

Les faux frais des soins à domicile

L’autre aspect à considérer est le coût du maintien à domicile[4]. Si cette solution semble plus confortable, elle n’est pas sans contraintes financières et logistiques :

  • Le coût des interventions spécialisées : les services d’un infirmier, d’un kinésithérapeute[5] ou d’un ergothérapeute à domicile et les équipements spécifiques (lit médicalisé, fauteuil roulant, monte-escalier).
  • Les frais de transport : les allers-retours fréquents pour des consultations ou des soins spécialisés accumulent des dépenses et du temps.
  • La charge administrative : gérer les plannings des intervenants, les démarches pour les aides financières (comme l’APA) ou encore les remboursements.

Observer les liens sociaux et l’état moral du parent 

L’isolement social est souvent l’une des premières causes d’un déclin moral chez les personnes âgées. Il se manifeste par :

  • Le refus systématique de participer à des activités, des invitations ou des loisirs habituels traduit une perte de motivation ou de plaisir.
  • La diminution des interactions sociales : si votre parent évite de recevoir des visites, de passer des appels ou de sortir de chez lui.
  • Les changements dans le comportement : la tristesse, l’irritabilité, l’apathie ou les troubles du sommeil peuvent être des symptômes de dépression[6]
  • Les symptômes de glissement : ce phénomène désigne un état de renoncement progressif, où la personne cesse de prendre soin d’elle-même et montre une perte d’intérêt généralisée…déclenché par une solitude prolongée ou des événements difficiles, comme la perte d’un conjoint.

Les EHPAD ne se limitent pas à offrir des soins médicaux : ils proposent aussi un cadre de vie stimulant et collectif, conçu pour rompre avec l’isolement et favoriser l’épanouissement social des résidents.

Préparer les finances et l’éligibilité aux subventions 

Placer un parent en EHPAD représente un engagement financier conséquent qu’il faut anticiper :

  • Comparer le coût des maisons de retraite, les services et les contrats des établissements de votre région
  • Définir les ressources du parent et le taux de contribution possible des membres de la famille concernés (obligation alimentaire).
  • Faire des demandes de subvention auprès des aides de l’État (APA, APL, AHA, réduction fiscale sur l’hébergement en EHPAD…) et des caisses de retraites. 
  • Anticiper les délais de réponses aux subventions et aux admissions aux EHPAD (tous les établissements ne sont pas éligibles à l’APL ou à l’ASH).
Signes indiquant qu’il est peut-être temps d’envisager un placement en EHPAD
Critères
Signes d’alerte
Déclin de l’autonomie
Difficultés à accomplir les gestes quotidiens : toilette, habillage, préparation des repas, gestion des médicaments
Comportements dangereux
  • Oublis mettant en péril sa sécurité (gaz ouvert, eau qui coule, factures impayées)
  • Chutes récurrentes
  • Errance nocturne
Troubles cognitifs
  • Perte de repères
  • Confusion grandissante
  • Agressivité inexpliquée
  • Rejet des aides proposées
Fatigue des proches aidants
  • Épuisement physique et mental
  • Conflits familiaux
  • Surcharge émotionnelle face à la dépendance[7] croissante
Besoins médicaux accrus
  • Soins de plus en plus lourds
  • Interventions médicales fréquentes
  • Difficulté à adapter le domicile aux besoins
Isolement social
  • Désintérêt pour les activités
  • Repli sur soi
  • Refus des visites et interactions
  • Symptômes de dépression
Poids financier du maintien à domicile
  • Coût des soins à domicile
  • Frais de transport élevés
  • Complexité administrative liée aux aides et aux intervenants

Prendre la décision de placer un parent en EHPAD est une démarche qui demande du temps, de la réflexion et de la concertation. Avant de vous décider, prenez le temps de visiter les établissements, d’échanger avec le personnel et les résidents et d’observer les lieux de vie. En plus de rassurer votre proche, ces visites permettent aussi de mieux comprendre l’environnement proposé et d’évaluer s’il correspond à ses attentes.

Questions fréquentes

Combien coûte un EHPAD en moyenne ?

Le prix varie selon la région, le standing et les services proposés. En France, le coût moyen est d’environ 2 000 à 3 500 € par mois, mais peut dépasser 6 000 € dans certains établissements parisiens. Ce tarif inclut l’hébergement, la restauration et l’accompagnement médical.

Quels sont les délais d’admission en EHPAD ?

Les délais varient selon la demande et la localisation. Dans certaines zones, l’attente peut être de quelques semaines à plusieurs mois. Il est conseillé de déposer plusieurs dossiers en parallèle et d’anticiper en inscrivant son proche sur liste d’attente dès que le besoin se profile.

Que faire quand un parent refuse l’entrée en EHAPD ?

Un parent en pleine capacité doit consentir à son placement en EHPAD. En cas de refus, un dialogue avec un médecin, un travailleur social ou un psychologue peut aider. Si l’état de santé met en danger sa sécurité, une mise sous tutelle[8] ou curatelle[9] peut être envisagée. Même sous protection juridique, une personne est en droit de choisir son lieu de vie. Toutefois, lorsqu’elle n’en est pas capable, ces mesures permettent de demander au juge des contentieux à la protection ou au conseil de famille de statuer.

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Commentaires (10)

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  1. Marie-odile Lehnert

    Les Ehpads ne sont pas des établissements médicalisés mais des établissements d’hébergement.
    Il faut être autonome pour aller aux animations.

    Répondre
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