C’est souvent lorsqu’une crise intervient que les familles commencent à évoquer l’entrée en maison de retraite. Pour votre proche âgé, quitter son domicile est loin d’être une démarche facile à entreprendre. Si vous attendez le dernier moment, vous risquez de vous heurter à son opposition, malgré l’urgence. Évoquer l’accueil en établissement en amont vous permettra d’aborder le sujet sereinement et d’être prêt si le besoin s’en fait sentir un jour. Retrouvez les conseils de Cap Retraite pour faciliter cette discussion délicate avec votre parent.
Abordez la question de l’entrée en maison de retraite en amont
Envisager l’accueil en maison de retraite d’un proche âgé est souvent la plus difficile décision qu’un enfant doit faire avec ses parents. Neuf personnes âgées sur dix vivent encore à domicile à 75 ans et plus, malgré la perte d’autonomie pour certaines d’entre elles. La majorité des Français préfèrent le maintien à domicile[1] à l’accueil en maison de retraite et vos parents âgés ne font sûrement pas exception à la règle.
De nombreux seniors ne sont pas toujours très réalistes sur leurs capacités à se prendre en charge jusqu’à la fin de leurs jours. C’est là que les enfants et les autres membres de la famille ont un rôle important à jouer dans l’identification d’un éventuel état de dépendance[2] nécessitant une prise en charge en maison de retraite.
Quel que soit l’âge de votre parent âgé, il est important d’évoquer sa prise en charge future le plus tôt possible. Si vous engagez une telle discussion suffisamment tôt, des mots comme maison de retraite ou Ehpad[3] seront moins effrayants lorsque le besoin d’un accompagnement adapté se fera sentir.
Concentrez-vous sur vos inquiétudes et non les problèmes de votre proche
La meilleure façon de convaincre vos parents âgés qu’il est temps d’aller en maison de retraite, reste encore de ne pas avoir besoin de les convaincre. Évoquer régulièrement le futur et la possibilité d’une éventuelle perte d’autonomie ou d’une autre raison rendant un accueil en Ehpad nécessaire permettra d’éviter les conflits liés à une discussion tenue en temps de crise.
Il est recommandé de parler de vos inquiétudes face à la prise en charge de votre parent âgé plutôt que d’évoquer ses problèmes. Si vous dites à votre proche : « Tu dois aller en maison de retraite » ou « Tu ne peux plus vivre chez toi », il risque de se refermer sur lui-même. Il est préférable de dire par exemple : « Papa, je suis inquiet pour toi. Je suis chagriné de te voir comme ça. »
La majorité des parents ne souhaitent pas devenir un poids pour leurs enfants. Votre proche réagira mieux à l’évocation de la vie en maison de retraite, si vous exprimez sincèrement vos propres inquiétudes. Cette approche facilite la communication et peut faire toute la différence.
Conseillez à votre parent de visiter une maison de retraite
Il n’existe pas de stratégie infaillible pour convaincre votre parent d’entrer en maison de retraite lorsque le besoin s’en fait sentir. Il peut néanmoins être utile de demander à votre proche de « vous faire plaisir » en allant visiter une maison de retraite pour se faire une idée de ce que pourrait lui apporter la prise en charge en établissement.
Il sera plus facile pour votre proche de changer de mode de vie si la décision vient de lui. Lorsque vous pressez votre parent à changer d’avis, il y a plus de risques qu’il tente de résister, quelle que soit la solidité de vos arguments pour l’entrée en maison de retraite.
Expliquez à votre parent que vous ne pouvez ni ne souhaitez prendre de décisions à sa place sur la façon dont il doit mener sa vie, mais que vous vous sentiriez mieux s’il acceptait de visiter quelques maisons de retraite pour mieux connaître les options existantes.
Si votre proche accepte de visiter une maison de retraite, n’attendez pas pour prendre des rendez-vous avec les établissements susceptibles d’être adaptés à ses besoins. Vous pouvez également évoquer avec lui la possibilité d’un séjour en hébergement temporaire de quelques semaines pour l'aider à mieux connaître ce nouveau mode de vie. Votre parent connaîtra mieux toutes les facettes de l’hébergement en maison de retraite et pourra prendre sa décision en connaissance de cause.
Si votre parent continue à s’opposer à la maison de retraite
Si malgré tous ces efforts, votre proche n’est toujours pas convaincu de la nécessité d’une entrée en maison de retraite, il est recommandé d’abandonner le sujet le temps que les esprits se calment. Vous pourrez y revenir plus tard lorsque la situation s’y prête. Le placement en Ehpad sans consentement va à l'encontre des droits du senior et est délétère pour vos relations familiales. C’est parfois seulement lorsque la perte d’un d’autonomie devient de plus en plus difficile à assumer que la personne âgée prend toute la mesure de vos arguments pour l’entrée en maison de retraite.
Continuez à évoquer les différentes options de prise en charge en comparant honnêtement les avantages et inconvénients de chaque alternative, sur le plan du budget et de la sécurité de votre proche. Vous pouvez notamment expliquer ce qu'implique le maintien à domicile : aménagement du logement, téléassistance et services d'aide à la personne. Vous pourrez comparer les coûts et les conséquences sur le plan de sa santé et de sa sécurité. Votre parent vous sera reconnaissant d’avoir eu la patience d’attendre qu’il soit prêt psychologiquement au changement.
L’entrée en Ehpad sans consentement est-elle possible ?
La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement, entrée en vigueur le 1er janvier 2016, réaffirme l’importance du consentement de la personne âgée à son entrée en maison de retraite.
La loi du 28 décembre 2015 affirme : « la personne âgée en perte d’autonomie a droit à des aides adaptées à ses besoins et à ses ressources, dans le respect de son projet de vie, pour répondre aux conséquences de sa perte d’autonomie, quels que soient la nature de sa déficience et son mode de vie » (article L113-1-1). Cet énoncé sous-entend la notion de consentement à ces différentes formes d’aides, qu’il s’agisse d’une prise en charge à domicile ou en établissement.
A priori, l’entrée en Ehpad d’une personne âgée capable de prendre des décisions n’est pas possible contre sa volonté.
Néanmoins, les facultés du senior sont parfois altérées au point qu’il ne peut donner son consentement éclairé à un accueil en établissement. C'est le cas notamment s'il souffre de la maladie d'Alzheimer[4] ou d'un trouble apparenté. Son refus résulte alors souvent d’une incompréhension de la situation et peut le mettre en danger, s'il reste à domicile sans aide adaptée.
Dans ce cas, les proches aidants peuvent demander une mise sous protection juridique. Le but : pouvoir l’aider dans la gestion de son patrimoine, mais aussi de sa personne. Le Code civil relatif aux mesures de protection judiciaire stipule certes que la personne conserve sa liberté quant aux décisions purement personnelles. Le lieu où le majeur habite en fait partie : « La personne protégée choisit le lieu de sa résidence », stipule l’article 459-2 du Code civil.
Néanmoins, ce même article ajoute : « En cas de difficulté, le juge ou le conseil de famille s’il a été constitué statue. »
Par conséquent, il est possible de faire entrer une personne placée sous tutelle[5] en maison de retraite sans son consentement lorsque son état l’exige. Dans ce cas, le tuteur devra s’adresser au juge des contentieux de la protection (ancien juge des tutelles[6]) ou au conseil de famille, lorsqu’il existe. Il est important de justifier la requête en fournissant un certificat médical du médecin traitant, qui expliquera pourquoi l’entrée en Ehpad s’impose.
C’est alors le tuteur qui signera le contrat de séjour[7] au moment de l’admission de la personne âgée en Ehpad.
Et vous, avez-vous des conseils pour évoquer l’entrée en maison de retraite avec un proche récalcitrant ? Comment avez-vous convaincu votre parent que la prise en charge en maison de retraite est la meilleure solution pour lui ?
Ma mère ne supporte pas la maison de retraite. Que faire ?
Voir un parent malheureux en maison de retraite peut être bouleversant. Vous souhaitez que votre mère soit bien prise en charge pour assurer sa sécurité. Cependant, la transition en maison de retraite ne va pas toujours sans heurts. Voici quelques conseils pour aider votre mère à mieux s'adapter à son nouvel environnement ou pour trouver une autre solution.
Reconnaître l’insatisfaction de votre parent
Le premier pas est de reconnaître que l'inconfort et l'insatisfaction peuvent être des réactions normales à une situation nouvelle. Toutefois, il est également possible que votre parent exprime un véritable besoin de changement face à un accompagnement mal adapté à ses besoins et attentes.
Parlez à votre mère de son mal-être. Écoutez-la activement et respectez ses sentiments en adoptant une attitude de compassion et d'empathie.
Soyez à l'écoute
Écouter activement signifie prêter vraiment attention, en faisant preuve d’ouverture d’esprit. Évitez d'interrompre votre mère, de tirer des conclusions hâtives ou de tenter de prouver qu'elle a tort.
Validez ses émotions sans chercher à les corriger ou à les minimiser. Utilisez des phrases comme « Je comprends que tu... » pour clarifier et confirmer sa perspective.
Respectez ses sentiments
Même si vous souhaitez améliorer la situation, évitez de lui imposer votre vision des choses. Respectez son autonomie en exprimant des idées et propositions, plutôt qu'en insistant sur des actions spécifiques.
Essayez de vous mettre à sa place et de lui offrir la compassion et la compréhension que vous aimeriez recevoir dans une situation similaire.
Encouragez les liens sociaux
Des relations amicales et enrichissantes peuvent apporter de la joie et du contentement.
Encouragez votre mère à nourrir ou à développer de nouvelles relations au sein de la maison de retraite.
Offrez un soutien respectueux
Bien que vous puissiez l'aider à comprendre les avantages de la maison de retraite, il est important de respecter ses souhaits autant que possible.
Encouragez-la à dresser une liste des choses qu'elle apprécie dans l’établissement, comme les repas préparés, le soutien personnel ou les nouvelles connexions sociales.
Invitez des membres de la famille ou des amis établis à lui rendre visite. Encouragez-la à participer aux activités pour augmenter les chances de se faire des amis.
Considérez d'autres solutions, si nécessaire
Si malgré tous vos efforts votre mère reste malheureuse, il peut être nécessaire d'explorer d'autres options correspondant mieux à ses besoins et à son style de vie.
Même la maison de retraite bénéficiant des meilleurs avis peut ne pas convenir à tout le monde. Des incompatibilités culturelles, de mode de vie, de personnalité ou spirituelles peuvent exister. Il est parfois nécessaire de trouver autre chose.
Les conseillers Cap Retraite peuvent vous aider à chercher un établissement plus adapté aux attentes de votre parent.
Question fréquente
L’habilitation familiale permet-elle le placement en Ehpad de la personne protégée ?
De même que la mise sous tutelle, l’habilitation familiale n’autorise pas automatiquement les aidants à placer la personne âgée en Ehpad sans la consulter.
Si le senior est dans l’incapacité d’exprimer sa volonté, la personne habilitée doit s’adresser au juge pour demander l’autorisation de faire les démarches nécessaires. Il faudra joindre un certificat médical circonstancié à la requête auprès du juge.
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Le maintien à domicile permet aux personnes âgées ou dépendantes de vivre chez elles en recevant l’aide nécessaire pour rester autonomes et en sécurité.
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[2] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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[3] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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[4] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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[5] Tutelle
La tutelle est un mesure de protection judiciaire où une personne est désignée pour prendre soin des affaires personnelles et financières d’une personne qui ne peut plus le faire elle-même…
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Le juge des tutelles est un magistrat dont les décisions ont pour but pour protéger et aider les personnes qui ne peuvent pas gérer seules leurs affaires ou leurs finances.
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Le contrat de séjour est un accord écrit qui détaille les conditions de vie, les services reçus et les coûts pour une personne accueillie dans un établissement.
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Maman , ça devient trop lourd j ai moi même 71 mais je ne sais pas comment aborder le sujet maison de retraite( 95 ans) elle y est complètement auposee il y a des intervenants tous les jours mais il faut quand même omniprésent je ne peux plus continuer…cela fait 14 ans que je m en occupe….merci de vos conseils!
Bonjour,
Merci pour votre commentaire,
Pour convaincre un parent âgé d’entrer en maison de retraite, exprimez votre fatigue et les défis que vous rencontrez, soulignez les avantages comme des soins professionnels et des activités sociales, et faites intervenir d’autre professionnel de santé pour appuyer la décision. Montrez de l’empathie et écoutez ses préoccupations.
Bonne journée,
Amandine.