Des chutes répétées et une dégradation de l'état de santé menacent la sécurité et le bien-être d'un proche âgé ? Si le placement en établissement d'un parent âgé vous semble évident, ce dernier peut ne pas être d'accord. Alors que faire si une personne âgée refuse d'entrer en maison de retraite ? Doit-on recueillir son consentement ? Qui détient le pouvoir de placer un proche contre son gré et comment convaincre le senior que cette solution est la meilleure voie à suivre pour son bien-être?
Pourquoi une personne âgée refuse-t-elle d'entrer en maison de retraite ?
Le choix d'entrer en maison de retraite est souvent un sujet délicat au sein des familles. Entre appréhension et préjugés, les raisons de refuser sont nombreuses et parfaitement légitimes, surtout pour ceux qui sont profondément attachés à leur environnement.
- La volonté de rester chez soi : Pour de nombreux seniors, quitter leur domicile est une perspective déchirante, synonyme de perte d'autonomie et de problèmes de santé potentiels associés à un nouvel environnement.
- La crainte de la solitude : L'idée de vivre parmi des inconnus dans une maison de retraite peut être source d'anxiété pour beaucoup. Ils redoutent également de ne pas recevoir de visites régulières, de se sentir coupés de leur cercle social et de se retrouver abandonnés.
- Les contraintes financières : Le coût élevé des maisons de retraite, souvent bien supérieur aux ressources financières des seniors, dissuade de nombreux individus. Certains refusent même catégoriquement d'imposer à leurs proches une contribution financière supplémentaire pour leur hébergement.
Comment convaincre le senior d'entrer en maison de retraite ?
Face à ces obstacles psychologiques, il est essentiel de prendre le temps d'informer, de rassurer en apportant tous les éléments de réponse avec pragmatisme et sensibilité.
Instaurer une communication saine
Aborder le sujet du placement en maison de retraite est souvent délicat pour les familles. Tant pour elles que pour le parent âgé, ce changement de vie reste bouleversant et chargé de culpabilité. C'est pourquoi le consentement préalable des membres de la famille proche est indispensable avant d'aborder le sujet. Chacun pourra ainsi tenter d'intégrer progressivement cette solution jusqu'à ce qu'elle devienne une évidence pour le senior.
Pour ce faire, la famille doit expliquer clairement les différentes étapes, dresser un constat de l'inconfort et des risques de danger de la situation actuelle… Et répondre à toutes les questions qui empêchent le senior de se projeter sereinement. Parmi les plus préoccupantes :
- Comment financer le coût de l'hébergement sans faire appel à l'entraide familiale ?
- Quelles sont les aides disponibles pour financer une partie des frais ?
- Que deviendra le domicile actuel ?
- Comment sont traités les résidents en maison de retraite ?
Visiter plusieurs établissements
Parfois, l'immersion au sein des lieux est plus impactante pour se rendre compte de l'ambiance et du fonctionnement d'une maison de retraite. C'est aussi l'occasion de rencontrer le personnel de l'établissement et les résidents, de visiter une chambre et de découvrir si les activités proposées sont adaptées aux goûts et aux capacités physiques du parent.
Ces visites permettent à la personne âgée de mieux se préparer, de se rassurer et de comparer les différents services.
Faire appel à un médiateur
En cas de désaccord ou de manque d'arguments, il est possible de faire appel à un médiateur familial. Parfois, les conseils et les réponses professionnelles d'une personne extérieure et neutre, comme un(e) assistant(e) social(e), sont plus facilement entendus et acceptés par les seniors. De plus, le professionnel peut accompagner les familles dans les démarches liées au placement d’un proche en maison de retraite, telles que :
- Effectuer des demandes d’aides financières.
- Réaliser les demandes d'adhésion à différents établissements.
Peut-on placer un senior en maison de retraite sans son consentement ?
Face à un refus, l'entourage peut être tenté de remplir un dossier d'admission sans le consentement du senior, surtout si ce dernier présente des signes de sénilité… Or cet acte est interdit par la loi.
Les personnes âgées autonomes
Selon la loi du 28 décembre 2015*, toute personne âgée en perte d’autonomie a « droit à des aides adaptées à ses besoins et à ses ressources, dans le respect de son projet de vie, pour répondre aux conséquences de sa perte d’autonomie, quelle que soit la nature de sa déficience et son mode de vie ». Ainsi, si le consentement du senior est obligatoire, l'établissement médicalisé s'assure également de son accord lors de la signature du contrat.
Les personnes âgées sous protection juridique
Si le senior ne dispose plus de son entière capacité à prendre des décisions, il doit pouvoir se reposer sur son représentant légal. Si ce dernier ne peut décider à sa place, en cas d'urgence, il est en droit de faire constater l'état de santé par le médecin traitant et de faire appel au juge des tutelles[1], le seul à pouvoir prendre une décision de placement en maison de retraite d'une personne âgée placée sous protection juridique.
Quelles solutions lorsqu'un parent refuse d'entrer en maison de retraite ?
Si les structures traditionnelles, les concepts ou les activités des maisons de retraite ne correspondent pas au projet de vie désiré pour le parent, il existe des alternatives moins conventionnelles mais tout aussi sécuritaires à lui soumettre.
Pour les personnes autonomes
Les résidences services seniors : ces structures, aux services plus haut de gamme, proposent des logements à la location ou à l'achat avec une prise en charge adéquate tout en conservant son autonomie.
Les colocations entre seniors : les habitats participatifs permettent aux seniors de briser la solitude tout en maintenant leur autonomie et en économisant sur le coût du loyer.
Pour les seniors non autonomes
Les habitats inclusifs sont des structures indépendantes qui accueillent des personnes âgées non autonomes, en leur proposant un projet de vie sociale.
L'accueil familial pour personne âgée consiste à vivre chez une famille avec d'autres seniors et un professionnel agréé qui assiste dans les actions du quotidien (lever, coucher, toilette, etc.).
Une assistance à domicile : la personne âgée peut bénéficier de services d'accompagnement tels que des soins infirmiers ou une aide au domicile. Au fil du temps, ces professionnels pourront gagner la confiance du senior pour constater, approuver et éventuellement le convaincre d'entrer en maison de retraite.
L'hébergement temporaire : certains Ehpads proposent des séjours de jour ou de nuit pour profiter des services médicalisés offerts par l'établissement tout en restant vivre chez eux. Cette solution est pratique pour les proches aidants, rassurés de savoir le senior en sécurité pendant leur absence. Cette solution peut s'envisager comme première étape avant une entrée définitive en maison de retraite. Habitué aux avantages de l'établissement médicalisé, le senior sera moins réticent à y entrer.
Dans le cadre des droits et des libertés, forcer une personne âgée à entrer en maison de retraite, même en situation de handicap, est une atteinte à l'intégrité corporelle et à la vie privée, jugée au même titre qu'un acte de maltraitance. Ainsi, si l'hébergement en structure spécialisée devient vital, parvenir à un consensus qui respecte l'intérêt supérieur de la personne âgée et dans le respect de sa dignité est la seule solution lorsque celle-ci refuse l’entrée en maison de retraite.
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Le juge des tutelles est un magistrat dont les décisions ont pour but pour protéger et aider les personnes qui ne peuvent pas gérer seules leurs affaires ou leurs finances.
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Malgré les aides a domicile 1H par jour les enfants pensent que le parent peut difficilement se débrouiller malgré les risque de chute seul ,il refuse les Ephad.Doit on assumer une surveillance 24H sur 24??
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est conseillé de contacter un service de conseil en gérontologie ou un professionnel de la santé pour discuter des options de prise en charge adaptées aux besoins spécifiques du parent.
Bonne journée.
Amandine