La question de la fermeture des unités protégées dans les EHPAD[1] fait débat depuis plusieurs années. En ce mois d'octobre 2024, alors que le vieillissement de la population s'accentue, cette problématique demeure d'une actualité brûlante. Les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes sont confrontés à des choix difficiles concernant la prise en charge des résidents souffrant de troubles cognitifs sévères. Faut-il privilégier la sécurité, quitte à restreindre les libertés, ou favoriser l'ouverture au détriment de la protection ? Plongeons au cœur de ce dilemme complexe qui soulève des enjeux éthiques, médicaux et sociétaux.

Qu'est-ce qu'une unité protégée en EHPAD ?

Avant d'aborder le fond du débat, il est essentiel de comprendre ce que sont ces fameuses unités protégées. Dans les EHPAD[1], on distingue principalement deux types de structures sécurisées :

L'Unité de Vie Protégée (UVP)

L'UVP est conçue pour accueillir des troubles du comportement modérés, souvent liés à la maladie d'Alzheimer[3] ou à des pathologies apparentées. Ses principales caractéristiques sont :

  • Une capacité limitée, généralement entre 10 et 20 résidents, jamais plus de 25
  • Un environnement sécurisé avec des aménagements spécifiques (parcours de déambulation, barres d'appui, zones de repos)
  • Des activités thérapeutiques visant à stimuler les capacités cognitives restantes
  • Une prise en charge personnalisée respectant le rythme de vie de chaque résident
résident en unité protégée bénéficiant d'un projet de soins personnalisé

L'Unité d'Hébergement Renforcé (UHR)

L'UHR, quant à elle, est destinée aux personnes souffrant de troubles du comportement sévères. Ses spécificités sont :

  • Une capacité restreinte de 12 à 14 résidents
  • Un accompagnement renforcé 24h/24
  • Un projet de soins élaboré en collaboration avec la famille et l'équipe soignante
  • La possibilité de retour dans l'unité classique si les troubles s'atténuent

Le fonctionnement des unités fermées : entre sécurité et stimulation

Les unités protégées en EHPAD[1] sont conçues pour offrir un environnement à la fois sécurisé et stimulant. Leur fonctionnement repose sur plusieurs piliers :

Un environnement architectural adapté

L'agencement des locaux est pensé pour réduire les risques de fugue tout en favorisant l'autonomie des résidents. On y trouve notamment :

  • Des dispositifs de sécurité comme des digicodes aux portes
  • Des serrures spéciales sur les fenêtres
  • Des espaces de déambulation sécurisés

Une équipe soignante spécialement formée

Les professionnels travaillant dans ces unités bénéficient de formations spécifiques pour :

  • Comprendre les comportements parfois déroutants des patients
  • Utiliser des techniques non médicamenteuses pour apaiser les angoisses
  • Stimuler les capacités cognitives restantes des résidents

Un projet de soins personnalisé et évolutif

Dès l'arrivée d'un nouveau résident, un projet de soins individualisé est mis en place. Ce projet est régulièrement réévalué et ajusté en fonction de l'évolution de l'état de santé de la personne.

L'implication des familles

Les proches des résidents sont encouragés à participer activement à la vie de l'unité. Leur rôle est crucial pour :

  • Apporter un soutien émotionnel aux résidents
  • Participer à certains soins du quotidien
  • Bénéficier de programmes d'aide aux aidants (soutien psychologique, formations)

Les arguments en faveur du maintien des unités fermées

Les partisans des unités protégées avancent plusieurs arguments pour justifier leur existence :

La sécurité avant tout

Le principal avantage de ces unités est d'offrir un environnement sécurisé pour les résidents à risque d'errance ou de fugue. Cette sécurité permet de :

  • Prévenir les accidents potentiellement graves
  • Réduire l'anxiété des résidents et de leurs familles
  • Offrir un cadre rassurant propice au bien-être

Un environnement adapté aux troubles cognitifs

L'aménagement spécifique de ces unités permet de :

  • Réduire les facteurs de stress et d'agitation
  • Favoriser l'orientation spatio-temporelle des résidents
  • Proposer des activités thérapeutiques ciblées

Une prise en charge personnalisée

Grâce à un effectif réduit et un personnel formé, ces unités offrent :

  • Un accompagnement sur-mesure pour chaque résident
  • Une meilleure réactivité face aux besoins spécifiques
  • Un respect accru de la dignité des personnes âgées
équipe de professionnels de santé en unité protégée

Les arguments contre le maintien des unités fermées

Malgré leurs avantages, les unités protégées font l'objet de critiques. Voici les principaux arguments avancés par leurs détracteurs :

Le coût élevé

Le fonctionnement de ces unités spécialisées engendre des coûts supplémentaires liés à :

  • L'aménagement spécifique des locaux
  • La formation pointue du personnel
  • Le taux d'encadrement plus élevé

Ces surcoûts se répercutent inévitablement sur le prix de journée facturé aux résidents ou à leurs familles. 

Le risque d'isolement

Certains critiques pointent le risque de marginalisation des résidents en unité protégée :

  • Moins d'interactions avec les autres résidents de l'EHPAD[1]
  • Sentiment d'enfermement pouvant générer de l'angoisse
  • Limitation des stimulations extérieures

Le dilemme éthique

La question de la restriction des libertés est au cœur du débat :

  • Est-il éthique de priver une personne de sa liberté de mouvement ?
  • Comment trouver le juste équilibre entre sécurité et autonomie ?
  • Quelle place accorder au consentement du résident dans la décision d'admission en unité protégée ?

Vers une évolution des pratiques ?

Face à ces enjeux complexes, de nouvelles approches semblent émerger pour tenter de concilier sécurité et liberté :

L'ouverture progressive des unités

Certains EHPAD[1] expérimentent une ouverture partielle de leurs unités protégées :

  • Mise en place de plages horaires d'ouverture sous surveillance
  • Création d'espaces de transition entre l'unité fermée et le reste de l'établissement
  • Organisation d'activités communes avec les autres résidents

L'utilisation des nouvelles technologies

Les progrès technologiques offrent de nouvelles perspectives :

  • Bracelets connectés permettant de localiser les résidents sans les enfermer
  • Capteurs de mouvement alertant le personnel en cas de sortie inhabituelle
  • Applications de réalité virtuelle pour stimuler les résidents sans risque

La formation continue du personnel

L'accent est mis sur la formation des soignants pour :

  • Développer des approches non médicamenteuses de gestion des troubles du comportement
  • Améliorer la communication avec les résidents souffrant de troubles cognitifs
  • Favoriser une prise en charge plus individualisée

En définitive, la question de la fermeture des unités protégées en EHPAD[1] ne trouve pas de réponse unique. Chaque établissement doit trouver le juste équilibre entre sécurité et liberté, en tenant compte des besoins spécifiques de ses résidents. L'évolution des pratiques et l'innovation technologique ouvrent de nouvelles perspectives pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées dépendantes, tout en préservant leur dignité et leur autonomie. Le débat reste ouvert, et il appartient à chacun - professionnels de santé, familles et décideurs politiques - de contribuer à façonner l'avenir de la prise en charge des personnes âgées vulnérables dans notre société.

Unités protégées en EHPAD : sécuriser les seniors tout en respectant leur liberté

Les aidants familiaux et les personnes âgées dépendantes se posent souvent la question de l'importance des unités protégées en EHPAD[1]. Ce tableau vous aidera à mieux comprendre les enjeux de ces structures et les avantages qu'elles peuvent offrir pour garantir à la fois la sécurité et la dignité des résidents.

AspectDescriptionConseils pour aidants familiaux
Unité de Vie[2] Protégée (UVP)Accueille les résidents souffrant de troubles cognitifs modérés. Capacité : 10 à 25 résidents.Idéale pour les seniors atteints d’Alzheimer[3] ou de maladies similaires, favorisant la stimulation cognitive et un suivi personnalisé.
Unité d'Hébergement Renforcé (UHR[4])Pour les troubles comportementaux sévères, avec accompagnement 24h/24. Capacité : 12 à 14 résidents.À envisager pour les seniors présentant des troubles sévères, avec un encadrement constant et une option de retour en unité classique.
Sécurité renforcéeDigicodes, serrures spéciales, parcours de déambulation sécurisés.Privilégier ces unités pour les personnes à risque d’errance ou de fugue, réduisant ainsi les risques d’accidents.
Encadrement spécialiséPersonnel formé pour gérer les troubles cognitifs et proposer des techniques non médicamenteuses.S'assurer que l’équipe soignante est bien formée pour apaiser les angoisses et stimuler les capacités restantes des résidents.
Coût élevéCoûts additionnels liés à la structure sécurisée et à la formation spécialisée du personnel.Comparer les coûts entre les établissements et évaluer les aides financières disponibles pour alléger les frais.
Risque d'isolementLes résidents en unité protégée peuvent se sentir marginalisés, avec moins d’interactions extérieures.Participer aux activités organisées par l’EHPAD[1] et veiller à des visites régulières pour éviter le sentiment d'isolement.
Dilemme éthiqueRestriction des libertés et question du consentement des résidents à intégrer ces unités fermées.Engager une discussion avec les soignants et les proches pour évaluer les besoins de liberté tout en assurant une sécurité optimale.
Innovations technologiquesUtilisation de bracelets connectés, capteurs de mouvement, et réalité virtuelle pour concilier sécurité et stimulation.Explorer ces options technologiques pour garantir la liberté de mouvement tout en assurant une surveillance discrète et efficace.

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