Un million de Français ont aujourd’hui plus de 85 ans. Leur nombre aura doublé d’ici 2020, dans un peu plus de 10 ans. Malgré les incitations des pouvoirs publics au maintien à domicile[1], la population ayant besoin d’une place en maison de retraite va inexorablement augmenter. S’achemine-t-on vers une pénurie de places ? 10 000 établissements pour plus de 600 000 résidents Aujourd’hui le nombre de résidents en maisons de retraite s’élève à 610 000 personnes. Bien que l’âge moyen d’entrée en maison de retraite soit en augmentation permanente – l’âge moyen d’entrée est aujourd’hui de 85 ans environ - le nombre de résidents devrait doubler d’ici 15 ans.
Un secteur public très majoritaire Les maisons de retraite du secteur public représentent 55% du parc de résidence. Le secteur associatif gère 25% des maisons de retraite. Les 20% restant ressortent du secteur privé, qui est très atomisé. Aux côtés d’une quinzaine de grosses entreprises qui gèrent entre 500 et 4000 places, il existe également 700 maisons de retraite disposant de moins de 40 lits chacune.
Un afflux de demande très prévisible Alors qu’un million de Français ont aujourd’hui 85 ans ou plus, leur nombre aura doublé d’ici 2020 avec l’arrivée à cet âge des personnes nées lors du ‘baby boom’. Pour faire face à cet afflux, il faudrait porter le nombre de lits disponibles en établissements spécialisés à 680 000 dans les cinq ans. Or l’objectif adopté par le Plan Solidarité Grand âge 2007-2012 prévoit la création de seulement 5000 places supplémentaires par an en EHPAD
[2] (Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes, nouvelle appellation des ‘maisons de retraite médicalisées’). On est donc loin du compte, malgré la vague démographique très attendue et prévisible de personnes du grand âge.
La pénurie de places en maison de retraite est elle inéluctable ? Au rythme actuel de progression de la population âgée, et même compte tenu d’un âge toujours plus avancé d’entrée en maison de retraite, le besoin de lits disponibles ne va pas tarder à se faire cruellement sentir. Parce que l’investissement est lourd, les pouvoirs publics ont préféré privilégier la politique du maintien à domicile (au point d’influer sur l’opinion des Français sur les maisons de retraite. Voir à ce sujet nos billets sur les deux dernières vagues d’enquête sur l’image des maisons de retraite :
les Français et les maisons de retraite et
le désamour des Français pour les maisons de retraite ) Or si ces mesures sont utiles aux personnes de la tranche d’âge allant jusqu’à 75 à 80 ans, qui peuvent ainsi prolonger confortablement leur quotidien à domicile, qu’en est-il de nos aînés du grand âge ? Indiscutablement, une forte proportion de ceux-ci seront tôt ou tard confrontés au besoin d’un séjour, temporaire ou prolongé, en maison de retraite. Sachant qu’il faut deux à trois ans entre la prise de décision administrative et l’ouverture d’une nouvelle maison de retraite, les autorités gouvernementales ont peu de temps pour s’emparer du problème et entreprendre d’y remédier. Sans quoi, la France devra faire face à une pénurie cruelle de places en maison de retraite.
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