Vous n’avez sans doute pas échappé à la campagne de communication organisée sous l’égide de France Alzheimer[1] et destinée à sensibiliser le grand public à la maladie. Orchestrée par l’agence publicitaire Saatchi & Saatchi, la campagne est axée sur la disparition progressive des souvenirs des personnes atteintes. Une campagne particulièrement émouvante Les souvenirs d’un mariage pris en otage… Par qui ? Le spot publicitaire télévisé est le moins convaincant des trois axes de la campagne. Il représente une grand-mère plongée dans ses souvenirs, qui se remémore le jour de ses noces. Soudain font irruptions des ombres masquées, qui emportent un à un les éléments constitutifs de ces souvenirs. Si l’idée parait originale, la réalisation laisse à désirer : à mi chemin entre l’ambiance de science-fiction et de film d’action, le manque de crédibilité nuit à l’impact du message. Près d’un million de Français n’ont plus accès à leurs souvenirs Le spot radio ne nous a pas non plus convaincu. Il utilise le ressort efficace mais oh combien agaçant de la répétition lancinante d’un même bout de phrase. On nous y répète en boucle le nombre de malades atteints par la maladie d’Alzheimer en France – un million – puis vient la « chute » : « ne l’oubliez pas. » En revanche, bien plus réussie que les axes audiovisuels de cette opération de sensibilisation, le volet communication écrite est à la fois le plus percutant et le plus bouleversant. Relayés par La Poste, qui a collaboré pour la campagne avec France Alzheimer, trois visuels viennent illustrer le message « Près d’un million de Français n’ont plus accès à leurs souvenirs ». Rideau sur la mémoire du passé Sur les visuels de la campagne écrite, on peut voir des cadres de photos souvenirs ou de portraits de familles, posés dans un environnement domestique, sur une table ou une commode en bois, et dont l’image est cadenassée derrière des grilles ou des rideaux de fer rabattus. L’image est percutante car elle exprime exactement ce que représente la maladie d’Alzheimer au regard de la mémoire évanescente de ceux qui en sont atteints : ce qui leur est le plus familier, leurs connaissances, leurs souvenirs, devient peu à peu inaccessible. Si proches, là dans leur tête, mais qu’ils ne parviennent pas à saisir… Comme les marchandises d’un magasin dont la grille a été abaissée. communication2007_grand.jpgcommunication2_2007_grand.jpg Une campagne poignante car elle laisse une lueur d’espoir Si l’on analyse ces visuels un pas plus loin, on y décèle une lueur d’espoir, fragile mais bien réelle. Ainsi, à l’instar des magasins dont les rideaux de fer ont été abaissés à la fermeture, laissant augurer d’une réouverture, la campagne de sensibilisation laisse entendre l’espoir optimiste d’un renversement de situation. Un jour peut-être, en effet, parviendra-t-on à redonner aux malades l’accès à leurs souvenirs. communication3_2007_grand.jpg

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Judith Blanc,Rédactrice chez Cap Retraite

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