“Quelqu’un a pris mon portefeuille dans ma chambre”. “Le voisin s’est introduit pour voler mes affaires”... Si votre parent âgé affirme régulièrement se faire dérober, il peut s’agir d’un signe de sénilité appelé le délire de vol. En raison de troubles cognitifs, de symptômes psychiatriques ou de démence avec caractéristiques psychotiques, certaines personnes âgées sont convaincues d’être régulièrement victimes de vol. Lorsque de l’argent disparaît, que des bijoux semblent perdus ou que des vêtements manquent, ce délire de persécution, bien qu’infondé, génère des tensions au sein de la famille ou des établissements de soins. Mais comment reconnaître un délire de vol ? Quels indices doivent alerter l’entourage et quel comportement adopter ?
1- La personne âgée en délire de vol fait des accusations fréquentes et non fondées
La première piste qui indique que votre proche âgé développe un délire de vol est lorsque ce dernier répète que ses affaires ont été volées (argent, bijoux, vêtements, etc.). Ces accusations, souvent dirigées contre des proches, des aidants ou des voisins, se font généralement sans preuve tangible, ce qui crée un climat de méfiance et de tensions.
Si en réalité, la personne a simplement oublié où elle a rangé ses affaires ou qu'elle ne reconnaît plus son environnement, sa perception altérée de la réalité, causée par des troubles du comportement liés à une pathologie comme la maladie d’Alzheimer ou la paranoïa, l’amène à formuler des allégations infondées.
Bien que ces propos ne constituent pas une attaque personnelle, pour l’entourage, ces reproches récurrents sont des sources de stress et d’incompréhension, surtout lorsque la personne insiste avec véhémence et rejette toute tentative d’explication rationnelle.
2- Le proche âgé cache ses objets personnels dans des endroits surprenants
La peur de se faire voler est telle que le parent âgé prend l'habitude de dissimuler ses effets personnels dans des endroits peu conventionnels, croyant ainsi les "protéger". Il range, par exemple, ses bijoux dans un pot de fleurs, son portefeuille dans une boîte à biscuits ou utilise des tiroirs secrets, des cachettes sous les coussins, à l'intérieur de chaussures, derrière des meubles ou dans des placards rarement ouverts…
Convaincu que son environnement n'est plus sécurisé, il cherche des solutions là où il est peu probable de retrouver ses effets personnels. Résultats : ces cachettes fantaisistes finissent par être oubliées et ses affaires introuvables ne font qu’accentuer sa suspicion de vol.
Ce besoin compulsif de dissimuler ses affaires traduit son anxiété et le désespoir de vouloir contrôler une situation qui la dépasse.
3- Le senior en paranoïa de vol se méfie de son entourage
Devant ce désarroi, la suspicion irrationnelle s’installe : la personne perd progressivement confiance non seulement en ses proches, mais aussi en les professionnels de santé qui viennent lui rendre visite. Chaque attention de ces derniers, désormais perçus comme des suspects potentiels, devient source de doute.
Plus qu’une simple prudence, la méfiance omniprésente envahit toutes les interactions quotidiennes. Convaincu qu’on cherche à lui nuire, le senior surveille minutieusement les faits et gestes des autres. Le moindre comportement, même anodin ou bienveillant (ranger des affaires ou emprunter un objet temporairement) devient une tentative de vol. S’ensuit des remarques acerbes, des interrogations incessantes et des regards scrutateurs.
Les troubles cognitifs liés à des maladies dégénératives altèrent la capacité à interpréter correctement les situations. La personne malade projette alors ses angoisses et sa confusion sur son entourage, avec des perceptions erronées et des réactions disproportionnées.
4- Le parent âgé a un comportement agité ou agressif
En plus d’accuser directement quelqu’un de voleur, une personne âgée qui croit avoir été volée peut perdre ses moyens et se laisser emporter par la colère, jusqu’à agresser verbalement. Ses paroles blessantes et ses gestes impulsifs, dirigés contre ses proches ou le personnel de l’établissement, résultent d’un mélange de frustration, de peur et de perte de contrôle.
Bien qu'elle puisse pleurer, crier pour exiger qu’on lui rende ses affaires et accuser ceux qui l'entourent de vol, ces comportements ne sont ni nécessairement ni intentionnellement dirigés contre eux.
Dans ce cas, inutile de chercher à la raisonner, au risque d’aggraver sa colère. Emmenez-la consulter un professionnel qui lui prescrira un traitement adapté contre l’anxiété et l’agressivité, selon l’état de santé de la personne âgée.
5- La personne âgée invente des scènes de vols avec précision
“Je l’ai vu, c’est la femme de ménage ! Elle est entrée pendant que je dormais, a fouillé dans mes tiroirs, et a pris mon bracelet en or. Je l’avais posé sur la table hier soir, j’en suis sûre !”
Pour justifier ses accusations, la personne âgée invente un scénario de vol qu’elle croit avoir vécu, avec une conviction troublante. Ses récits, souvent très détaillés et répétitifs, prennent la forme d’événements imaginés avec précision : l’identité du « voleur », la manière dont le vol s’est déroulé, le lieu, le moment exact et les affaires qui ont été dérobées. Racontée avec colère, tristesse ou angoisse, cette histoire constamment répétée peut paraître crédible pour les personnes qui ne sont pas familières avec la situation.
Incapable de retrouver ses effets personnels ou de se souvenir de leur emplacement, elle comble ces trous de mémoire en imaginant des explications qui, à ses yeux, justifient ce qui s’est réellement passé.
Comment réagir face à un proche âgé en délire de vol ?
Bien que ces signes nécessitent un diagnostic médical pour adapter l’accompagnement et les traitements, l’entourage doit rester calme et compréhensif face à un proche âgé en délire de vol. Sans chercher à la contredire frontalement, mais plutôt en jouant le jeu : chercher avec lui ses objets perdus, compatir sans valider ni réfuter directement ses propos. Si le trouble est confirmé, pensez à sécuriser les documents administratifs importants et les moyens de paiement, afin d’éliminer tout risque de stress et de confusion supplémentaires.
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