La relation entre la caféine et la maladie de Parkinson a toujours intrigué les chercheurs. Entre les potentielles intéractions avec les traitements, les effets stimulants sur le sommeil et l'aggravation des symptômes… De nombreuses études explorent la réduction des risques et les impacts de ces mystérieux mécanismes d'action sur la santé des patients. Toutefois, une question persiste : le café, allié ou adversaire des malades de Parkinson ? Dans cet article, Cap Retraite démystifie le lien entre le café et la maladie neurodégénérative afin d'apporter des conseils pour bien consommer l'irremplaçable boisson matinale.
Parkinson et caféine : ce que disent les études
En raison de ses observations épidémiologiques et de son potentiel neuroprotecteur, la caféine suscite un intérêt particulier pour ses effets sur les cellules du cerveau des patients atteints de Parkinson. Parmi les dernières études (1):
- Movement Disorder (2007), révèle qu'une consommation régulière de caféine, à travers le café ou le thé, réduirait significativement le risque de développer la maladie de Parkinson. Les hommes buvant deux tasses de café par jour avaient un risque 50 % inférieur, tandis que les femmes consommant 3,2 tasses par jour présentaient un risque réduit de 40 %.
- Le journal Alzheimer[1] Disease (2010) confirme que les buveurs de café, par cet acte diminuent le risque de développer la maladie de Parkinson. En revanche, ceci ne concerne pas les buveurs de boissons décaféinées.
- La revue Neurologye (2012) se concentre sur la somnolence diurne excessive chez les malades. Cependant, l'administration de 200 mg de caféine deux fois par jour n'a pas conduit à des améliorations significatives de la somnolence diurne excessive, de la qualité de vie, de la dépression ou de la qualité du sommeil chez les participants.
- La Revue Neurology (2017) ne montre aucun changement significatif des symptômes moteurs par rapport au placebo. Cependant, l'étude a révélé une aggravation de la dyskinésie chez les participants consommant de la caféine.
- CNS Neuroscience & Therapeutics (2017) a démontré que la caféine ralentit la dégénérescence des neuro-dopaminergiques chez les rats malades de Parkinson.
De manière générale, les résultats tendent à valoriser les bienfaits de la caféine sur la santé et dans l'amélioration des troubles parkinsoniens.
Les bienfaits de la caféine pour les patients diagnostiqués Parkinson
Le café est une source riche en composés bioactifs, polyphénols et antioxydants, des éléments anti-inflammatoires aux propriétés neuro protectrices, médicalement puissantes dans la régulation des symptômes de Parkinson.
- Un ralentisseur de stress oxydatif : les propriétés antioxydantes de la caféine protègent les cellules nerveuses contre le stress oxydatif, un processus impliqué dans la progression de la maladie.
- Un booster d'activité dopaminergique : les effets de la caféine sont importants car la boisson, une fois ingérée, change rapidement l'activité chimique dans le cerveau, provoquant différentes réponses dans le corps et l'esprit. En bloquant l'adénosine, un messager qui régule le sommeil et la vigilance, la caféine libère d'autres messagers énergisants et stimulants comme la dopamine et la noradrénaline. L'interaction de la caféine avec les récepteurs de l'adénosine, régule la fonction dopaminergique. En bloquant ces récepteurs, la caféine pourrait indirectement moduler la libération de dopamine, le neurotransmetteur altéré par la maladie de Parkinson.
- Un acteur sur les symptômes moteurs : la caféine, reconnue pour son impact sur le système nerveux central et le système cardiovasculaire, réduit temporairement la somnolence. Une consommation modérée pourrait ainsi atténuer la lenteur des mouvements, la rigidité musculaire, les tremblements et les problèmes d'équilibre.
- Un rôle clé dans les troubles cognitifs : certains rapports indiquent que les effets stimulants de la caféine sur les neurones du système nerveux central atténuent la fatigue et améliorent l'humeur chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. Des conséquences positives pour limiter les risques de dépression[2], d'anxiété et de troubles du sommeil.
- Compatible avec les traitements médicamenteux de référence, certains chercheurs pensent que la caféine améliore le fonctionnement de la Lévodopa.
Les effets indésirables du café chez les patients atteints de Parkinson
Bien que les effets bénéfiques soient majoritaires, il est important de rappeler les inconvénients associés à la consommation de caféine pour éviter les potentielles interactions indésirables avec les symptômes et les traitements de Parkinson.
- Aggravation de la dyskinésie : comme l'a révélé la Revue Neurology en 2017 la caféine pourrait aggraver les mouvements involontaires appelés dyskinésies, parfois observés chez les malades.
- Effets sur le sommeil : la caféine reste un stimulant qui influence le sommeil. Si elle peut atténuer la somnolence et la fatigue, chez certains individus, comme les patients atteints de Parkinson sujets aux problèmes de sommeil, la consommation de caféine (surtout en fin de journée) peut aussi aggraver ces troubles.
- Interaction avec les médicaments : la caféine fait partie des aliments à éviter ou limiter chez les malades Parkinson, en raison des effets secondaires sur l'efficacité du traitement préscrit.
- Effets de la caféine comme agent excitant : certains patients peuvent générer de la nervosité, des palpitations ou des agitations à la consommation d'excitants comme la caféine.
- Influence sur la pression artérielle : la caféine peut avoir un impact sur l'hypertension, un symptôme important qui varie particulièrement chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
- Un marqueur d'absorption intestinale : 80 % des malades de Parkinson souffrent d'altérations de la flore intestinale et de troubles gastro-intestinaux, avant même les premiers signes de la maladie de Parkinson. D'après les recherches, ces patients pourraient présenter une malabsorption intestinale de la caféine.
Caféine et Parkinson : une question de dosage ?
Les études ont permis de montrer que la consommation de caféine prévient la perte des cellules nerveuses dopaminergiques impliquées dans la maladie et augmente le taux de dopamine, particulièrement chez les hommes. Toutefois, médicalement, les experts restent vigilants sur les quantités d'absorption journalière. En effet, un mauvais dosage peut être facteur d'interactions sur les insomnies, l’hypertension, le cholestérol ou l’anxiété. D’où l’importance de connaître quelques valeurs sur la teneur en caféine d’un café.
Ainsi, selon l’EFSA (2) (European Food Safety Authority), une consommation maximale recommandée est de 400 mg de caféine par jour, soit pour une tasse contenant 100 millilitres :
- 2-3 tasses de cafés en capsules,
- 3 tasses de café en capsules à remplir soi-même,
- 5 tasses de café en dosettes,
- 5-6 tasses de café percolateur,
- 8 tasses de café filtre ou soluble.
Pour finir, la caféine ne serait pas la seule molécule protectrice du café. Dans une étude parue en 2018 dans PNAS (3), des chercheurs de l’université Rutgers dans le New Brunswick ont travaillé sur deux composés du café : la caféine, mais aussi l’EHT (pour Eicosanoyl-5-HydroxyTryptamide en anglais), un acide gras dérivé de la sérotonine. L'EHT est présent dans l’enveloppe des grains de café et la sérotonine est un neurotransmetteur utilisé dans le cerveau.
Si seules, ces molécules ne semblaient pas efficaces, ensemble, elles stimulent l’activité de la protéine phosphatase 2, une enzyme qui empêche l’accumulation de protéines toxiques (de l’alpha-synucléine) dans le cerveau. Les agrégats d'alpha-synucléine se retrouvent dans la maladie de Parkinson mais aussi dans les démences à corps de Lewy.
La caféine et l'EHT auraient donc un effet neuroprotecteur intéressant contre ces maladies en empêchant l'accumulation néfaste de protéines et en limitant la dégénérescence neuronale.
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Effets de la caféine sur la maladie de Parkinson
Effets Positifs | Effets Négatifs |
Propriétés neuroprotectrices puissantes | Aggravation de la dyskinésie |
Réduction du risque de développer la maladie de Parkinson | Perturbation du sommeil |
Ralentit la dégénérescence des neurones dopaminergiques | Interaction possible avec certains médicaments |
Protège contre le stress oxydatif | Effets excitants : nervosité, palpitations |
Booste l'activité dopaminergique | Peut augmenter la pression artérielle |
Atténue certains symptômes moteurs | Possibilité de malabsorption intestinale de la caféine |
Réduit temporairement la somnolence | |
Améliore l'humeur et réduit la fatigue | |
Peut améliorer le fonctionnement de la Lévodopa | |
Association positive avec EHT pour neuroprotection |
Recommandations sur la consommation de caféine pour un patient Parkinson
Une consommation maximale de 400 mg de caféine par jour est recommandée.
Cela équivaut à :
- 2-3 tasses de cafés en capsules
- 3 tasses de café en capsules à remplir soi-même
- 5 tasses de café en dosettes
- 5-6 tasses de café percolateur
- 8 tasses de café filtre ou soluble
Il est important de surveiller l'interaction de la caféine avec les médicaments et d'éviter ou de limiter sa consommation en fonction des effets secondaires observés.
- Les patients souffrant de problèmes de sommeil doivent éviter la consommation de caféine en fin de journée.
- Les patients avec des symptômes d'hypertension doivent être prudents avec leur consommation de caféine.
Sources :
(1)https://www.rutgers.edu/news/two-compounds-coffee-may-team-fight-parkinsons
(1)https://www.coffeeandhealth.org/neurodegenerative-disorders/coffee-and-parkinsons-disease
(1)https://medipedia.be/fr/parkinson/news/la-cafeine-un-espoir-pour-la-maladie-de-parkinson
(2) https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/caffeine
(3) https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1813365115
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[1] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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[2] Dépression
La dépression est un état de tristesse profonde et prolongée, où une personne perd l’intérêt pour les activités et se sent épuisée, qui est très fréquent chez les seniors.
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