Oublis fréquents, difficultés à accomplir des tâches quotidiennes, changements d'humeur et de comportement : la démence est une maladie qui bouleverse profondément la vie de ceux qui en souffrent, mais aussi celle de leurs proches. En France, environ 1,2 million de personnes sont atteintes de démence, dont les deux tiers souffrent de la maladie d'Alzheimer. 

Cette affection dégénérative entraîne des pertes de mémoire et une perte progressive de l’autonomie. Les traitements disponibles cherchent généralement à atténuer les symptômes, mais ne permettent pas de guérir la démence. De nombreux patients et leurs familles sont ainsi en quête de solutions pour maintenir la qualité de vie et préserver la fonction cognitive aussi longtemps que possible.

Dans cette recherche constante de solutions, deux nouvelles études, l’une menée au Mexique et l’autre en Corée du Sud, révèlent que l’activité physique pourrait jouer un rôle clé pour réduire le risque de développer une démence légère et améliorer la survie des patients déjà atteints de démence. Publiées dans le British Journal of Sports Medicine fin octobre, ces recherches montrent que même une activité physique modérée et pratiquée de façon limitée pourrait aider à prévenir les effets de la démence. Ces découvertes offrent ainsi de nouvelles perspectives encourageantes pour les personnes et les familles concernées.

1. Les principales conclusions de deux études récentes sur les effets de l’activité physique

Deux études majeures publiées récemment dans le British Journal of Sports Medicine démontrent des bénéfices inattendus de l’activité physique dans la prévention de la démence légère et la réduction de la mortalité chez les personnes déjà diagnostiquées avec une démence.

Une pratique physique limitée au week-end réduit les risques de démence légère

La première étude, dirigée par Gary O'Donovan et ses collègues, s’est concentrée sur l’effet de l’activité physique concentrée sur le week-end. En suivant 10 033 adultes de 35 ans et plus à Mexico pendant 16 ans (1998-2004 pour la collecte de données, 2015-2019 pour les évaluations cognitives), les chercheurs ont examiné trois groupes : ceux sans activité physique, ceux pratiquant seulement le week-end et ceux pratiquant régulièrement en semaine. (Les facteurs d’ajustement incluaient âge, sexe, niveau d'éducation, revenu, IMC, pression artérielle, tabagisme, alimentation et consommation d’alcool.)

Les résultats montrent une différence nette et favorable pour les personnes ayant une activité physique, même si elle est concentrée le week-end. Les participants s'exerçant uniquement le week-end réduisaient leur risque de démence légère de 15 %, tandis que ceux pratiquant régulièrement en semaine observaient une diminution de 10 %. (La démence légère a été définie dans cette étude par un score MMSE – Mini-Mental State Examination – de 22 ou moins.) Ces chiffres montrent que même une activité peu fréquente peut contribuer à préserver la santé cognitive.

Groupe de seniors faisant des exercices physiques doux pour lutter contre la démence

L'activité physique après un diagnostic de démence prolonge la vie

La seconde étude, menée par Kye-Yeung Park et son équipe à Séoul, s’intéresse aux effets de l’activité physique après le diagnostic de démence. En examinant les dossiers médicaux de 60 252 patients nouvellement diagnostiqués entre 2010 et 2016, les chercheurs ont trouvé que chaque augmentation de 100 MET minutes/semaine d’activité (unité de mesure de l’intensité physique, où 1 MET équivaut à l’énergie dépensée en position assise) après le diagnostic était associée à une réduction de 3 % du risque de décès

Même une activité de faible intensité, comme la marche (entre 1,6 et 3 MET), présentait des effets protecteurs. Les personnes ayant maintenu ou débuté une activité physique après le diagnostic réduisaient leur risque de décès respectivement de 29 % et de 23 % par rapport aux inactifs.

Ces deux études montrent que l’activité physique, qu’elle soit pratiquée le week-end ou après un diagnostic, offre des effets protecteurs mesurables contre la démence et la mortalité. Ces résultats prennent en compte diverses intensités d’exercice et soulignent que même des activités de faible intensité (1,6-3 MET, comme la marche) sont bénéfiques.

Activités physiques recommandées pour les seniors atteints de démence

2. Recommandations pratiques pour intégrer l’activité physique dans le quotidien des personnes atteintes de démence

Pour les personnes concernées par la démence, l’activité physique doit être réaliste et facile à intégrer, avec un minimum de deux séances par semaine pour un effet tangible.

  • Privilégier des exercices simples et sécurisants : Pour éviter tout risque de chute ou de fatigue excessive, orientez-vous vers des activités douces comme la marche lente, les exercices de renforcement doux (par exemple avec des bandes élastiques), et des étirements.
  • Fractionner les activités en courtes séances : Si une séance longue est difficile, divisez l'activité en intervalles de 10 à 15 minutes deux à trois fois dans la journée.
  • Incorporer des exercices de coordination : Des mouvements simples sollicitant la coordination (comme toucher alternativement les épaules et les genoux en rythme) renforcent les connexions neuronales.
  • Rendre les séances agréables et valorisantes : Associez l’activité à des éléments plaisants, comme écouter de la musique ou marcher dans un jardin, pour favoriser la motivation.
  • Planifier des rappels : Utilisez des alarmes ou un carnet dédié pour maintenir une routine d’exercice et mesurer les progrès.

3. Types et bienfaits des exercices physiques pour les personnes atteintes de démence

Pour les personnes âgées touchées par la démence ou leurs proches, certains types d’exercices sont particulièrement bénéfiques pour la santé cognitive, physique, et mentale. Le tableau ci-dessous détaille les types d'exercice recommandés, les mécanismes biologiques impliqués, et des exemples pratiques pour intégrer facilement ces activités dans le quotidien. Ces informations vous aideront à choisir l'exercice le plus adapté aux besoins et capacités de chacun.

AspectDescription
Types d'exercice- Exercice aérobie : Améliore la circulation sanguine, favorisant l'apport d'oxygène et de nutriments au cerveau (ex : marche, vélo, natation).
- Renforcement musculaire : Aide à maintenir l'autonomie et la force physique, ce qui est crucial pour les personnes âgées (ex : exercices avec bandes élastiques).
- Coordination et relaxation : Des activités comme le yoga ou le tai-chi stimulent la concentration et aident à réduire le stress tout en étant doux pour le corps.
Mécanismes biologiques- Hippocampe : L'exercice physique favorise le maintien de cette région clé de la mémoire, limitant l’atrophie cérébrale liée à l'âge.
- Neurogenèse et plasticité cérébrale : L'activité physique stimule la production de BDNF, une protéine qui soutient la survie et la croissance des neurones, ralentissant le déclin cognitif.
Exemples pratiques d’exercices adaptés- Marche : Facilement accessible, elle peut se faire 15-30 min par jour, en intérieur ou extérieur, selon la capacité de la personne.
- Exercices de renforcement doux : Utiliser des bandes élastiques pour travailler les bras et les jambes, même en position assise.
- Tai-chi/Yoga : Pour le renforcement de la coordination et la relaxation, en privilégiant des mouvements lents et fluides pour les personnes âgées.

L’activité physique, une solution simple mais puissante pour préserver l’autonomie et la qualité de vie

Ces études révèlent que même une activité physique légère, répartie sur la semaine ou concentrée sur quelques jours, peut significativement ralentir les effets de la démence et améliorer l’espérance de vie. Pour les patients et leurs proches, ces recommandations offrent un moyen concret de préserver les capacités cognitives, avec un impact positif mesurable. Sans exiger un entraînement quotidien ni intensif, quelques séances ciblées par semaine suffisent pour renforcer la santé cognitive et l’autonomie des personnes touchées par la démence, leur offrant une meilleure qualité de vie au quotidien.

Sources

  1. O'Donovan, G., et al. (2023). "Weekend physical activity and risk of mild cognitive impairment: A longitudinal study." British Journal of Sports Medicine.
  2. Park, K.-Y., et al. (2023). "Physical activity after dementia diagnosis and all-cause mortality risk." British Journal of Sports Medicine.
  3. Gérontonews – Informations et actualités sur la gériatrie[2] et les maladies neurodégénératives.
  4. Organisation mondiale de la santé – Fiche d'information sur la démence.
  5. Fondation Médéric Alzheimer[1] – Épidémiologie des démences en France.

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