La perte d’êtres chers, le déclin de l’autonomie, l’éloignement des proches, la solitude, le manque d’activités ou encore le déménagement en établissement spécialisé… Cumulées, ces épreuves pèsent sur le moral des aînés, jusqu’à provoquer une dépression[1] chez la personne âgée. Un trouble qui expose les plus de 65 ans au risque de suicide. Pour aider vos proches en détresse, sachez quand et comment les faire hospitaliser, l’ultime solution pour assurer leur sécurité et les soins nécessaires.
Quand envisager l’hospitalisation d’une personne âgée dépressive ?
Tristesse, fatigue et perte de motivation peuvent être passagères, mais dans certains cas, l’hospitalisation s’impose pour protéger la personne âgée de ces signes anormaux et lui offrir un suivi médical et psychologique adapté.
Les situations d’urgence
Les cas intenses de dépression génèrent des comportements qui demandent une prise en charge immédiate, tels que :
- Des pensées suicidaires, d'automutilation ou des agissements mettant en danger la vie du senior ou celle d’autrui à travers un discours évoquant le désespoir, la mort ou une volonté de “tout arrêter".
- Une incapacité à se gérer : la dépression peut totalement paralyser les seniors, incapables de prendre soin d’eux-mêmes, abandonner des tâches primaires comme se nourrir, se laver ou même communiquer.
- Des symptômes psychotiques de types hallucinations (voir ou entendre des choses qui n'existent pas) et délires (fausses croyances).
Dans ces situations, un séjour en milieu hospitalier évite d’aggraver leur état physique et psychologique et leur offre un cadre structurant.
L’échec des traitements ambulatoires
Lorsque les approches traditionnelles (médicaments et psychothérapie) à domicile ne suffisent pas, le placement en centre de soins s’avère plus efficace, notamment pour :
- Réévaluer les traitements en profondeur et expérimenter d’autres approches, telles que des thérapies combinées ou des ajustements médicamenteux sous surveillance, l’électroconvulsivothérapie (ECT) et la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS).
- Des soins intensifs ou un suivi 24/7 avec une équipe pluridisciplinaire chez les seniors souffrant d’autres pathologies (comme des troubles cognitifs ou des maladies chroniques).
Avis des professionnels de santé
L’avis médical reste décisif dans le choix d’hospitaliser un proche âgé dépressif. Seuls les professionnels de santé tels que les gériatres, médecins généralistes et psychiatres peuvent mesurer la sévérité et repérer les signes cachés de dépression, via :
- Un diagnostic précis, posé par le médecin après une analyse des symptômes dépressifs, un entretien, l’évaluation de l’environnement et l’utilisation du questionnaire GDS (Geriatric Depression Scale). Le suivi thérapeutique et la prise en charge sont ensuite validés par un psychiatre.
- Les informations de l’entourage (famille ou aidants) sur le comportement et l’état de la personne âgée.
Selon la gravité des symptômes dépressifs et les besoins spécifiques, ces médecins orientent vers la structure la plus adaptée.
Comment fonctionne l’hospitalisation pour dépression chez les seniors ?
La prise en charge hospitalière pour dépression consiste à stabiliser l’état de santé du patient, à prévenir les risques graves et à initier un traitement adapté dans un environnement sécurisé.
Les options d’hospitalisation
Selon la gravité de son état et ses besoins spécifiques, plusieurs options existent pour l’admission d’une personne âgée dépressive dans un établissement de soins.
a. Les unités spécialisées pour les seniors
Certains établissements disposent d’unités dédiées aux troubles psychiatriques chez les personnes âgées. Ces unités spécialisées offrent une prise en charge globale et personnalisée du patient, en tenant compte des particularités liées à l’âge.
Les soins incluent :
- Un suivi psychiatrique intensif : diagnostic précis, ajustement des traitements médicamenteux, suivi thérapeutique individualisé.
- Des ateliers thérapeutiques (art-thérapie, musicothérapie, groupes de parole…) qui aident les seniors à exprimer leurs émotions, à renforcer leur estime de soi et à créer des liens sociaux.
- Un accompagnement médical global afin de gérer des comorbidités physiques fréquentes chez les seniors (diabète, hypertension, arthrose[2]).
Ce cadre sécurisant et apaisant, conçu pour limiter les sources de stress, améliore les chances de rétablissement durable.
b. L’hospitalisation complète, recommandée pour les cas sévères avec une prise en charge continue, offre :
- Une surveillance 24/7.
- Un cadre structuré avec un programme quotidien de soins et d’activités.
- Une rupture avec l’environnement habituel pour limiter les facteurs aggravants (isolement, conflits familiaux).
c. L’hospitalisation de jour, l’alternative moins invasive, indiquée pour les seniors :
- Capables de rentrer chez eux chaque soir, mais nécessitant un suivi régulier.
- En phase de rétablissement, après une hospitalisation complète.
- Dont l’état ne justifie pas une prise en charge permanente.
Les alternatives à l’hospitalisation
Parfois, le milieu hospitalier n’est pas nécessaire ou n’est pas souhaité par la personne âgée et sa famille. Des solutions alternatives s’offrent à eux :
- L’hébergement temporaire en maison de repos ou centre de répit : ces établissements offrent une prise en charge temporaire dans un cadre adapté, permettant :
- De soulager les aidants familiaux.
- D’assurer un suivi médical léger tout en favorisant la socialisation.
- D’évaluer l’état du patient pour envisager, si nécessaire, une hospitalisation future.
- Le suivi renforcé à domicile, idéal pour les seniors préférant rester dans leur environnement habituel. Ce suivi peut inclure :
- Des visites régulières d’aides-soignants pour surveiller l’état général et administrer les traitements.
- L’intervention d’un psychologue à domicile pour des séances de thérapie adaptées.
- L’utilisation de technologies de téléconsultation pour rester en contact avec des professionnels de santé.
Comment se préparer à l’hospitalisation de son proche âgé ?
L'entrée en hôpital est stressante pour le senior et son entourage. Pour une transition fluide et rassurante :
1- Rendez-vous à la visite préalable ou à l’entretien, souvent proposé par l’hôpital pour expliquer le fonctionnement, les soins proposés et répondre aux questions du senior et de ses proches.
2- Expliquez à votre parent, avec bienveillance et clarté, que l’hospitalisation est une démarche positive pour l’aider à se sentir mieux, qu’il recevra des soins adaptés dans un environnement sécurisé et qu’il ne sera pas seul.
3- Durant cette période, les proches doivent rester présents, surtout dans les premiers jours : planifiez des visites, maintenez un contact régulier (appels téléphoniques, messages) pour éviter tout sentiment d’abandon. Si possible, désignez un membre de la famille comme référent principal pour communiquer avec l’équipe médicale et transmettre les informations aux autres proches.
À sa sortie, le senior rentre chez lui avec un plan de suivi incluant consultations médicales, thérapie ambulatoire ou accompagnement renforcé à domicile. Pour faciliter la réintégration dans son quotidien, l’entourage doit rester impliqué.
Si la dépression touche 15 à 20 % de la population générale, sur la vie entière, les personnes âgées dépressives sont souvent ignorées, leurs symptômes sous-diagnostiqués et insuffisamment traités étant trop souvent confondus avec ceux du syndrome de glissement, une simple tristesse ou de l’ennui. Au moindre doute, faites diagnostiquer le mal-être psychique de votre aîné par un médecin qui, si nécessaire, vous confirmera l’hospitalisation.
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[1] Dépression
La dépression est un état de tristesse profonde et prolongée, où une personne perd l’intérêt pour les activités et se sent épuisée, qui est très fréquent chez les seniors.
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[2] Arthrose
L’arthrose est une maladie des articulations où le cartilage s’use, causant douleur, raideur et difficulté à bouger les articulations, et qui touche principalement les personnes âgées.
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