L’épilepsie chez la personne âgée est le trouble neurologique le plus courant derrière la maladie d’Alzheimer[1] et les AVC[2]. Elle se traduit notamment par des crises pouvant être impressionnantes, mais aussi par des symptômes plus discrets. Un bon traitement permet de garantir la qualité de vie du patient. Les crises d’épilepsie chez la personne âgée sont souvent plus difficiles à diagnostiquer et à traiter.
Qu’est-ce que l’épilepsie ?
L’épilepsie est une maladie neurologique chronique se traduisant par des crises récurrentes et non provoquées. Ces dernières sont dues à une hausse subite de l’activité électrique dans le cerveau, perturbant la communication entre les neurones.
Le diagnostic n’intervient qu’en cas de répétition des crises d’épilepsie. On parle d’épilepsie uniquement si une personne a eu au moins deux crises non provoquées, c’est-à-dire qui n’ont pas été causées par un problème de santé connu et réversible, comme le sevrage alcoolique ou une forte hypoglycémie.
Comment l’épilepsie touche-t-elle les personnes âgées ?
L’épilepsie est souvent considérée comme une maladie apparaissant dans les premières années de la vie. Pourtant, elle peut se déclarer à tout âge et chez certains patients, elle persiste de l’enfance jusqu’au grand âge.
- L’incidence de l’épilepsie (taux de nouveaux cas) est plus élevée chez les personnes âgées que chez les adultes d’âge moyen.
- La prévalence de l’épilepsie augmente avec l’âge : près de 8 cas sur 1 000 personnes (à partir de 75 ans), contre moins de 6 jusqu’à 60 ans.
Chez les personnes âgées, l’épilepsie est la 3e pathologie du système nerveux la plus fréquente, derrière la maladie d’Alzheimer et les accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Qu’est-ce qu’une crise d’épilepsie ?
Une crise d’épilepsie se traduit par des mouvements, sensations ou comportements anormaux dus à une décharge électrique soudaine dans le cerveau. Elle ne constitue pas une maladie en soi, mais le symptôme de différents troubles affectant le cerveau.
Les crises épileptiques peuvent prendre diverses formes. Elles affectent différentes personnes de différentes façons, en général pendant une courte période.
Il existe deux grands types de crises épileptiques, en fonction des zones du cerveau où elles démarrent et de la façon dont elles se manifestent :
- crises partielles : elles commencent dans une zone ou un groupe de cellules d’un côté du cerveau. Elles peuvent être « simples » (crises focales : la personne est consciente) ou complexes (crises psychomotrices : la personne souffre de confusion et sa conscience est plus ou moins altérée).
- crises généralisées : ces crises affectent en même temps les deux côtés du cerveau ou des groupes de cellules dans l’ensemble du cerveau. Elles incluent différents types de crises : absences généralisées (petit mal) de quelques secondes, crises tonicocloniques (grand mal) comportant des convulsions généralisées et impressionnantes pendant environ deux minutes, crises myocloniques (brusques secousses musculaires des bras et des jambes) ou encore crises atoniques (le sujet tombe subitement). Ce type de crises d’épilepsie est 3 fois moins fréquent chez les personnes âgées.
Quels sont les symptômes de de la crise d’épilepsie chez la personne âgée ?
Les signes et symptômes des crises épileptiques sont les suivants :
- confusion temporaire,
- regard fixe ou vitreux,
- mouvements saccadés incontrôlables des bras et des jambes,
- contractions musculaires
- perte de conscience,
- symptômes psychiques, tels que la peur, l’anxiété…
Les symptômes varient d’un type de crise à l’autre. En général, le sujet subit le même type de crise à chaque fois et les symptômes sont similaires d’un épisode à l’autre.
Les seniors ont plus rarement des convulsions. Les symptômes de l’a crise dépilepsie chez la personne âgée sont ainsi plus subtils :
- vertiges,
- confusion,
- perte de conscience,
- hallucinations visuelles ou auditives,
- pertes de mémoire sporadiques.
Quelles sont les causes de l’épilepsie chez les seniors ?
Les causes de la maladie épileptique sont mal connues
Dans plus de la moitié des cas, les causes de la maladie épileptique ne sont pas connues du médecin.
Les crises épileptiques peuvent être dues à :
- des lésions cérébrales graves causées par des accidents ou à d’autres traumatismes,
- des troubles du développement cérébral avant la naissance ;
- les séquelles d’infections cérébrales graves, telles qu’une encéphalite ou une méningite,
- certaines causes génétiques,
- des modifications du métabolisme empêchant certains nutriments importants de parvenir au cerveau.
Les spécificités au grand âge
Comme chez les patients jeunes, les causes de l’épilepsie se déclarant au grand âge ne peuvent pas être déterminées dans environ la moitié des cas. Les causes des crises d’épilepsie chez les personnes âgées sont néanmoins souvent associées à des changements physiques liés au vieillissement.
Les causes connues les plus fréquentes sont :
- Un AVC : avec l’âge, les artères peuvent rétrécir ou se boucher, privant certaines régions du cerveau de sang et d’oxygène. Les dommages causés peuvent entraîner des crises d’épilepsie. Les hémorragies cérébrales risquent également d’avoir cet effet.
- Les infarctus peuvent provisoirement priver le cerveau d’oxygène, entraînant le même résultat qu’avec un AVC.
- Des pathologies, comme la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neurodégénératives, peuvent entraîner des modifications de la structure interne du cerveau. Les complications d’une maladie des reins ou du foie, de l’alcoolisme et même du diabète peuvent accroître le risque de crises d’épilepsie chez les seniors.
- Les tumeurs cérébrales, quelles qu’elles soient, peuvent provoquer des crises. Une fois retirées, les crises ont des chances de cesser.
- Même une opération du cerveau risque de laisser une cicatrice susceptible d’entraîner des crises d’épilepsie.
Comment l’épilepsie est-elle diagnostiquée ?
Pour diagnostiquer une épilepsie, le médecin traitant examine les symptômes décrits par le patient et ses antécédents médicaux. Il faudra en général plusieurs tests pour diagnostiquer l’épilepsie et essayer de déterminer la cause des crises :
- examen neurologique : le médecin teste notamment le comportement, les capacités motrices et les fonctions mentales et d’autres domaines pour diagnostiquer la maladie et déterminer le type d’épilepsie.
- analyses de sang : elles permettent de rechercher des signes d’infections, de pathologies génétiques ou d’autres maladies pouvant entraîner des crises.
Le médecin peut également suggérer de procéder à d’autres examens pour détecter des anomalies cérébrales ou une activité électrique anormale :
- électroencéphalogramme (EEG),
- EEG haute-densité,
- tomodensitométrie (scanner),
- imagerie par résonance magnétique (IRM),
- IRM fonctionnelle,
- tomographie par émission de positons (PET),
- tomographie par émission monophotonique (TEMP).
Est-il plus difficile de diagnostiquer l’épilepsie chez les seniors ?
Chez les personnes âgées, les crises épileptiques sont souvent prises pour les symptômes d’autres troubles neurologiques associés avec le grand âge.
Les patients jeunes sont plus souvent sujets à des crises d’épilepsie du lobe temporal, alors que chez les personnes âgées, les crises sont généralement générées dans d’autres lobes du cerveau, notamment le lobe frontal ou le lobe pariétal. Les symptômes des crises d’épilepsie chez un senior ressemblent alors à ceux d’autres maladies, comme la maladie d’Alzheimer ou les troubles apparentés, ainsi que la dépression[3].
La difficulté à diagnostiquer l’épilepsie chez les seniors accroît les risques que la maladie leur fait courir. En effet, les pertes de conscience ou de connaissance sont susceptibles d’entraîner une chute et donc un risque de fracture, surtout du col du fémur. De telles conséquences peuvent être à l’origine d’une perte d’autonomie.
Quels sont les traitements de l’épilepsie ?
Les médicaments
Les crises peuvent être évitées chez la plupart des épileptiques grâce à un médicament anticonvulsivant. Pour certaines personnes, il sera nécessaire de combiner plusieurs médicaments pour réduire la fréquence et l’intensité des crises d’épilepsie.
Les médicaments antiépileptiques peuvent avoir des effets secondaires, notamment :
- fatigue,
- vertiges,
- prise de poids,
- perte de densité osseuse,
- éruptions cutanées,
- perte de la coordination,
- problème d’élocution,
- troubles de la mémoire et difficultés intellectuelles.
Des effets indésirables plus graves peuvent aussi se produire, mais ils sont rares :
- dépression,
- pensées et comportements suicidaires,
- éruption cutanée sévère,
- inflammation de certains organes, notamment le foie.
Lorsqu’il n’y a pas eu de crises d’épilepsie pendant deux ou trois ans, le traitement antiépileptique peut souvent être interrompu.
La chirurgie
Lorsque la médication ne permet pas de contrôler les crises d’épilepsie, la chirurgie peut s’avérer nécessaire. Il s’agira alors d’effectuer une incision dans la zone du cerveau provoquant les crises, voire de la retirer.
Ces interventions sont effectuées lorsque :
- les crises sont liées à une petite partie du cerveau bien définie,
- la zone à opérer n’est pas liée à des fonctions vitales, comme la parole, le langage, les fonctions motrices, la vision ou l’audition.
D’autres traitements sont possibles :
- la simulation du nerf vague par un implant,
- un régime cétogène : il s’agit d’un régime faible en glucides, permettant d’augmenter la production de cétones dans le sang.
Comment l’épilepsie est-elle soignée chez les seniors ?
Il est plus difficile de traiter l’épilepsie chez les personnes âgées. Les seniors réagissent bien aux médicaments anticonvulsivants, mais les risques d’interactions médicamenteuses sont nombreux.
Par ailleurs, la lenteur du métabolisme chez les personnes âgées augmente les effets indésirables des médicaments.
Un cercle vicieux que le médecin traitant devra tenter de briser pour prévenir les crises d’épilepsie du patient âgé et maintenir son autonomie.
Il existe aujourd’hui des chiens d’alerte capables de détecter une crise quelques minutes avant son arrivée. En réaction à une odeur particulière émanant de son maître, il le prévient d’un coup de museau. Avec un tel chien, la personne âgée peut se mettre à l’abri pour éviter une chute, prendre ses médicaments ou appeler son médecin ou service de téléassistance. Pendant la crise, le chien se couche à côté de son maître pour l’apaiser.
Question fréquente
Peut-on mourir d’une crise d’épilepsie ?
Bien soignée, une personne peut très bien vivre avec la maladie épileptique. Les crises peuvent être évitées. Néanmoins, 30 % des patients sont ce qu’on appelle pharmacorésistants, c’est-à-dire que les crises d’épilepsie demeurent malgré les différents traitements tentés.
Dans ce cas, la crise peut causer une chute ou un accident, surtout chez les personnes âgées. Les conséquences d’un tel événement peuvent être fatales : fracture du col du fémur, noyade, accident de voiture…
Il existe également une complication médicale de l’épilepsie : l’état de mal épileptique. Ce terme fait référence à une série de convulsions importantes durant plus de 30 minutes sans reprise de la conscience entre les crises. Il s’agit d’une urgence médicale nécessitant une prise en charge immédiate.
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[1] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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[2] AVC
Un AVC, ou accident vasculaire cérébral, se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du cerveau est bloqué, ce qui peut provoquer des problèmes de mouvement, de langage, ou…
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[3] Dépression
La dépression est un état de tristesse profonde et prolongée, où une personne perd l’intérêt pour les activités et se sent épuisée, qui est très fréquent chez les seniors.
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J ai85 ans j ai eu des vertiges avec pertes de conscience scanner irm test tout est normal je vie seule active très indépendante après 2jours de médication je dois passer un encéphalograme .que puis-je attendre de cet examen
IRM
Cience
Bonjour,
Merci de votre commentaire,
L’encéphalogramme vérifie l’activité électrique de votre cerveau pour comprendre les causes possibles de vos vertiges et pertes de conscience.
Bonne journée,
Amandine
Bonjour.Mon père a souvent les mêmes comportements que vous avez cités plus haut.regard figé,raidissement des membres supérieurs et inférieurs,serre souvent les dents et une respiration difficile.Nous avons pensé sue c’est du au café mais il boit le café depuis 1958.il a 84ans cette année (2024)
Ses crises durent 3 à 5minutes de raidissement de menbres,suivi après de 15 à 20 minutes des respirations difficiles et d inconscience.Nous massons ses membres jusqu’à la fin du temps de raidissement et après il revient à lui.
Es ce que nous faisons bien de le masser?
Es ce une épilepsie de vieillesse?Doit-il continuer de boire son café.Merci.
Bonjour.
Merci de votre commentaire.
Les symptômes ressemblent à des crises convulsives. Le massage léger peut aider, mais évitez de forcer les mouvements. Consultez un médecin pour confirmer le diagnostic et évaluer la consommation de café.
Bonne journée,
Amandine.
Mon père a des perte de mémoire. Il se souviens pas du jour d’avant. Il a eu une meningite foudroyante en étant petit. Maintenant il a 70 ans. Je sais pas si c’est l’age ou a cause de sa meningite
Bonjour,
Merci de votre commentaire,
Les pertes de mémoire chez votre père peuvent être dues à l’âge ou à des séquelles de sa méningite passée. Il est important de consulter un médecin pour déterminer la cause exacte et obtenir un diagnostic.
Bonne journée,
Amandine.