La danse-thérapie est une approche innovante pour la prise en charge de Parkinson. Elle permet de solliciter le corps et de diminuer l’anxiété.

Caroline Fromentin, danseuse-thérapeute, nous explique comment ça marche. En collaboration avec l’association France Parkinson, elle anime des ateliers pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

La danse au service des personnes atteintes de Parkinson

Cap Retraite : Bonjour Madame, merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre action auprès des personnes âgées ?

Caroline Fromentin : Bien, avec plaisir. Je m’appelle Caroline. Je suis également naturopathe, spécialisée en relaxation coréenne. Je suis la co-autrice du livre Mon corps en équilibre.

Je me suis lancée dans cette belle aventure qu’est la danse-thérapie il y a quelques années déjà. La danse est en effet l’une de mes passions.

J’ai suivi une formation dans une école à Paris, Motiv’ danse à la Pitié-Salpêtrière, avec le Professeur Flamand-Roze. Je me suis spécialisée dans l’intervention auprès des personnes atteintes de la maladie de Parkinson,

Le but : amener ces personnes au mouvement, de façon sécurisée et encadrée, dans le cadre d’ateliers au sein de l’hôpital.

Cap Retraite : Quels sont les profils des personnes malades ? Comment les amenez-vous à participer à vos ateliers ?

Caroline Fromentin : J’interviens auprès de personnes adhérant à l’association France-Parkinson, dans les départements des Yvelines et du Val d’Oise. Celles-ci se trouvent à des stades assez variés de la maladie. Certaines personnes se déplacent avec un déambulateur et d’autres sont encore très indépendantes.

L’objectif de ces ateliers est « la mise en mouvement », au cours de laquelle les personnes demeurent très libres dans leur expression physique. Je constitue une source d’idées et d’énergie, pour leur montrer tout leur potentiel, malgré leurs contraintes apparentes.

En effet, une personne atteinte de Parkinson ne se résume pas à sa pathologie.

La danse thérapie pour stimuler le corps et les liens sociaux

Cap Retraite : Quels sont les bienfaits de la danse-thérapie ?

Caroline Fromentin : Ils sont très nombreux. Nous connaissons les trois piliers de la prise en charge thérapeutique :

  • les médicaments, assez incontournables,
  • la rééducation individuelle, notamment la kinésithérapie[1],
  • l’activité physique dans son ensemble.

Les bénéfices de la danse sont multiples :

  • coordination des mouvements,
  • équilibre,
  • maîtrise et encadrement du phénomène appelé « freeze » (un arrêt brusque des mouvements suivi de tremblements),
  • endurance et cardio-vasculaire,
  • mémoire pour l’apprentissage de chorégraphies…

Cet aspect moteur est le plus évident.

La danse-thérapie insuffle également une dimension sociale fondamentale. Elle apporte de la bienveillance, une énergie très positive, car on rit ensemble… Elle renforce la confiance en soi et diminue l’anxiété et les tensions. Elle aide beaucoup à relativiser les problématiques des patients.

C’est un rendez-vous assez attendu pour des personnes encore à domicile, assez autonomes et âgées de 60 à 80 ans. Pour l’instant, je n’interviens pas en EHPAD[2], ni en séance particulière.

La danse-thérapie insuffle également une dimension sociale fondamentale.

Une thérapie construite autour de la mise en mouvement

Cap Retraite : Quels sont les prérequis des ateliers et leur fréquence ?

Caroline Fromentin : La mise en mouvement ne nécessite rien de la part des personnes malades. Il n’y a pas de matériel spécifique. Une chaise suffit la plupart du temps.

Les danseurs ont des profils assez hétéroclites : aucun mouvement n’est recommandé ou au contraire interdit, aucune intensité n’est exigée.

Il ne s’agit surtout pas de mettre en difficulté le participant, qui capte « l’idée du mouvement » avant de le produire, selon ses envies et ses capacités. Si l’un des danseurs « freeze », cela peut s’intégrer dans l’atelier.

J’interviens dans les deux antennes départementales toutes les semaines. La participation aux ateliers dépend des rythmes de vie de chacun. La régularité s’installe pour des personnes qui, au terme de la séance, éprouveront une « bonne fatigue ».

Les danseurs participent dans la joie et font partie intégrante du groupe. Pendant deux heures, ils oublient leurs problèmes autour de Parkinson.

La mise en mouvement correspond à un travail sur le rythme, la voix, etc. Elle est ludique. Il ne s’agit surtout pas d’une conception rigide et technique de la danse, comme cela peut être perçu dans la culture occidentale.

Exemple d'un atelier danse pour les patients atteints de la maladie de Parkinson

Cap Retraite : Comment se déroule un atelier ?

Caroline Fromentin : Il débute par un « sas de décompression », où chacun se réapproprie son corps et s’échauffe. Les danseurs sont assis pendant cette période, afin d’éviter de trop les fatiguer.

Ils appréhendent en douceur et de façon ludique le rythme et l’espace. Pour cette mise en mouvement, je peux puiser dans le jazz, le tango, la salsa, le qi gong…

Cap Retraite : Combien de personnes composent un atelier ?

Caroline Fromentin : À peu près une quinzaine. Au-delà, il est plus difficile de diriger un groupe.

Cap Retraite : Comment sont perçus vos ateliers ?

Caroline Fromentin : Généralement, le retour vient davantage de la part des danseurs eux-mêmes. Leur assiduité aux séances témoigne de leur satisfaction.

Ils reconnaissent que cela peut améliorer leur condition physique, leur posture ou leur façon d’appréhender leur monde…

Un impact positif sur le malade de Parkinson, reconnu en France

Ils ont une plus grande richesse de mouvements. La danse-thérapie les aide, tant sur le plan moteur que sur le plan social et mental.

Cap Retraite : Cette pratique s’étend-elle sur le plan national ?

Caroline Fromentin : Oui. Depuis quelques années, les médias l’évoquent beaucoup, à travers des reportages.

La formation de la Pitié-Salpêtrière est très ouverte, avec comme objectif principal d’avoir des intervenants en danse-thérapie sur la France entière. L’établissement est d’ailleurs très réputé dans le traitement de la maladie de Parkinson.

La danse-thérapie : chacun peut l’appliquer chez soi

Cap Retraite : Comment peut-on appréhender cette pratique ?

Caroline Fromentin : La danse-thérapie est assez novatrice en soi. Depuis longtemps, on parle des bénéfices du tango pour la maladie de Parkinson, en raison des pratiques dynamiques de cette danse. Mais je pense que tout mouvement dansé est bénéfique pour les personnes atteintes de cette pathologie.

L’approche est véritablement pluridisciplinaire : gestes de taï-chi, gymnastique douce, mouvements qui ont leur origine dans le jazz, la salsa…

Cap Retraite : Comment procéder pour reproduire cette pratique à la maison ?

Caroline Fromentin : Il est tout à fait conseillé de reprendre les gestes. Par exemple, lors d’une séance, je montre des petites chorégraphies avec les doigts. J’encourage beaucoup à reproduire tous les mouvements à la maison.

Les personnes intéressées peuvent se rendre sur les plateformes reconnues en ligne. Par exemple, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière propose un cours en ligne de danse-thérapie depuis la pandémie.

À ce sujet, les protocoles Covid-19 suivent les directives imposées par les autorités nationales. En plein cœur de la pandémie, les personnes ont suivi mes ateliers avec des masques par exemple.

Cap Retraite : Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.

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Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

Commentaires (10)

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  1. Martine LE ROUE

    Bonjour. J habite Viroflay, proche Versailles. Où pourrais je suivre des cours de danse thérapie pour ralentir l évolution de la maladie de Parkinson. Merci pour votre réponse

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour,
      Merci pour votre commentaire,

      Vous pouvez vérifier auprès des centres de réhabilitation ou des associations locales à Viroflay ou Versailles, comme « Association Parkinson Yvelines » ou « Maison des Associations de Versailles ». Ils peuvent offrir ou recommander des cours de danse thérapie adaptés à la maladie de Parkinson.

      Bonne journée,
      Amandine.

      Répondre
  2. VERET Jacqueline

    J’ai Parkinson depuis 2 ans et pratique le Tango 2 fois par semaine, seulement quand les bons danseurs savent que je suis malade, ils ne m’invitent plus. Ne peut-il y avoir du Tango dans le Nord pour les Parkinsoniens et autres maladies, je connais quelques profs qui seraient peut-être intéressés. J’en parlerai avec mon neurologue à l’hôpital. Merci à vous. Jacqueline

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour Madame,

      Je vous remercie pour votre commentaire.

      Il est génial que vous continuiez à danser malgré la maladie de Parkinson. Discuter avec votre neurologue de la possibilité de cours de Tango adaptés dans votre région est une excellente idée. Bonne chance !

      Bonne journée.
      Amandine

      Répondre
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