Prendre soin d’un parent âgé, un acte d’amour ? Dans la réalité, cette responsabilité liée à l’obligation alimentaire est souvent source de tensions au sein des fratries. Qui fait quoi ? Où vivront papa et maman ? Comment financer les soins ? Ces questions, mêlées de non-dits, de culpabilité et de charge mentale désolidarisent les frères et sœurs… Chacun, persuadé de savoir ce qui est le mieux pour son parent, est partagé entre le stress, l’incompréhension et parfois la culpabilité. Voici les 10 conflits familiaux récurrents entre les enfants d’un parent dépendant et les solutions pour trouver un accord concernant la prise en charge. 

Une perception différente de l‘autonomie du parent

Le conflit : un frère voit encore le parent comme autonome, tandis qu’une sœur s’alarme de signes de fragilité (oublis, chutes). Parfois, toute la fratrie reconnaît le besoin d’aide, mais le parent, en plein déni, rejette toute intervention.

La solution : faites appel à un professionnel extérieur (médecin traitant, assistant social ou coordinateur gériatrique) pour évaluer objectivement la situation

Un bilan de santé et de sécurité au domicile clarifie les besoins et peut convaincre le parent et aligner les points de vue familiaux.

Personne ne veut ou ne peut assumer la prise en charge du parent

Le conflit : le parent accepte de se faire accompagner mais par manque de temps, de moyens financiers ou de vie familiale… aucun enfant ne se sent en mesure d’endosser le rôle d’aidant. Pourtant, l’obligation alimentaire[1] impose une responsabilité collective.

Les solutions : avec l’aide d’un conseiller familial ou d’un médiateur, les frères et sœurs peuvent se répartir les tâches : un frère finance une aide à domicile[3], une sœur gère les démarches administratives et un autre assure des visites régulières. 

Si personne ne peut intervenir, envisagez des soins professionnels (aide à domicile ou placement), financés par les ressources du parent ou des aides publiques.

Le choix entre domicile et établissement spécialisé

Le conflit : faut-il maintenir le parent à domicile ou le placer en résidence senior ? Certains privilégient le confort familier, d’autres la sécurité d’un établissement adapté.

La solution : explorez les options avec un conseiller en gériatrie[4]

  • Une aide à domicile (auxiliaire de vie[5], soins infirmiers) peut suffire pour un maintien à domicile[6], tandis qu’une maison de retraite ou un EHPAD[2] convient mieux en cas de perte d’autonomie avancée. 
  • Organisez une réunion familiale pour peser les pour et les contre, en tenant compte des souhaits du parent.

Un des enfants manipule le parent à son avantage

Le conflit : un des enfants tente d’influencer les décisions du parent sur son lieu de vie, ses choix financiers ou son héritage… Et pas dans l’intérêt du senior. 

Les solutions : 

  • Contactez les services sociaux ou la protection des adultes vulnérables via le conseil départemental et conservez les preuves :
    • Relevés bancaires inhabituels
    • Modifications récentes d’un testament ou d’un contrat d’assurance
    • Procuration soudaine accordée à un seul enfant
    • Témoignages ou comportements inquiétants
  • Proposez une protection juridique : si votre parent est encore en capacité de discuter et de prendre des décisions, proposez-lui d’encadrer légalement la gestion de ses affaires en respectant ses volontés avec une procuration partagée ou un mandat de protection future, par un notaire, pour sécuriser les décisions dans l’intérêt du parent.

Un seul enfant porte toute la responsabilité de la prise en charge des parents

Le conflit : souvent, l’enfant le plus proche géographiquement ou émotionnellement du parent assume tout : soins, démarches, rendez-vous… Or, le rôle d’aidant familial est épuisant, surtout sans le soutien des autres membres de la famille.

Les solutions :

  • Exprimer clairement ses limites lors d’une discussion entre les frères et sœurs. Profitez des appels ou des visites avec eux pour leur faire prendre conscience de la charge de travail. À défaut d’obtenir une présence physique, déléguez des tâches précises telles que :
    • Gérer le budget,
    • Prendre les rendez-vous administratifs et médicaux,
    • Organiser les livraisons de repas, 
    • Participer au financement d’une aide à domicile.

Les rancunes passées ressurgissent

Le conflit : le jour où les familles se retrouvent pour s’occuper d’un parent vieillissant ou en perte d’autonomie, l’élan de solidarité peut vite se heurter à un passé chargé de rivalités d’enfance, jalousies, non-dits ou de blessures qui bloquent toute coopération.

La solution : faire appel à un professionnel pour dépasser les émotions et trouver un terrain d’entente : un médiateur familial, un coordinateur de soins, un avocat ou un psychologue.

Lors d’une réunion, ce dernier orientera la discussion sur :

  • les besoins du parent,
  • la juste répartition des rôles,
  • la mise en place d’un plan à long terme, y compris les aspects financiers.

Un désaccord sur la répartition des frais de soins entre les enfants

conflit familial pour payer les frais de soins du parent

Le conflit : entre l’aide à domicile, les équipements à installer, les traitements non remboursés… Le coût des soins pour personnes âgées divise : faut-il partager à parts égales, ou selon ses moyens ? Sachant que l’obligation alimentaire impose une contribution proportionnelle aux ressources. 

La solution : anticiper le budget en listant les ressources des parents : assurance dépendance[7], retraite, économies, biens immobiliers etc. et les aides disponibles (APA, ASH, réduction fiscale). Une simulation des frais avec un conseiller financier aide à répartir les efforts justement, conformément à la loi.

L’un des enfants décide seul, sans consulter

Le conflit : l’un des enfants impose ses choix (lieu de vie, finances, santé) sans consulter ni ses frères et sœurs, ni le parent concerné. Même animée par de bonnes intentions, cette attitude unilatérale fragilise la confiance et alimente tensions et méfiances au sein de la famille.

Les solutions :

  • Ouvrez le dialogue avec une réunion familiale ou un échange écrit.
  • Si le dialogue échoue, gardez le lien direct avec votre parent autant que possible : appels, visites, messages, cartes postales… pour rester informé et montrer votre implication.
  • En cas de soupçon d’abus de faiblesse ou d’isolement forcé, saisissez les services de protection des adultes pour évaluer la situation et protéger les droits de la personne âgée. Conservez toute preuve pouvant étayer vos doutes : documents administratifs, témoignages, échanges écrits.

Le parent âgé manipule ses enfants

cas de conflit entre les enfants d'un parent âgé

Le conflit : par peur de dépendre des autres et continuer à vivre sa vie, un parent âgé joue sur la culpabilité ou monte les enfants les uns contre les autres.

Les solutions : impliquez le parent dans les choix (type d’aide, lieu de vie) pour le rassurer. Si son état (démence, agressivité) dépasse vos capacités, optez pour un accueil de jour ou une aide à domicile temporaire.

La culpabilité paralyse la fratrie

Le conflit : chacun veut bien faire, mais la peur de mal agir ou de trahir le parent fige les décisions et amplifie les tensions.

La solution : recentrez-vous sur le parent avec l’aide d’un professionnel (assistant social, médiateur). Établissez un plan clair, étape par étape et acceptez que déléguer à des experts (EHPAD, auxiliaires de vie) n’est pas un échec, mais une preuve de soin.

Voir un parent décliner est une épreuve, mais elle ne doit pas fracturer la famille. L’obligation alimentaire, inscrite dans le Code civil, rappelle que la prise en charge est une responsabilité partagée, ajustée aux moyens de chacun. Pour surmonter les conflits, misez sur la communication, l’appui de professionnels (médecins, médiateurs, notaires) et les nombreuses solutions disponibles : aide à domicile, résidences seniors, aides financières. 

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