Votre père ou votre mère est en situation de dépendance[1] et vous souhaitez protéger ses intérêts ? Sachez qu'il existe en France une mesure de protection judiciaire pour cela : l'habilitation familiale. Il s'agit d'un dispositif juridique qui permet à des proches d'assumer la protection d'une personne en situation de vulnérabilité, notamment en raison de son âge avancé. Cette procédure judiciaire vise à garantir le bien-être et la sécurité de la personne protégée, tout en préservant ses droits et sa dignité.
Cependant, il est essentiel de connaître les pièges potentiels et les erreurs courantes à éviter lors de la mise en place de cette mesure. Si vous envisagez de faire une demande d'habilitation familiale, cet article vous révèle les erreurs courantes à éviter pour vous aider à vous assurer que l'habilitation familiale se déroule en toute conformité avec la loi et dans l'intérêt supérieur de la personne concernée.
1- Confondre les types d'habilitation
Pour rappel, l'habilitation familiale est une alternative plus souple aux mesures de protection traditionnelles, à savoir la sauvegarde de justice[2], la curatelle[3] et la tutelle[4]. Elle implique une protection relative et le juge des contentieux de la protection (ancien juge des tutelles[5]) peut ainsi décider de choisir une mesure juridique plus contraignante afin de protéger les intérêts de la personne concernée.
Le droit civil prévoit deux cas d'habilitation familiale que l'on distingue selon l'acte :
- générale : elle porte sur tous les actes que le tuteur a le pouvoir d'accomplir, seul ou avec une autorisation, sur les biens de l'intéressé majeur (gestion, patrimoine, etc.) ainsi que sur les actes relatifs à la personne à protéger (mariage, opération médicale, logement, etc.) ;
- limitée : elle concerne alors des actes particuliers et autorisés expressément par le magistrat.
Il faut alors faire attention à choisir la mesure d'habilitation adaptée à sa situation personnelle. Une fois que la mesure a été prononcée par le juge, il faut respecter le régime de protection juridique et veiller à ce que chaque décision rentre dans le cadre légal de l'habilitation. Ainsi, si le juge a délivré une habilitation limitée, le mandataire (qui désigne plus communément la personne habilitée) est limité dans ses pouvoirs de représentation.
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2- Ne pas comprendre les critères d'admissibilité de l'habilitation familiale
L'une des premières erreurs courantes est de ne pas comprendre les critères d'admissibilité à l'habilitation familiale. Régie par les articles 494-1 à 494-12 du Code Civil, cette mesure judiciaire est certes plus souple que la tutelle ou la curatelle mais obéit à des règles précises.
Pour la personne concernée par la mesure de protection
La personne à protéger doit être incapable de pourvoir seule à ses intérêts et de manifester sa volonté. Elle résulte généralement d'une altération de la santé physique ou mentale de la personne, qui doit être constatée médicalement.
Le droit civil impose également une condition d'âge. En effet, la personne à protéger doit être majeure ou mineure émancipée.
Pour la personne pouvant être habilitée
D'après la loi, l'habilitation familiale est réservée aux proches parents du bénéficiaire, tels que les enfants, les conjoints, ou les frères et sœurs. Il est essentiel de vérifier si vous remplissez les conditions légales avant de démarrer une procédure en justice. S'il s'avère lors de la procédure que la personne n'est pas habilitée à agir, vous aurez perdu un temps précieux.
3- Oublier de consulter un avocat ou un professionnel juridique
L'habilitation familiale est une mesure de protection judiciaire qui est l'aboutissement d'une procédure légale relativement complexe. Une erreur fréquente est alors de ne pas consulter un avocat ou un professionnel juridique spécialisé dans cette branche du droit civil.
Un avocat peut vous guider tout au long du processus, vous aider à préparer la documentation nécessaire, et s'assurer que vos droits ainsi que ceux de la personne protégée sont respectés. Enfin, il est celui qui assurera votre représentation devant le juge des contentieux de la protection.
Afin de choisir la bonne mesure de représentation pour votre parent majeur, une consultation avec un avocat pourra vous éclairer sur votre situation personnelle. C'est aussi ce dernier qui pourra vous indiquer quel type de mesure choisir parmi toutes les mesures de sauvegarde disponibles dans le but de préserver au mieux les intérêts de la personne concernée.
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4- Ne pas rassembler les documents nécessaires à la demande d'habilitation familiale
Pour que l'habilitation familiale soit accordée, il est crucial de rassembler tous les documents requis par la loi. Ces documents peuvent inclure des preuves de la relation familiale avec le futur mandataire, des certificats médicaux, des déclarations de revenus, et d'autres pièces justificatives.
Ne pas disposer de tous les documents nécessaires peut entraîner des retards et des complications dans la procédure.
5- Ne pas impliquer tous les membres de la famille concernés
Une erreur commune est de ne pas impliquer tous les membres de la famille qui pourraient être concernés par la mesure d'habilitation familiale. Il est essentiel de communiquer avec tous les membres de la famille, en particulier ceux qui ont un intérêt légitime dans la vie de la personne protégée.
Omettre des personnes peut entraîner des conflits familiaux et des litiges juridiques, et à terme une situation défavorable pour la personne protégée. Il est donc important de faire état des bonnes relations qu'entretient la famille avec la personne à protéger.
6- Ne pas respecter les délais légaux
Enfin, il est crucial de respecter les délais légaux. Les procédures d'habilitation familiale sont soumises à des échéances strictes encadrées par la loi. Si vous ne respectez pas ces délais, la procédure judiciaire peut être retardée ou annulée, ce qui peut avoir des conséquences néfastes pour la personne protégée.
L'habilitation familiale est une mesure importante pour garantir la protection des personnes vulnérables tout en préservant leur dignité et leurs droits. Éviter les erreurs courantes lors de cette procédure est essentiel pour garantir son succès.
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[1] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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La sauvegarde de justice est une mesure de protection temporaire pour les personnes majeures qui ont besoin d’aide pour gérer leurs affaires, mais qui ne sont pas encore sous tutelle…
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[3] Curatelle
La curatelle est une mesure qui aide une personne vulnérable à gérer ses affaires, tout en lui permettant de garder une certaine indépendance.
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[4] Tutelle
La tutelle est un mesure de protection judiciaire où une personne est désignée pour prendre soin des affaires personnelles et financières d’une personne qui ne peut plus le faire elle-même…
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Le juge des tutelles est un magistrat dont les décisions ont pour but pour protéger et aider les personnes qui ne peuvent pas gérer seules leurs affaires ou leurs finances.
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