Vous réfléchissez à vendre votre bien en viager ? En viager libre ou en viager occupé, cette transaction immobilière permet de percevoir une rente tout en continuant à occuper le bien. Une solution attrayante pour maintenir son niveau de vie à la retraite ou augmenter ses ressources en cas de frais de santé ou de maintien à domicile[1] élevés.

Cependant, bien que cette option évite aux descendants de participer aux finances des proches en difficulté financière, vendre en viager peut impacter l'héritage et les relations familiales, surtout si les successeurs ne sont pas informés. Alors, peut-on vendre en viager sans l'accord des héritiers et sous quelles conditions? Cap Retraite répond à cette question délicate.

Les conditions d'accord pour vendre en viager 

La première condition pour être autorisé à vendre un bien en viager est de posséder toutes ses facultés intellectuelles, sans faire l'objet d'une tutelle ou curatelle

Ensuite, les conditions dépendent des situations suivantes :

  • Si vous êtes le seul propriétaire du bien, vous avez le droit de le vendre en viager sans l'accord du conjoint, du copropriétaire ou des héritiers.
  • Si vous divisez une résidence principale avec votre conjoint, ce dernier doit donner son consentement à la vente. À contrario d'une résidence secondaire.
  • Si vous n'êtes pas marié, la vente en viager doit être consentie par les deux parties.
  • Si le bien est en indivision avec les descendants. Lorsque l'un des deux époux propriétaires décède, les enfants du couple et le conjoint survivant deviennent copropriétaires du bien en indivision.
  • En cas de propriété détenue par plusieurs personnes, l'accord de chaque propriétaire est nécessaire pour procéder à la vente.

LIRE AUSSI: Vente en viager : une solution pour payer la perte d’autonomie

Les droits des héritiers sur la vente en viager 

En principe, la vente en viager ne nécessite pas l’accord des héritiers, car il s’agit d’une vente réalisée de manière libre et volontaire par le crédirentier (vendeur). Néanmoins, il est préférable d’en discuter avec eux afin d’éviter des conflits familiaux et de s’assurer que leurs droits sont respectés.

accord des héritiers pour vendre en viager

Les droits des héritiers

Les descendants disposent de droits légaux sur le patrimoine de leurs ascendants, dont une part minimale garantie par la loi, appelée réserve héréditaire. Cette réserve héréditaire ne s'applique qu'aux biens transmis par succession et non aux biens vendus en viager, car le bien vendu en viager ne fait plus partie du patrimoine du vendeur à son décès. D'après les articles 1968 et suivants du code civil, le bien n'entre pas dans la masse successorale en cas de vente en viager. Par conséquent, les descendants ne peuvent pas faire valoir leurs droits réservataires, à moins qu'ils ne contestent le contrat de transaction devant les tribunaux.

L’accord tacite

Dans certaines situations où les successeurs, informés de la vente en viager, ne s'y opposent pas, leur consentement à la transaction est considéré comme tacite.

La renonciation

Les héritiers peuvent renoncer à leurs droits sur le bien vendu en viager. Dans ce cas, ils doivent signer une déclaration de renonciation qui sera annexée à l’acte de vente. Cette renonciation doit être volontaire et informée et les ayants-droit doivent être conscients des conséquences de leur décision.

Vendre en viager : quelles conséquences pour les héritiers ?

Pour les descendants, la vente en viager peut être pénalisante et source de problèmes. 

La perte du bien à la succession

Si la vente en viager vise généralement à améliorer son autonomie financière, cette transaction entraîne l'exclusion du bien de l'héritage. En effet, une fois la vente en viager réalisée, le vendeur devient usufruitier du bien jusqu'à son décès (dans le cas d'un viager occupé), mais le logement cesse de faire partie de son patrimoine. En conséquence, les successeurs ne pourront pas hériter du bien à la suite du décès du crédirentier.

Des problèmes successoraux 

Si le montant de la rente viagère excède la réserve héréditaire, les héritiers n'auront pas droit au paiement de la somme restante à la suite du décès du crédirentier.

Un recours en justice

Après la signature de l’acte, l'héritier peut contester la vente en viager et saisir la justice pour faire valoir ses droits. Le juge décidera soit d'annuler la vente, soit d'ordonner des ajustements si les droits des héritiers n’ont pas été respectés.

vente en viager sans l'accord des héritiers

Comment éviter les conflits avec les héritiers lors d'une vente en viager ?

Face aux risques et conséquences d'une vente en viager pour les héritiers et selon les rapports entre les membres de la famille, une discussion sereine pour évoquer la succession  entre les personnes concernées aide à clarifier la réelle nature de l'acte de vente et à garantir le respect des droits individuels. Afin que toutes les parties prennent connaissance de leurs droits et obligations, il est préférable de solliciter l'expertise d'un professionnel du droit lors de ces échanges. 

Pour formaliser et prendre en compte les intérêts de toutes les parties concernées, l'acte notarié de vente en viager doit détailler toutes les conditions de la transaction, incluant :

  • La rente viagère, calculée en fonction de la valeur du bien et de l'espérance de vie du crédirentier. Cette rente représente le montant périodique versé par l'acheteur au vendeur jusqu'à son décès, en échange d'un droit d’usage et d’habitation du bien.
  • Le bouquet éventuel. L'acheteur effectue un paiement initial unique au vendeur au moment de la conclusion de la vente.
  • La réserve héréditaire, qui constitue une part minimale du patrimoine de l'ascendant dont les héritiers ne peuvent être privés. Cette réserve est protégée par la loi et varie en fonction du nombre d'héritiers ainsi que de leur degré de parenté avec le défunt. Elle doit être préservée même en cas de vente en viager.
  • Les droits des héritiers à recevoir leur part légale de l'héritage en dehors de la vente en viager doivent également être mentionnés et garantis dans l'acte notarié. Cela inclut toute autre propriété ou actif faisant partie de la succession du défunt, en dehors du bien vendu en viager.

En résumé, si les héritiers, non propriétaires du bien, ne peuvent s’opposer à une vente en viager, il leur est possible de contester toute violation de leurs droits s'ils estiment que la transaction ne les respecte pas. Il est donc vivement recommandé de s'entretenir avec eux pour discuter des avantages et inconvénients de cette décision sur leurs droits légaux afin d'éviter d'éventuels conflits.

LIRE AUSSI: Le prêt viager, un bon moyen de financer sa retraite ?

Tableau récapitulatif de la vente en viager sans l'accord des héritiers

SectionDétails Clés
Possibilité de vente en viager sans l'accord des héritiersOui, il est possible de vendre en viager sans l'accord des héritiers, mais cela dépend de la situation de propriété et des conditions légales.
Conditions pour vendre en viager- Propriétaire doit avoir toutes ses facultés intellectuelles.
- Si seul propriétaire, pas besoin d'accord des héritiers.
- Si bien partagé avec conjoint, consentement nécessaire pour résidence principale.
- En indivision, accord de tous les propriétaires requis.
Droits des héritiers- Les héritiers ont une réserve héréditaire sur la succession mais pas sur les biens vendus en viager.
- Possibilité de contestation si le contrat est jugé préjudiciable.
Conséquences pour les héritiers- Perte du bien dans l'héritage.
- Possibles problèmes successoraux si la rente viagère excède la part réservataire.
- Droit de contester la vente en justice.
Eviter les conflits- Discussion préalable avec les héritiers recommandée.
- Sollicitation d'un professionnel du droit pour éclairer tous les aspects.
- Acte notarié détaillant les conditions de la vente, la rente, le bouquet, et la réserve héréditaire.

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Commentaires (19)

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  1. Cyril Masjak

    Bonjour…ma maman en usufruit peut elle vendre une maison secondaire à mon frère en viager sans mon accord.merci

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour.

      Merci de votre commentaire.

      Non, votre mère ne peut pas vendre une maison en viager sans votre accord si elle n’en est que l’usufruitière. L’usufruit donne le droit de jouir du bien (l’utiliser, percevoir les revenus), mais la vente de la pleine propriété (incluant la nue-propriété) nécessite l’accord des nus-propriétaires, comme vous.

      Bonne journée,
      Amandine.

      Répondre
  2. Virginie Yellouz

    Bjr , ma grand mère peut elle vendre son bien en viager sachant qu elle a eu 98 ans en février 2024 et de ce fait déshériter sa seule fille ?
    Merci pour votre réponse
    Virginie

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour
      Je vous remercie pour votre commentaire.
      Il est conseille de consulter un notaire afin de bien comprendre les implications légales et successorales.
      Bonne journée.
      Amandine

      Répondre
    2. marie claire TIZAOUI

      j’ai un fils qui ne me parle plus depuis 6 ans décès de mon mari et un autre qui ne fait que des dettes, j’ai 82 ans, je veux vendre ma maison en viager pour être tranquille et avoir de quoi vivre un peu mieux car je suis fatiguée de l’entretenir aussi bien l’extérieur que de l’intérieur ce qui est normale mais je ne veux rien donner à mes héritiers ils ne le méritent pas et ont une très bonne situation, donc je veux me documenter!

      Répondre
      1. Amandine

        Bonjour,
        Merci pour votre commentaire,

        Il est compréhensible de ressentir de la tristesse et de la frustration dans cette situation. Prendre rendez-vous avec un notaire spécialisé en viager pourrait vous offrir des conseils précieux pour vendre votre maison de manière à sécuriser votre avenir.

        Bonne journée,
        Amandine.

        Répondre
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