Les troubles chroniques sont le signe de problèmes médicaux altérant les facultés cognitives d’une personne. Ils comprennent notamment des problèmes de mémoire, des changements d’humeur ou des troubles du comportement. Souvent causés par une démence telle que la maladie d’Alzheimer, ils peuvent entraîner une véritable perte d’autonomie et un diagnostic précoce est donc important. Le but : mettre en place rapidement un traitement adapté.
Qu’est-ce que des troubles cognitifs ? Définition
Les troubles cognitifs, également connus sous le nom de troubles neurocognitifs, sont caractérisés par une baisse des facultés dans un ou plusieurs domaines de la cognition. Ils peuvent toucher la mémoire, la capacité à apprendre de nouvelles informations, ou encore la résolution de problèmes. Une personne confrontée à ces difficultés peut avoir du mal à se souvenir d’événements récents ou à penser de manière aussi claire qu’avant.
Le DSM-5 (guide de référence pour les professionnels de la santé mentale) souligne que cette baisse des capacités cognitives est « acquise ». Autrement dit, elle survient après une période de fonctionnement normal. Ce n’est pas une condition avec laquelle on naît, mais plutôt un déclin progressif qui se manifeste avec le temps.
En outre, les troubles cognitifs ne sont pas liés à des états psychologiques (comme la dépression) ni psychotiques (comme la schizophrénie). Il s’agit d’un problème de fonctionnement cérébral évolutif et significatif.
Quelles sont les fonctions cognitives touchées ?
Différentes fonctions cognitives importantes pour la vie quotidienne peuvent faire l’objet d’un déficit plus ou moins important :
- mémoire : faculté d’enregistrer, de conserver et de rappeler les informations. La mémoire peut être à court terme (mémoire de travail) ou à long terme ;
- attention et concentration : capacité à se concentrer sur une tâche spécifique tout en ignorant les distractions ;
- fonctions exécutives : processus régulant le contrôle de soi, la planification, la prise de décision, le raisonnement, la résolution de problèmes et la flexibilité cognitive ;
- facultés d’apprentissage : pouvoir apprendre de nouvelles informations et compétences ;,
- langage : compétences liées à la compréhension et à l’expression verbale, permettant la communication et la compréhension sociale ;
- perception : faculté d’organisation et d’interprétation des informations sensorielles provenant de notre environnement. Elle permet de reconnaître et d’identifier les objets et les situations ;
- praxies : capacités à réaliser des mouvements et des gestes de manière volontaire, en vue d’atteindre un objectif spécifique ;
- fonctions visuo-spatiales : capacité à comprendre et à manipuler les objets dans l’espace, ainsi qu’à se repérer spatialement ;
- cognition sociale : reconnaissance des émotions des autres.
Quels sont les différents troubles cognitifs ?
Les troubles cognitifs sont le plus souvent observés dans le cadre de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées (pathologies neurodégénératives), ou d’autres affections neurologiques. Ils peuvent aussi être le résultat d’un événement traumatique (lésion).
Les principaux troubles neurocognitifs sont les suivants :
- Maladie d’Alzheimer : la plus connue et fréquente des maladies associées à des troubles neurocognitifs. Elle cause une perte de mémoire et altère le raisonnement.
- Dégénérescence fronto-temporale : touche les lobes frontaux et temporaux du cerveau, entraînant des modifications du comportement et du langage.
- Maladie de Huntington : trouble génétique entraînant des mouvements incontrôlables et des problèmes cognitifs.
- Maladie à corps de Lewy : caractérisée par la présence de dépôts anormaux de protéines dans le cerveau, elle affecte la cognition et le système moteur.
- Maladie de Parkinson : bien connue pour ses effets sur le mouvement, elle entraîne également des troubles cognitifs chez certains patients.
- Maladies à prions : comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob ou l’encéphalopathie spongiforme bovine (« maladie de la vache folle »). Ces maladies rares, mais graves affectent le cerveau de manière significative.
- Démence liée à l’infection par le VIH : le sida peut causer des problèmes neurocognitifs, affectant la mémoire et le raisonnement.
- Démence vasculaire : résulte d’une altération du flux sanguin vers le cerveau, affectant la cognition. Elle est souvent due à un accident vasculaire cérébrale (AVC).
- Lésion cérébrale traumatique (traumatisme crânien) : affecte la cognition et le comportement à la suite d’un impact physique sur le cerveau.
Évolution des troubles cognitifs
Ces différents troubles cognitifs sont majoritairement observés chez les sujets âgés de plus de 65 ans.
Ils ne se développent pas du jour au lendemain, mais s’installent et progressent lentement au fil des années. Cela dit, ils peuvent également survenir plus tôt dans la vie. Par exemple, un traumatisme crânien peut toucher n’importe qui, y compris les plus jeunes parmi nous.
Lorsque ces problèmes se manifestent tôt, ils sont généralement plus faciles à identifier et à traiter. Mais quand ils apparaissent plus tard, ils peuvent passer inaperçus.
Troubles cognitifs sévères ou légers
Les troubles cognitifs sont catégorisés par le DSM-5 comme majeurs ou mineurs, selon la gravité des symptômes et l’impact sur la vie quotidienne.
Plus précisément, les troubles neurocognitifs regroupent les trois syndromes suivants :
- syndrome confusionnel : il se caractérise par une perturbation de l’attention et de la conscience. Le patient rencontre des difficultés à se concentrer, à maintenir son attention ou à en changer l’objet. Il est moins conscient de ce qui l’entoure, voire de lui-même. La fonction cognitive est aussi affectée (perte de mémoire, désorientation, problème de langage, habilité visuo-spatiale ou perception réduite). Ce trouble peut apparaître rapidement (en quelques heures ou jours), et a tendance à varier au cours de la journée, s’aggravant parfois le soir. Il peut être déclenché par des problèmes de santé, l’usage ou l’arrêt de certaines substances, l’exposition à des toxines, ou un mélange de ces éléments. Chez les personnes âgées, il est souvent consécutif à une maladie ou à une hospitalisation. Il est généralement réversible.
- trouble cognitif léger (TCL) : le déficit cognitif est considéré comme mineur s’il n’affecte pas la capacité d’une personne à vivre de manière indépendante.
- trouble neurocognitif majeur (démence) : il s’agit d’un déclin cognitif important par rapport aux facultés antérieures du patient. Ce ou ces déficits (de l’attention, la mémoire ou autres) sont suffisamment importants pour interférer avec la capacité du sujet à effectuer seul certaines activités de la vie quotidienne (AVQ). La personne a besoin d’aide pour réaliser des activités instrumentales complexes, par exemple payer ses factures ou gérer ses médicaments.
Il est estimé qu’un trouble cognitif majeur affecte 1 à 2 % des personnes à l’âge de 65 ans et jusqu’à 30 % de la population à l’âge de 85 ans. La prévalence des troubles cognitifs mineurs est plus difficile à estimer, mais on pense qu’ils touchent entre 2 et 10 % des personnes âgées de 65 ans et jusqu’à 25 % de celles âgées de 85 ans. Quant au syndrome confusionnel, il concerne 30 à 40 % des personnes âgées de 70 ans ou plus admises à l’hôpital (Cole, 2005).
Quels sont les signes des troubles cognitifs ? Symptômes principaux
Les troubles cognitifs se manifestent par des symptômes variables selon la maladie qui est à l’origine du problème, et sa gravité.
Voici une liste générale des symptômes le plus souvent rencontrés dans ces maladies :
- Perte de mémoire : difficulté à se souvenir des événements plus ou moins récents ou à retenir de nouvelles informations.
- Difficultés de concentration et d’attention : incapacité à se concentrer, à rester attentif sur une période prolongée ou à réaliser deux tâches à la fois.
- Troubles de la perception visuo-spatiale : problèmes à évaluer la distance ou à comprendre la relation spatiale entre les objets.
- Problèmes de langage et de communication : difficultés à trouver les mots, à suivre ou à participer à des conversations, à lire ou à écrire.
- Raisonnement et jugement altérés : confusion, prises de décisions, résolution des problèmes ou planification défaillantes.
- Changements d’humeur et de comportement : irritabilité, changements brusques d’humeur ou comportement inapproprié.
- Désorientation temporelle et spatiale : perte de la notion du temps et des dates, ou désorientation même dans des lieux familiers.
- Diminution de l’initiative : manque d’intérêt pour les activités habituelles ou incapacité à entreprendre des tâches.
- Difficultés à effectuer des tâches quotidiennes : problèmes à réaliser des activités de la vie quotidienne qui étaient auparavant faciles.
Ces symptômes peuvent affecter significativement la qualité de vie de la personne concernée ainsi que celle de son entourage.
Quelles sont les causes des troubles cognitifs ?
Les troubles cognitifs peuvent avoir différentes causes. Ils sont généralement dus à des dommages subis par le tissu neuronal (système nerveux). Ces lésions peuvent toucher différentes zones du cerveau :
- la matière grise : elle comprend le cortex (la partie extérieure du cerveau impliquée dans des fonctions complexes comme la pensée et la prise de décision), le thalamus et les ganglions de la base,
- la matière blanche : elle est composée des gaines entourant les axones (parties des neurones transmettant les signaux électriques) et qui connectent différentes zones de la matière grise entre elles.
Selon la zone du cerveau affectée, il existe des déficits cognitifs spécifiques. Par exemple, si le lobe pariétal est touché, le patient a du mal à s’habiller, mais aussi à reconnaître des visages ou des formes. Une lésion du lobe frontal peut entraîner des problèmes de planification et de compréhension abstraite. Enfin, des atteintes aux lobes temporaux peuvent causer des troubles du langage et de la mémoire.
Les principales causes des troubles cognitifs sont les suivantes :
- Maladies neurodégénératives affectant le cerveau et le système nerveux, notamment les démences et pathologies citées plus haut.
- Hypoxie : un apport insuffisant en oxygène dans le sang.
- Hypercarbie : un excès de dioxyde de carbone dans le sang.
- Traumatisme crânien : un coup sur la tête pouvant causer une commotion cérébrale ou des hémorragies dans ou autour du cerveau.
- Problèmes vasculaires cérébraux : incluant les AVC et les accidents ischémiques transitoires (AIT), communément appelés « mini-AVC ».
- Maladies des organes internes : comme les maladies du rein et du foie.
- Carence sévère en vitamines (notamment B12).
- Infections : y compris celles touchant le cœur, le sang et le cerveau.
- Complications liées au cancer : tumeurs ou métastases au cerveau, ou tumeurs de la moelle spinale. Les traitements peuvent aussi être en cause, tels que la radiothérapie (tête, cou ou irradiation corporelle totale), la chimiothérapie ou une chirurgie cérébrale (biopsie ou ablation d’une tumeur).
- Intoxication ou sevrage de drogues ou d’alcool, ainsi que les effets à long terme d’une consommation excessive de ces substances.
Comment sont diagnostiqués les troubles cognitifs ?
Le diagnostic des troubles cognitifs commence par une collecte d’informations détaillée auprès du patient et de sa famille. Les points clés incluent :
- Changements des fonctions cognitives : quand et comment ils ont commencé, leur progression et des exemples spécifiques.
- Impact sur l’autonomie du patient : est-il capable d’effectuer seul des activités quotidiennes comme cuisiner, se laver, gérer ses finances ?
- Symptômes physiques : nausées, vomissements, problèmes de vision ou d’audition, équilibre, marche, sensations et fonctions motrices.
- Symptômes psychiatriques : changements d’humeur, de comportement et de personnalité.
- Médication actuelle : quels médicaments la personne prend-elle ?
Les gériatres ou neurologues utilisent divers outils de dépistage pour évaluer les capacités cognitives du patient. Le plus connu est le Mental-State Examination (MMSE) pour une évaluation rapide de l’état mental. Il existe d’autres tests de dépistage d’Alzheimer, si cette démence est suspectée.
Un examen physique détaillé, incluant un examen neurologique complet, est réalisé pour identifier toute implication du cerveau et du système nerveux. Cet examen peut révéler des signes neurologiques de pathologies cérébrales comme un AVC, la maladie de Parkinson, des tumeurs cérébrales ou d’autres conditions médicales.
Selon les symptômes observés, des tests supplémentaires peuvent être nécessaires :
- analyses de sang,
- tests de la fonction thyroïdienne,
- niveaux de vitamine B12,
- analyse d’urine,
- tests de fonction rénale et hépatique.
Ce bilan de santé aide à détecter des causes infectieuses et des troubles métaboliques.
L’imagerie cérébrale, comme le scan-CT ou l’IRM, peut être utile pour identifier des pathologies cérébrales spécifiques comme des tumeurs, des hémorragies ou des AVC.
Peut-on guérir un trouble cognitif ? Traitement
Certains troubles neurocognitifs peuvent être temporaires, c’est généralement le cas du syndrome confusionnel. Avec un traitement adapté, de nombreux patients peuvent récupérer complètement leurs anciennes facultés.
Les troubles cognitifs légers ou majeurs sont plus complexes à gérer. Le traitement vise à aider à gérer les symptômes et, dans la mesure du possible, à ralentir la progression de la maladie.
Le traitement spécifique dépend du type de trouble cognitif, mais certains des plus courants incluent :
- Médicaments : plusieurs médicaments peuvent aider à améliorer la mémoire, réduire l’anxiété ou traiter les infections sous-jacentes.
- Chirurgie : parfois, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour réparer les parties endommagées du cerveau.
- Thérapies : les thérapies physiques ou occupationnelles, l’orthophonie et la thérapie cognitivo-comportementale sont des approches importantes pour aider les patients à récupérer ou à maintenir leurs capacités fonctionnelles. Elles peuvent améliorer la qualité de vie en aidant les individus à s’adapter à leurs limitations.
- Soutien de la famille et des aidants : les personnes s’occupant de proches atteints de troubles neurocognitifs peuvent bénéficier de ressources et de conseils pour mieux gérer cette situation.
Sources :
- Cole, M. G. (2005). Delirium in elderly patients. Focus, 12(2), 7-332.
- Dhakal, A. et Bobrin, B. D. (2020). Cognitive deficits.
- Haute autorité de Santé. (2018). Parcours de soins des patients présentant un trouble neurocognitif associé à la maladie d’Alzheimer ou à une maladie apparentée.
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Troublés cognitif et grosse anxiete vont t il de pair
Bonjour,
Merci de votre commentaire,
Oui, les troubles cognitifs et une forte anxiété peuvent souvent être liés. Les personnes qui présentent des troubles cognitifs, comme des problèmes de mémoire ou de concentration, peuvent ressentir une anxiété accrue, notamment par crainte de ne pas être en mesure de gérer des situations quotidiennes. Inversement, l’anxiété intense peut altérer les fonctions cognitives, en perturbant l’attention et la mémoire. Pour un suivi adapté, il peut être utile de consulter un spécialiste, tel qu’un neurologue ou un psychologue.
Bonne journée,
Amandine